Adrien (J.-B.-Adrien) GUILLAUME – 1891-1928

La dignité d’une vie de Frère.

« Veuillez m’excuser de venir si tard vous faire parvenir une feuille
d’option (Province de Belgique-Hollande).

Je laisse donc au Bon Dieu le soin de me diriger là où il lui semblera bon.
Je ne m’attendais pas en embrassant la vie religieuse dans l’humble
vocation de Frère convers, il y a 18 ans, que j’eusse à supporter de la
part de prêtres avec lesquels nous vivons et collaborons, des difficultés
qu’ils provoquent en abusant de notre infériorité. Sans faire
d’études, on est cependant très observateur. Nous ne vivons plus que de
belles paroles, de théories, il nous faut surtout
des exemples de franchise vraiment religieuse.

Veuillez croire, mon Révérend Père, à l’assurance de mes prières et
sollicite un souvenir dans les vôtres pour l’âme de ma sœur, mère de 6
enfants, que Dieu a rappelée à lui le 14 de ce mois. J’implore votre
bénédiction pour le dernier de vos f ils en Notre-Seigneur ».

Frère Adrien Guillaume, Les Essarts, 26 avril 1924, au P. Gervais Quenard.

Adrien (J.-B.-Adrien) GUILLAUME

1891-1928

Religieux de la Province de Belgique-Hollande.

Vie de religieux Frère.

Jean-Baptiste-Adrien Guillaume naît dans une famille de petits agriculteurs, le 24 juillet 1891, :à Mande- Saint-Etienne, situé dans le canton de Bastogne (Luxembourg belge). Après un essai comme alumniste à Bure (septembre 1906-mars 1907), il se présente au noviciat des Frères coadjuteurs à Gempe, le 27 mars 1907. Il reçoit l’habit religieux le 6 octobre suivant, des mains du P. Marie-Clément Staub, sous le nom de Frère Adrien. En 1908, il est envoyé à Rome où il s’occupe de l’entretien de l’ église Saint- Venance, sous la direction du P. Ulysse Martin. Son noviciat de trois ans s’achève à Louvain, le 25 décembre 1910, par la première profession. La guerre étant survenue, il demeure à Louvain mais ne peut émettre ses vœux perpétuels que 18 mois après l’expiration de ses vœux annuels renouvelés, le 18 mai 1918. Louvain est la résidence la plus longue du Frère Adrien. Après la première guerre mondiale, il quitte la Demi-Rue pour se rendre aux Essarts (Seine- Maritime), près de Rouen, où l’on compte sur lui pour le service de la cuisine. Rentré en Belgique au mois d’août 1924, il passe deux ans au nouveau couvent de La Madeleine, à Bruxelles, où tout est à organiser et où sa distinction et son dévouement le rendent grandement utile, surtout au niveau du service de la chapelle. Après quoi il revient une nouvelle fois à Louvain en qualité de relieur. A l’été 1927 il est question de l’envoyer au collège de Worcester aux U.S.A. où sa présence et ses services sont souhaités. Mais la destinée prévoit autrement: il meurt le 19 mars 1928 à Louvain, à l’âge de 37 ans, alors qu’on le croit généralement en bonne santé. Fort de ses origines ardennaises, bien qu’il ait été atteint aux Essarts d’une pleurésie, il ne se garde pas suffisamment du froid.

Le dimanche 11 mars 1928, il revient tout transi d’une exposition d’art dahoméen. Le Dr Willems diagnostique une pleurésie du côté gauche et le traite avec les méthodes de l’époque: cataplasmes de farine de lin laudanisés. La pneumonie évolue en broncho-pneumonie.

Personnalité.

Sans être démonstratif, la piété du Frère est solide et régulière. On croit longtemps l’apercevoir aux deux seuls endroits de la chapelle où l’on était sûr de le trouver: à la tribune ou comme blotti contre la statue de Sainte Thérèse de l’Enfant jésus. Le P. Rémi Kokel lui procure une grande joie en 1927 en l’autorisant à prendre part au pèlerinage national à Lourdes. Franc tout d’une pièce, le Frère Adrien est le premier à reconnaître ses défauts. Certaines occupations lui pèsent et il ne s’y livre que par nécessité. Mais dans les travaux conformes à ses aptitudes, il n’a pas de maître: imprimeur et relieur, il rend d’inappréciables services, surtout à la maison de Louvain. C’est le Frère Laurent Hamaide qui l’a initié à ces travaux d’art qui ont toujours eu sa préférence. Malheureusement les machines réunies habilement par le P. François-Xavier Legrand sont dispersées au moment de la guerre. Il s’exerce par lui-même à la reliure avec peu d’outillage, mais se rend vite expert au point que des professionnels eux-mêmes envient son tour de main. Il apporte dans ses travaux la distinction que l’on relève dans sa personne: de l’ordre, de la propreté, une pointe de jalousie qui lui fait tenir son local comme une chasse gardée, infranchissable pour le profane, un grand souci de travailler à la perfection, fournir une production soignée et solide et même artistique. S’appliquant à ne pas perdre une minute, il est économe des choses et de son temps. Très affable en communauté, il vit à l’école de Nazareth sa vie religieuse, en famille, dans le cadre de son travail, silencieux. Le corps du Frère Adrien repose au cimetière de Park où il est inhumé le mercredi 21 mars. Son frère aîné a pu venir la veille de Bruxelles pour représenter sa famille de la terre à la cérémonie des obsèques.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1928, n° 262, p. 73; n° 263, p. 81-82; n° 265, p. 97-101; n° 267, p. 118-120. L’Assomption 1928, n° 326, p. 147-149. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Dans les ACR, du Frère Adrien Guillaume, deux correspondances (1907 et 1924). Notices Biographiques