Xavier (Jean-Baptiste-E.) LAVERDURE – 1862-1911

La Vie des Saints en slave.
«’Compte les étoiles, si tu peux, dit un jour Dieu à Abraham, telle sera ta
postérité’. C’était la récompense accordée par le Seigneur à la fidélité
d’Abraham. Madame, quelle ne doit pas être votre fidélité puisque Dieu vous
bénit comme il le fait! Comptez les oeuvres sorties de vos charités et que
vous soutenez, vous et votre mari. Je me permets de vous signaler celle à
laquelle vous avez prêté la main, la Vie des Saints de la Bonne Presse que
l’on traduit en bulgare depuis deux ans, une vie par mois. La 3ème année
vient de commencer. Il y a dix ans en effet, vous avez bien voulu nous
envoyer à Karagatch les volumes reliés des Vies des Saints de la B. P. pour
les traduire en bulgare, J’ai retrouvé par hasard un de ces volumes avec
ces mots écrits en première page: ‘Don de Mme Féron-Vrau pour être traduit
en bulgare’. L’?uvre a mis 8 ans pour aboutir. On commença d’abord par
copier les Vies des Saints traduites, on les lisait au réfectoire pendant
les repas ou chez les Oblates pendant les heures de couture. Le P. Germain
[Reydon], passé au rite slave et curé de Sliven, voulut, il y a trois ans,
servir aux catholiques la bonne lecture imprimée».

Religieux français.

Jeunesse.

Jean-Baptiste-Eugène Laverdure voit le jour à Belfort (Territoire-de-Belfort), le 22 novembre 1862. Une de ses s?urs rentrera également à l’Assomption, chez les Oblates, S?urs Marie- Eustochium. A cette époque, la ville fait partie de l’Alsace. Après ses premières études à la maîtrise de Besançon (Doubs), il entre à l’alumnat de Clairmarais (Pas-de-Calais) où se déroulent ses humanités, de 1878 à 1882. Energique et très pieux, il prend l’habit le 6 août 1882 au noviciat espagnol d’Osma, sous le nom de Frère Xavier et prononce ses v?ux perpétuels, le 13 août 1884, pour inaugurer aussitôt sa vie de missionnaire. Il se trouve être l’un des fondateurs du collège Saint- Augustin à Philippopoli (Bulgarie) où il fait ses premières armes de professeur débutant (1884- 1885). Il se dévoue ensuite une année à l’orphelinat d’Andrinople (1885-1886). Il poursuit sa formation, philosophie et théologie, :à Phanaraki (Turquie), de 1886 à 1889. Il est ordonné prêtre à Constantinople le 22 décembre 1888. Ses supérieurs lui confient la direction de la petite école Saint-André à Philippopoli, le berceau de la fondation en Orient (1889-1893). Sous sa vigoureuse impulsion, l’?uvre reçoit un développement nouveau. Il reconstitue le cercle des jeunes gens, commencé en 1874 et les entraîne à un apostolat social grâce à des arbres de Noël, des loteries et un ouvroir.

Premier arrêt.

Mais la maladie vient une première fois interrompre ces débuts prometteurs. Surmené, tuberculeux, il est condamné au repos et vient se soigner à Livry- Gargan (Seine-Saint-Denis) où il passe deux années de semi-activité (1893-1895). On l’envoie ensuite demander au soleil bordelais une plus complète guérison (1895-1900).

Il se met au service des nombreuses activités de la communauté de l’Alhambra: patronages, distribution des publications de la Bonne Presse. La dispersion forcée en 1900 lui fait retrouver l’Orient, le séminaire de Caragatch, aux portes d’Andrinople. Il choisit le rite slave. Attentif à prodiguer un enseignement d’éveil, prenant part aux jeux des élèves, il insuffle à tous l’ardeur de sa propre vie.

Un missionnaire dans l’âme, un apôtre de l’unité.

La vie et l’activité du P. Xavier débordent le cadre de sa classe et de son enseignement. Il travaille de toutes ses forces à la réalisation de son rêve, la conversion de l’Orient au catholicisme (1). Certes plus d’une fois, ses supérieurs lui rappellent qu’en Orient le maître-mot est la patience et que l’activité la plus urgente consiste à vivre aussi dans l’attente. Après Karagatch, le P. Xavier revient encore une année à l’école Saint-André de Philippopoli (1904- 1905). Les supérieurs le renvoient en Occident, d’abord à l’alumnat de Mongreno au Piémont (1905-1906), puis à celui de Vinovo qui en est la suite (1906-1910). Une troisième fois, son désir le pousse à revenir en Orient. Karagatch (1910-1911) est son dernier port d’attache. Mais la maladie ne le quitte pas. Le 31 octobre 1911, il prend froid après un travail au cimetière. Le Docteur pense à une crise de paludisme. Le P. Xavier doit être hospitalisé pour complications: fièvre typhoïde, congestion pulmonaire, faiblesse cardiaque. Il meurt le jour de la fête de saint Nicolas, le 6 décembre 1911, à l’âge de 49 ans. Il est inhumé à Karagatch le lendemain, 7 décembre. Mgr Petkov se fait un devoir de présider la cérémonie, en témoignage de sympathie et de reconnaissance pour tout ce que le P. Xavier a fait pour l’église unie. Religieux bon, enthousiaste et sans calcul, simple et énergique, il laisse le souvenir d’un éducateur sans pareil et d’un missionnaire ardent. « Dites de lui le bien que vous voudrez, vous ne direz pas tout celui qu’il a fait ni tout celui qu’il mérite ». (1) Il n’est pas indifférent de savoir que le P. Xavier Laverdure, en relation avec l’abbé L. Vivien, curé de l’église moscovite de Saint-Louis des Français, mit ce dernier en contact avec le P. Picard en 1898 pour l’entrée des Assomptionnistes en Russie, avec l’accord de l’ambassadeur français à Saint-Pétersbourg, M. de Montebello.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1911, n° 137, p. 557. L’Assomption et ses (Euvres, 1912, n° 183, p. 57-60. Missions des Augustins de l’Assomption, 1912, n° 190, p. 26-31. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du P. Xavier Laverdure à Mme Féron-Vrau, Andrinople, 14 septembre 1911. Dans les ACR, du P. Xavier Laverdure, correspondances (1888-1911).