Zéphyrin (Joseph-F.) SOLLIER – 1883-1954

Rome, 1949.
« Depuis trois ans surtout, je souffre des nerfs, à Rome, avec une violence
extrême. Je n’ai presque jamais un instant de repos et de tranquillité,
toujours l’énervement, l’irritation, l’inquiétude et cette angoisse qui
caractérise la neurasthénie. Malgré la répugnance que j’éprouve à le faire,
laissez-moi ajouter que ma fatigue nerveuse a une répercussion sur ma vie
intérieure devenue désordonnée et chaotique. Bien sûr je me suis réfugié
dans la prière, mais c’est une prière froide, glacée, sans résonance, sans
lumière, sans consolation. Là-dessus viennent se greffer des doutes
persistants sur des vérités de foi qui m’assaillent sans cesse. Je souffre
d’un épuisement nerveux dont je ne me remettrai jamais. Le climat de Rome
m’est funeste, je dois le fuir,
m’adonner à une activité extérieure et absorbante. Il faut que j’échappe à
cette atmosphère d’angoisse, de doute, d’aridité spirituelle qui me fait
croire que Dieu est
absent. Je paye en ce moment le long stage de 18 ans accompli dans les
fonctions fatigantes de Provincial. Je ne regrette rien, mais je vous
demande instamment d’accepter ma démission d’assistant. Je n’ai
rien exagéré ni dramatisé, mais j’ai dit la vérité ».
Notices Biographiques A.A

Religieux grec de la Province de Lyon, Provincial de Lyon (1929-1938), de Bordeaux (19381946), assistant général et secrétaire général (1946-1949), affilié à la Province d’Amérique du Sud (1951). Enfance et formation. Joseph-François Sollier est né le 3 février 1883 à Saint- Martin de Belleville en Savoie, village de Tarentaise d’où sont sortis plusieurs Assomptionnistes. Un de ses frères devient prêtre du diocèse de Moûtiers et un oncle religieux Mariste. Joseph connaît la vie de l’alumnat de Notre-Dame des Châteaux (Savoie), de 1894 à 1897, puis celle de la maison de Brian (Drôme), de 1897 à 1899. Le 8 septembre 1899, il prend l’habit, sous le nom de Frère Zéphyrin, au noviciat de Lvry (Seine-Saint-Denis). Quelques semaines plus tard, il migre avec ses compagnons pour la Hollande, à Gemert où le noviciat, expulsé du sol français, trouve refuge. A Gemert, il prononce ses premiers vœux, le 8 septembre 1900. Il enseigne une année à l’alumnat de Miribel-les-Echelles (Isère) en 1901. De 1901 à 1903, il fait ses études philosophiques à Notre-Dame de France à Jérusalem où il prononce ses vœux perpétuels, en novembre 1901, entre les mains du P. Ernest Baudouy. Il s’initie encore à la pratique des oeuvres dans les maisons d’Orient en enseignant à Ismidt (Turquie), de 1903 à 1904 et au collège Saint-Augustin de Philippopoli (Bulgarie) de 1903 à 1904. Il retourne ensuite à Jérusalem où, après ses quatre années de théologie, il est ordonné prêtre en juillet 1910. Dans les Balkans et à Miribel. Le P. Zéphyrin, de 1910 à 1925, est attaché au collège de Philippopoli, placé alors sous la direction du P. Gervais Quenard. Il y enseigne la philosophie. En 1912, éclate la première guerre balkanique durant laquelle le collège est transformé en hôpital et les professeurs en infirmiers. En 1914, le P. Zéphyrin est mobilisé à Chambéry, mais les autorités militaires jugeant que sa présence en Bulgarie sera plus utile aux intérêts français le renvoient à Philippopoli. En 1915, le P. Zéphyrin fait partie du convoi des religieux chassés. Il passe en Roumanie au service de la mission militaire française du général Berthelot avec les PP. Quenard, Souarn et Machon. Après la guerre, fidèle au poste, il peut intégrer les nouveaux bâtiments du collège dont la construction, retardée par les conflits, peut être inaugurée en octobre 1920. En 1925, le P. Elie Bicquemard confie au P. Zéphyrin la direction de l’alumnat de Miribel-les-Echelles . Il passe quatre ans dans cette maison du pays de la Chartreuse. Agé de 42 ans, A.A il y arrive plein d’expérience et d’intelligence, avec l’allure d’un chef qui sait imposer son autorité, tout en la nuançant d’une diserte et spirituelle bonhomie. Il sait enthousiasmer, galvaniser cette jeunesse et faire briller à ses yeux l’étoile de l’idéal d’une vie religieuse et sacerdotale. De responsabilité en responsabilité. En 1929, année de chapitre général, le P. Zéphyrin est nommé supérieur Provincial de Lyon, en remplacement du P. Elie Bicquemard. Cette Province de Lyon comporte à l’époque l’Est de la France, mais aussi de nombreux territoires de mission dans les Balkans. Il commence par organiser son centre à Lyon-Debrousse dans des bâtiments renouvelés et agrandis. Il soutient les nouvelles fondations établies en Roumanie, Yougoslavie et en Grèce, par suite du terrain perdu en Turquie, à la suite de la première guerre mondiale. Mais il rêve surtout de champs d’apostolat nouveaux pour l’Assomption. Il se laisse conquérir par Mgr Lemaître, archevêque de Carthage, qui appelle des religieux en Tunisie (1934) et qui aimerait faire de lui son coadjuteur à Carthage. En 1936, il a l’occasion de faire un voyage jusqu’au Mandchoukouo par le Transsibérien et de rendre visite aux deux religieux assomptionnistes, les PP. Cyrille Parratte et Amarin Mertz, pionniers partis en octobre 1935, à l’appel de Mgr Gaspais, vicaire apostolique de Kirin. Le P. Zéphyrin nomme le P. Flavien Senaux responsable du groupe chargé de la formation d’un séminaire inter-régional qui ouvre ses portes au printemps 1940. En 1938, le P. Zéphyrin est nommé supérieur de la Province de Bordeaux, charge qu’il va exercer jusqu’en 1946. Partout il apporte la confiance et la joie. Partout on rend hommage à son savoir- faire, sa sagesse et son dévouement. Il se montre en effet très fraternel, simple et enjoué dans ses relations avec les religieux. L’activité de la prédication le retient souvent. C’est un genre dans lequel il excelle. En 1946, la confiance du chapitre général le désigne comme assistant général, à l’âge de 63 ans. Son activité constante et forte a épuisé son organisme. Ces trois années de séjour à Rome lui sont fortement pénibles et il demande à être relevé de sa charge. Retiré à Marseille (Bouches-du-Rhône), il est aussi longtemps que ses forces le lui permettent aumônier bénévole des Petites Sœurs de l’Assomption, professeur de religion dans une institution scolaire, le pensionnat Jeanne d’Arc, conférencier apprécié chez les Orantes de l’Assomption. En 1953, sur conseil médical, il accepte de prendre sa retraite et gagne la maison de repos de Lorgues (Var), où il retrouve de nombreux religieux missionnaires. En septembre 1954, il est frappé d’une hémiplégie qui lui paralyse le côté gauche. Il ne peut plus lire ni écrire, s’embrouille facilement et délaisse toute forme de conversation un peu suivie. Il meurt le mercredi 10 novembre 1954. Il est inhumé à Lorgues, le Il novembre, dans la chapelle-caveau de la propriété. Il est le 80ème religieux à y dormir du dernier sommeil, 53 dans le cimetière paroissial, 29 dans la chapelle funéraire bâtie par le P. Privat. De plus la maison de Lorgues conserve dans la crypte de la chapelle les restes des 60 religieuses moniales qui ont habité cette résidence avant les religieux.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1955, P. 108-109. Lettre à la Famille, 1954, n° 176, p. 107-108. Lettre à la Famille, 1955, n° 181, p. 29-30. Missions des Augustins de l’Assomption, 1955, n° 30, p. 5-11. Le Petit Alumniste, 1936, n° 571, p. 86-88. A Travers la Province (Bordeaux), nov. 1954, n° 25, p. 1-2. Lettre du P. Zéphyrin Sollier au P. Gervais Quenard, Rome, 2 février 1949. Du P. Zéphyrin Sollier, dans les ACR, rapports sur la Province de Lyon (1935), celle de Bordeaux (1946), notes sur la vie religieuse (1953), correspondances (1918-1953), circulaires aux religieux de Lyon (1929-1936), notes historiques sur l’alumnat de Miribel- les-Echelles (1928), remarques sur l’organisation des lumnats (1937), rapports sur le Sud Tunisien (1934-1938), notes sur les missions en Mandchourie (1935-1937), notes de voyages, notes de retraites … Notices Biographiques