Religieux de la Province d’Amérique du Nord.
Famille et formation première (1913-1935).
Né à Lotbinière (Canada) le 18 décembre 1913 en pleine campagne, le jeune Léo, fils d’agriculteur, appartient à la race de ces fiers paysans qui, dans la province catholique du Québec, perpétuent les belles traditions de vie familiale et de vertus ancestrales composées de labeur, d’austérité et de sagesse chrétienne. Léo commence ses études primaires dans sa paroisse (1919-1925); il entreprend ensuite une formation de type commercial au collège de Sainte- Croix de Lotbinière (1926-1929). Sous les pressantes invitations de frères religieux de cette institution, il faillit entrer dans la famille religieuse de ses éducateurs, mais sur le conseil d’un prêtre éclairé, il envisage de se préparer à la vie religieuse dans une congrégation qui prend en charge son appel vers la vie sacerdotale. A 18 ans il s’oriente ainsi vers le séminaire de Saint-Victor où il termine cinq ans plus tard le cours classique. C’est alors qu’il entend l’appel qui l’oriente à l’Assomption, par l’intermédiaire du Père Maurice Gagnon, venu en qualité de recruteur exposer aux jeunes séminaristes l’idéal de vie que propose cette famille religieuse.
Vie religieuse et sacerdoce (1935-1942).
Le jeune postulant prend l’habit le 21 novembre 1935 au noviciat de Bergerville (Canada) et y prononce sa première profession le 22 novembre 1936 en prenant comme prénom la doublure de son patronyme, Abel. Le P. maître, Léocade Bauer, a grande confiance en lui, les termes de son rapport en témoignent largement. Après quelque temps de vacances en famille, il s’embarque pour l’Europe : premier arrêt à Layrac (16 janvier 1937), suivi d’une seconde station à la maison d’étude de Scy en Lorraine (philosophie 1937-1939). Mais la guerre menace,
le 25 septembre 1939 les philosophes finissants sont dirigés sur Lormoy pour entamer leur parcours théologique. Fr. Abel y prononce ses vœux perpétuels le 22 novembre 1939. Comme service, Abel est préposé au jardin potager où son savoir-faire est d’autant plus apprécié que les restrictions commencent à se faire sentir. En juin 1940, les frères ‘étrangers’, notamment anglais et canadiens, sont dirigés sur Chanac, un lieu éloigné du théâtre de la guerre: vingt quatre heures d’un voyage épuisant en raison des circonstances et de l’affluence. Nouvel exode en octobre 1940, cette fois pour Nîmes, le berceau de la Congrégation, où le P. Bernardin Bal- Fontaine croit plus judicieux de regrouper la colonne des ‘réfugiés’ de Chanac. Fr. Abel suit les cours au Grand Séminaire de Nîmes: le 21 décembre il reçoit les ordres mineurs, le sous- diaconat le 21 mars 1942, le diaconat le 25 avril 1942 et il est ordonné prêtre toujours à Nîmes le 29 juin 1942, des mains de Mgr Girbeau. Fin 1942, par sécurité, les frères étrangers regagnent leur pays respectif. Entrer et vivre en passion dix ans durant (1942-1952) De santé plutôt faible, le P. Abel doit se résigner dès Noël 1944 à passer dans son lit à peu près toute sa vie sacerdotale, engagé dans un combat qu’il n’a pas choisi, contre une tumeur cancéreuse. Il se sent cependant la force d’y étudier la dévotion au Sacré-Cœur et d’y travailler par la rédaction de quelques articles remarquables, à la diffusion de « l’Archiconfrérie de prière et de pénitence » dont il a été chargé, succédant au P. Maurice Gagnon. Il y donne des exemples d’héroïsme surnaturel, par une soumission complète à la volonté de Dieu et par le support de pénibles souffrances qu’il accepte avec générosité par sens apostolique. Il laisse à tous ses frères de l’Assomption et au personnel infirmier l’impression d’avoir marché vers la mort comme un saint. Paralysé des jambes, transporté à Montréal au printemps 1945, puis dans un hôpital à Boston, il décède à Worcester le 13 janvier 1952 (U.S.A. Massachusetts), après une ablation de la glande thyroïde. son corps est transporté au Canada, inhumé provisoirement en hiver dans le caveau des Sœurs de Ste Jeanne d’Arc, puis au printemps dans le caveau de la communauté au cimetière.
Bibliographies
Bibliographie : B.O.A. Avril 1953, page 33. Lettre à la Famille 1952, pages 39-41. Assumptionists Deceased in North America, p. 21. Yves Garon, Les Assomptionnistes au Canada, Sillery, 1987. Le R.P. Léo-Abel Abel, assomptionniste 1913-1952, chronique provinciale n° 2, mars 1952, 12 pages.