Willibrord (Henricus-Joannes-Francis) TUK – 1917-1978

Madrid, 1966.
« La semaine dernière, j’ai reçu du P. Luis Madina une lettre m’expliquant
que, avec votre permission, il va commencer la construction d’une nouvelle
Cité pour enfants abandonnés. En même temps, il me fait savoir qu’il désire
fortement que je vienne
l’aider pour m’occuper du côté matériel de cette entreprise. Par ce
courrier, je viens vous demander l’autorisation de rejoindre le P. Luis
Madina. Après les années passées avec lui au Costa-Rica, je suis plus ou
moins habitué à ce genre de travail et une oeuvre de cette nature continue
à m’intéresser. J’en ai parlé ici avec le P. Francisco [Garcia] et il m’a
dit qu’il ne s’oppose pas à mon transfert parce qu’il peut trouver ici, à
Madrid, des religieux capables pour me remplacer. Mon Père, j’ai 20 ans de
vie missionnaire et je voudrais bien terminer ma vie comme missionnaire.
Pour les années qui me restent, je puis encore être utile à quelque chose
et je voudrais continuer
à me consacrer à l’enfance abandonnée. A Madrid, je me sens enfermé de
toutes part par le ciment et les briques, sans verdure, sans fleurs. Comme
étranger, on ne me demande que des travaux que les autres ne savent pas
faire. Pour le reste je n’existe guère
« .

Religieux de la Province des Pays-Bas. Un projet de vie missionnaire. Henricus-Joannes-Francis Tuk est né le 24 janvier 1917 à Rotterdam aux Pays-Bas. Après ses études primaires, il suit pendant trois ans des cours dans une école professionnelle et obtient un diplôme d’ajusteur-mécanicien. Il commence sa vie professionnelle comme ouvrier dans une usine de constructions mécaniques. Comme son frère cadet qu’il va attirer après lui, après un temps de connaissance avec la vie à l’Assomption, il demande à entrer au noviciat de Taintegnies en Belgique. Il y prend l’habit le 27 septembre 1935, sous le nom de Frère Willibrord. Il y prononce ses premiers vœux, le 30 novembre 1936. Le P. Domitien Meuwissen, son maître des novices, le juge « homme apte à tout faire, très habile de ses mains, travaillant avec goût et prêt à rendre tous les services qu’on lui demande. Il a besoin de pouvoir dépenser ses forces aux gros travaux. Le matin, il n’est pas nécessaire de lui demander de mettre en route la chaudière. C’est un homme pieux par conviction, montrant beaucoup d’esprit religieux, sérieux et de dévouement ». En 1936, le Frère Willibrord est envoyé de la communauté du noviciat à celle de Louvain et, en 1937, à celle de Taintegnies. Il prononce ses vœux perpétuels, le 30 novembre 1939, à Taintegnies. Son supérieur local, le P. Jean-Emmanuel Lieffring, le présente ainsi: « je ne connais pas beaucoup ce religieux, seulement depuis deux mois. Je pense qu’il sera un excellent Frère convers. Il a tendance à tout vouloir diriger, se montre même assez autoritaire, mais il est capable de rendre beaucoup de services, avec un grand esprit de dévouement.». Vie de mission au Congo. Après la seconde guerre mondiale, en 1946, Page :123/123 le Frère Willibrord est envoyé au Congo où tout le monde apprécie ses compétences professionnelles. Il monte un atelier de mécanique et le garage de la Procure de Butembo. Pendant cinq ans, il est mis au service de la communauté, à Musienne, pour les constructions de l’hôpital avec le Frère Ignace Nélissen. On lui demande ensuite la construction du pensionnat à Butembo. Il prend soin des véhicules de la mission qui se sont multipliés avec les années. Son travail lui demande fréquents trajets en direction de Bunia où l’on s’approvisionne de tout ce qui est nécessaire pour le développement des infrastructures: ciment, matériaux de construction, moteurs, véhicules. En communauté, le Frère Willibrord se montre gai et aime divertir ses confrères par des mimiques et des gestes qui ont le ton juste. Avec les années, sa santé s’altère. Il souffre beaucoup de son dos. les vertèbres se soudent et forment le bec de perroquet. Le métier de mécanicien lui devient trop pénible. Ces difficultés influent sur son caractère et son comportement à l’égard des employés. En 1959, il rentre aux Pays-Bas. Aux côtés du P. Madina, en Amérique centrale. Pendant une dizaine d’années, il s’engage aux côtés du P. Luis Medina, avec son propre frère, Paulus, à la mission de l’enfance abandonnée (1). jusqu’en 1966, il vit en Bolivie, puis au Costa Rica et enfin à Santiago du Chili. En 1965, en accord avec le Vice-Provincial d’Espagne, le P. Francisco Garcia et le Provincial de Hollande, le P. Marius Van Den Boogaard, il est transféré à Madrid, mais l’essai n’est pas heureux. Il demande à repartir pour le Panama. Finalement en juin 1966, il retrouve son frère Paulus aux Pays-Bas. Il va vivre en sa compagnie à Bergeijk à partir de 1968. C’est là qu’il trouve la mort le 29 juin 1978, à l’âge de 61 ans. Le Frère Willibrord est inhumé à Boxtel, le 3 juillet 1978. La séparation des deux frères conduit le Frère Paulus à prendre quelques années la relève au Congo, devenu Zaïre. (1) (1) Cf le livre témoignage de Christophe Pélissié du Rausas, Au plus petit dl entre les miens, Les Quartiers de Colombie, Fayard, 1987, coll. Les enfants du Fleuve. Page :124/124

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 63. De Schakel, september 1979, p. 83-84. Marc Champion, Province du Zaïre, religieux défunts 1929-1994, Butembo, 1994, p. 27-28. Lettre du Frère Willibrord Tuk au P. Wilfrid Dufault, Madrid, 14 avril 1966. Dans les ACR, du Frère Willibrord Tuk, quelques correspondances (1964-1966).