Achille (Achille-Emile) VANDEPITTE – 1878-1928

Louvain, 1908.
« Je puis enfin vous écrire et vous remercier de la délicate dédicace du
beau livre ‘Le catholique d’action’. Qu’il me suffise de vous dire que je
me sens cette année plus attaché à vous encore qu’auparavant. Je ne savais
pas encore quelle force d’union peut engendrer
la communauté de souffrance! Mes souffrances personnelles
-ont bien quelque chose, mais si peu encore à côté des vôtres. Notre
semaine s’est passée en offices, travaux pour l’Assomption, répétitions de
musique. Hier, promenade conduite par le P. Burgard. J’y ai appris
incidemment de bien tristes choses sur la façon dont le pauvre inconscient
rodolphise quelques novices
[traite à la façon du Fr. Rodophe Martel] qui souffriront beaucoup plus
tard d’avoir subi de si funestes influences. Je ne dis rien de ma
situation, vous la connaissez, elle n’a pas changé. Je l’accepte avec tout
l’esprit surnaturel qui m’est
possible. Le bon Dieu en tirera un grand bien. Le P. Antoine de Padoue a eu
une nouvelle crise d’indignation contre les benjamites [novices attachés au
P. Benjamin Laurès]. Ils se sont ennuyés et ont gémi entre eux. Le Père a
surpris les lamentations du Frère Gonzalve Welès au Frère Gonzalve
[Kerbourc’h]… ».

Religieux de la Province de Lyon. Un religieux de tempérament artiste. Achille -Emile Vandepitte est né le 17 janvier 1878 à Halluin (Nord), dans une famille ouvrière. Il est très tôt orphelin de mère, Hortense. En 1890, il connaît la vie de l’Assomption à l’alumnat de Mauville (Pas-de-Calais), puis de Taintegnies en Belgique (1891-1893) et enfin de Clairmarais (Pas-de- Calais), de 1893 à 1895. Le 10 août 1895, il reçoit l’habit au noviciat de Livry (Seine-Saint-Denis), sous le nom de Frère Achille. Il devient profès annuel l’année suivante, le 10 août 1896 et perpétuel, le 10 août 1897. Il est alors envoyé comme professeur à l’alumnat de Taintegnies (1897-1898) avant de connaître à Rome le cursus des études philosophiques (1898- 1900). A la Minerve, il conquiert les grades de bachelier et de licencié en philosophie. En 1900 il passe à Louvain en Belgique pour y faire ses études théologiques (1900-1905). Encore étudiant, il reçoit la prêtrise, le 25 juillet 1902. Il est même chargé d’un cours de théologie fondamentale et maintenu comme professeur à la maison d’études de 1902 à 1905. A cette date il est affecté au noviciat voisin, comme socius du P. Maître, le P. Benjamin Laurès, et professeur : cours d’homélie et des psaumes, enseignement du plain-chant dans les deux communautés (1905-1908). Malgré sa jeunesse, le professeur de théologie et le socius du noviciat est très apprécié, car il sait nourrir son enseignement de sève doctrinale, l’imprégner de conseils judicieux. Il sait inspirer l’amour du plain-chant et réussit à obtenir une exécution impeccable aussi bien des mélodies grégoriennes que des motets de musique moderne. Il est l’âme d’un mouvement artistique suscité alors au noviciat. Il est alors de coutume de célébrer les fêtes de famille par des représentations de mystères bibliques composés par les étudiants. Il trace les grandes lignes du scénario, confie sa composition aux jeunes novices poètes, corrige, adapte les meilleurs passages sur la musique d’œuvre de maîtres. Sa santé compromise peut-être par tant de travaux l’éloigne de Louvain. Il est envoyé à Menton-Carnolè -s (Alpes-Maritimes) en 1908 avec l’espoir d’un voyage retour. En fait il va passer vingt ans à ce nouveau poste, sans oublier l’ancien, mais en se donnant aux activités pastorales de la communauté Saint-Joseph. Le P. Achille se constitue tout naturellement le continuateur religieux des oeuvres de la chapelle Saint-Joseph-. il catéchise les enfants, prend soin des Enfants de Marie, communique son goût de la musique grégorienne, redonne vie et ardeur aux oeuvres de patronage (oeuvres de jeunesse au moyen de jeux et d’excursions, société de gymnastique, cercle Sainte-Jeanne d’Arc). A tous, il cherche à inspirer la flamme de l’apostolat, devenant un conseiller spirituel aimé et écouté, organisant des Notices Biographiques A.Aséances artistiques bien préparées. Page : 167/167 En tout il veut bannir la banalité, la médiocrité et la vulgarité. Il travaille la perfection dans la diction,’Ie souci du détail, ou encore la beauté des décors. Les jours de représentation, le Père Achille, modeste, reste dans les coulisses, laissant à ses jeunes artistes les applaudissements et les compliments, gardant pour lui les déboires ou les déceptions. Au moment de la guerre, le Père Achille est mobilisé sur place par l’autorité militaire et affecté, à titre d’aumônier, à l’hôpital temporaire de l’Entente cordiale, établi dans le plus bel hôtel de Menton, l’hôtel impérial, pour y recevoir les blessés et malades de l’armée d’Orient. Il célèbre la messe le dimanche et rédige soigneusement ses homélies. Beaucoup de malades succombent aux fièvres contractées à Salonique le P. Achille est à leur chevet sans défaillance. Il reçoit à la fin de la guerre une décoration de la Croix-Rouge qui le remercie ainsi de son dévouement. La paix revenue lui permet de reprendre ses activités à la chapelle Saint-Joseph. On lui demande d’écrire l’accompagnement musical du Manuel des Saluts et Processions du Très Saint Sacrement, dit R.P. (René Paris), travail de longue haleine réalisé avec soin et soumis à l’approbation de Mgr Perruchot. Les accompagnements paraissent d’abord sous formes de fascicules. Les critiques se montrent généralement sympathiques. Seule sourdine à ce concert d’éloges, le reproche général d’avoir réduit l’accompagnement à trois notes, méthode qui en fait a été imposée au P. Achille et qu’il n’a acceptée qu’à contrecœur! Mais la santé du P. Achille ne s’améliore pas. Au chevet des malades de la guerre, il a contracté une furonculose qu’aucun traitement ne parvient à éliminer. En août 1923, il est choisi comme supérieur de la communauté de Carnolès pour un mandat de trois ans. En octobre 1925, il est frappé d’une légère congestion cérébrale, sa langue se fait embarrassée, premier avertissement dont il veut tenir compte en suivant un régime alimentaire draconien. Lui que l’on se plaisait à surnommer autrefois par réminiscence mythologique ‘Achille aux pieds légers’ devient un vieillard prématurément blanchi, maigre à faire peur, courbé. En mars 1927, il souffre d’une nouvelle congestion, cette fois plus sérieuse. En septembre 1927, il doit cesser toute activité et pour ne pas succomber aux tentations de son zèle apostolique, il demande à être éloigné de Menton. Il est alors envoyé au noviciat de Scy-Chazelles (Moselle). Mais le froid lorrain le transit, lui qui s’est habitué de longues années au climat chaud de la Côte d’Azur. Le 20 décembre 1927 il réintègre sa chambrette de Menton-Carnolès. En janvier 1928, il doit s’aliter pour ne plus se relever. L’urémie le fait cruellement souffrir. Il sait que ses jours sont comptés, aussi est-il reconnaissant à son neveu, le P. Manuel Vandepitte, de venir le visiter et à sa Sœur, Marie, de venir l’entourer de soins prévenants, comme l’a autorisée le P. Elie Bicquemard. Il est soigné à coups de saignées qui font diminuer le taux d’urée, mais épuise l’organisme. Progressivement il est atteint d’une paralysie des centres nerveux et des voies respiratoires. Il expire le samedi 3 mars 1928 dans sa 51ème année. La cérémonie des obsèques a lieu le lundi 5 mars. Il est inhumé dans le caveau de l’Assomption sur les hauteurs de Roquebrune, aux côté de Mgr Petit. Page :168/168

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1928, n° 261, p. 65; n° 262, p. 73-76. L’Assomption et ses OEuvres, 1928, n° 327, p. 163-167. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du P. Achille Vandepitte au’P. Merklen, Louvain, 24 avril 1908. Notes et notice du P. Merklen sur le P. Achille Vandepitte, 1942. Dans les ACR, du P. Achille Vandepitte, correspondances (1901-1928).