“Un homme qui visitait ses malades… ”
Homélie de l’enterrement prononcée par le Père Dennis Gallagher, A.A., à l’église St-Anne-St-Patrick de Sturbridge, MA, le 4 avril 2002
Laissez-moi commencer en disant un mot au sujet du chemin du défunt Père Yvon. Pour quelqu’un qui était sportif dans ses débuts qui aimait « un peu trop » le sport comme l’un de se formateurs l’a rapporté, Yvon, était un peu délicat quand sa propre constitution fut attaquée. On ne sait jamais vraiment ces choses, mais s’il avait été longtemps épargné par la maladie, il y aurait l’enfer pour payer – pour Yvon ainsi que pour ceux avec qui il vivait. C’est comme si Dieu le satisfaisait à cet égard… “Allez, Beans, je t’épargnerai cela.”
Néanmoins, la rapidité de son départ nous coupe le souffle. Une mort comme celle-ci nous bouleverse dans une conscience qui paraît toujours se faner à temps et que notre vie ne tient qu’à un fil. Ajoutez à ceci quelque chose d’autre au sujet de Yvon : c’était un homme d’habitudes qui nous avait inculqué l’habitude de penser que lui et ses habitudes seraient toujours avec nous. Elles paraissaient aussi fiables que le lever et le coucher du soleil. C’était notre supposition assez appropriée, disait Yvon, parce qu’après tout, nous sommes Assomptionnistes.
Yvon était un homme qui visitait les malades. C’est certainement la raison pour laquelle son ministère était bien mené pendant ces 15 dernières années. Nous faisons bien d’imaginer comment cet homme d’habitudes, en faisant ses visites, regardait ces malades alités à l’hôpital. Ils étaient, bien sûr, une assistance captive. Si nous voyions un mauvais calembour arriver, nous pouvions courir (parfois) dans l’autre sens, mais ces types devaient rester allongés là et l’accepter. Mauvais calembours et plaisanteries banales à part, il était une bénédiction pour eux. La fidélité de sa présence et son cadeau pour leur montrer clairement qu’il était à leurs côtés, qu’il était leur avocat à tous les égards, c’était une belle chose. La vie sacerdotale de Yvon se divise assez nettement en trois parties. Une fois que l’École primaire a fermé, il a souvent parlé de cette première tâche assignée comme du Paradis Perdu ; après quelques années d’enseignement en Floride, il a parlé de Tampa Catholic comme Paradis Regagné. Je ne sais pas comment vous voyez cela, mais c’est clair que Dieu a souri à Yvon en lui donnant le ministère à l’hôpital VA et a souri aussi à beaucoup de vétérans. J’imagine qu’il règne un silence étrange et triste dans ces chambres d’hôpital ces jours-ci.
L’Évangile que nous venons d’écouter a tant de résonances avec la vie de Yvon qu’il a paru être un choix évident. Où donc dans un passage de l’Évangile pourrions-nous trouver des hommes qui marchent sur les routes, instruisent, ouvrent les Saintes Ecritures, et s’assoient pour un repas? Yvon le marcheur était légendaire, mais Yvon était aussi bien l’instructeur comme le savent ceux d’entre nous qui ont écouté ses homélies au long des années et en avons été dûment instruit. Le Père Claude a mentionné hier soir à la veillée son amour pour l’Ecriture sainte – il avait une bibliothèque entière de livres au sujet de son héros, son Maître, celui à qui il avait donné sa vie. J’ai cette image en tête de Yvon assis dans un restaurant un jour de congé, après une longue promenade, en train de manger un bon morceau de poisson, boire un verre de vin, et lire un de ses livres au sujet de Jésus qu’il avait acheté à un soldeur le long de son itinéraire. Il n’y avait rien de mieux que cela pour “Beans”.
Mais la route pour Emmaüs va plus loin dans le cœur de la vie et de la mort de Yvon. Sa passion de lire sur le Christ témoignait d’un désir de comprendre toujours plus profondément le mystère qu’il représentait en tant que prêtre et religieux. Il y avait là une vraie faim, et derrière toutes ces habitudes prévisibles une marche en direction de la lumière et d’une plus grande liberté et joie. Yvon fait remonter l’origine de sa propre vocation au bonheur qu’il a vu chez les Assomptionnistes qu’il a connu comme étudiant en école préparatoire. C’était ce bonheur – d’où venait-il ? – cela poussa Yvon à écarter la pensée de devenir médecin et à poursuivre une vocation à la vie religieuse et à la prêtrise. Une leçon qu’il semblait avoir bien apprise de ses mentors Assomptionnistes, était que la source de leur joie, la nouvelle vie dans le Christ, était inextricablement liée à la mission, pour apporter la lumière et la joie de l’Évangile à ce qui étaient dans le besoin.
Nous voici donc portés au matin de Pâques et à l’absolue adéquation de la mort de Yvon. C’était un prêtre de Dieu – c’était un prêtre jusqu’au bout des ongles, on n’a jamais senti une crise d’identité à cet égard – qui, ayant juste terminé le passage liturgique de la mort à la vie dans la célébration des saints mystères et après avoir pris son petit déjeuner habituel, fut soudainement et en un éclair rappelé à Dieu. Il ne pouvait vraiment rien obtenir de mieux que cela. Nous sommes désolés de ne pas avoir eu le temps de lui exprimer notre appréciation d’être un frère fidèle, prêtre et bon compagnon de la route, mais nous sommes consolés en sachant que Celui dont l’appréciation importe le plus a appelé notre frère, Beans, au banquet éternel.
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