Alphonse (Paul) GAUTIER – 1931-1983

Merci, Paul.
« Comme chacun d’entre nous tu remplis tes journées au maximum lorsque tu
es en bonne santé. A travers la maladie, tu nous révèles un autre aspect
que nous aurions pu ignorer à cause de ta discrétion: la simplicité et la
richesse de tes relations avec le personnel hospitalier et avec les autres
malades. Un jour, tu nous as dit qu’ils étaient habitués avoir les prêtres
en bonne santé. Dieu seul sait ce que tu as pu leur révéler à travers ta
vie de malade et tes célébrations, surtout à Tessé-
la-Madeleine. Pour tout ce que nous avons vécu avec toi, pour tout ce que
tu nous as apporté, nous te disons fraternellement merci ».

Yves Guillauma.

« Dans ton épreuve le Seigneur t’a rempli de force pour que tu ailles
jusqu’au bout annoncer l’Evangile par ta vie plus que par ta parole. Tu es
parti aussi discrètement que tu avais vécu et souffert
avec le souci constant de n’être pas à charge de ne pas déranger… ».
Claude Maréchal .

Alphonse (Paul) GAUTIER

1931-1983

Religieux de la Province de France.

Une vocation de chercheur aux Etudes Byzantines.

Paul-Eugène-Marie Gautier est né le 2 juillet 1931 à Caden (Morbihan). Après 5 années au petit séminaire de Ploërmel (Morbihan), de 1943 à 1948, il vient faire sa classe de première à l’alumnat de Cavalerie (Dordogne) en 1948-1949. Il prend l’habit religieux le 20 septembre 1949 à Pont-l’Abbé-d’Arnoult (Charente-Maritime), noviciat assomptionniste. Il reçoit le nom de Frère Alphonse, le prénom de son père. Profès annuel le 29 septembre 1950, reçu par le P. André Tournellec: « Religieux épris de logique impitoyable, grand lecteur d’ouvrages sérieux, ayant besoin d’être guidé pour ne pas être exposé à de faux jugements à cause d’une pensée très entière », le Frère Alphonse étudie deux ans à Layrac (1950-1952) pour la philosophie. Au même lieu il commence la théologie après le service militaire, poursuit à Toulouse et à Lyon. Profès perpétuel le 24 février 1956 il est ordonné prêtre le 22 mars 1938. Il reste à Lyon jusqu’en juin 1959 et passe sa licence en théologie. Il est alors nommé à la communauté Notre Dame de Salut de la rue François 1er, à Paris. Secrétaire de l’Institut des Etudes byzantines, il passe une licence ès-letttres et prépare une thèse sur le Pseudo Théophylacte de Bulgarie (XIème siècle). De 1966 à 1968, il est professeur à l’alumnat de Saint- Maur (Maine-et-Loire). Ce changement est demandé par son Supérieur Majeur, le P. Justin Munsch, changement entraînant le transfert du P. Alphonse des O.G.F. à la Province de Bordeaux. Après son doctorat de 3ème cycle passé le 26 juin avec mention Très Bien, il revient aux Etudes byzantines et entre au C.N.R.S. Dans la turbulence des années 70, le P. Alphonse demande à ses Supérieurs de vivre des ‘années anachorétiques’, en rupture avec une vie commune, difficile à la rue François ler.

Ces difficultés d’ordre communautaire n’entravent pas une carrière scientifique brillante. Membre de l’Institut français d’Etudes byzantines, le Père Alphonse en devient directeur en 1977. En octobre 1979, il fait partie de la nouvelle communauté de la rue Charcot à Paris. C’est la maladie implacable de Khaler déclarée en novembre 1980, qui compromet cette fois l’avenir du P. Alphonse, redevenu le P. Paul. Il est contraint à de longues hospitalisations à Tessé-la- Madeleine (Orne). Il travaille jusqu’au bout et meurt le 3 juillet 1983, jour anniversaire de sa 53ème année. Les obsèques sont célébrées le 6 juillet, à Caden où il est inhumé.

Témoignages sur le P. Paul.

« Paul est ce que l’on appelait autrefois un savant, un chercheur. Il fait partie du CNRS et, quelques jours avant sa mort, son directeur lui écrit pour le féliciter du travail qu’il a accompli l’année dernière, malgré sa maladie. A longueur d’année, depuis qu’il est prêtre, il travaille dans des bibliothèques, en France ou à l’étranger, pour faire connaître des vieux ouvrages de théologie écrits en grec il y a près de mille ans. Paul est un travailleur intellectuel, un travailleur consciencieux et, quelques jours avant sa mort, sur son lit d’hôpital il termine la préparation d’un livre. Pendant 25 ans, Paul a ainsi mené un travail caché, parfois ingrat mais qui, joint au travail d’autres chercheurs comme lui, a beaucoup contribué au rapprochement oecuménique entre catholiques et orthodoxes. La petite icône qui se trouve sur son bureau lui rappelle le sens de son travail » d’après P. Jean Potin.

« Il faut entendre Paul parler avec intérêt et passion aussi bien des Eglises orientales des 12ème-13ème siècles que des communautés chrétiennes d’aujourd’hui. Seigneur, comme Paul nous y invite, nous te prions pour l’Eglise universelle, dans sa variété, sa richesse et sa fécondité » d’après Bernard Jouanno. « Tu as l’humilité et la modestie des vrais savants. Tes titres, tes recherches, la facilité pour les langues tu n’en fais pas état. Les discussions intellectuelles, pas pour toi. l’es préférés? Les gens tout simples qui ne savent pas faire de grandes phrases. Non, tu n’aurais pas aimé qu’on vante tes qualités et je n’en ferai rien. Permets-moi seulement de soulever un coin du voile pour nous tous, car tu nous apprends à vivre et à souffrir en homme, en chrétien, en religieux. Il te reste à découvrir cette dure école de la souffrance qui, de ton propre aveu, t’aura autant appris en peu de temps que 50 ans de vie. Te voici plongé dans ce monde de l’hôpital, en marge de l’univers des bien-portants. Ton échelle des valeurs se transforme, tu vois les choses autrement. Et toi qui n’es pas missionnaire dans l’âme, tu deviens le prêtre de tous tes compagnons d’infortune… ». d’après Claude Maréchal.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (II) 1981-1983, p. 91-92. Assomption-France, Nécrologe n° 1 année 1983, p. 13-14. Revue des Etudes byzantines, 1984, n° 42, p. 365-370. Du P. Paul Gautier, dans les ACR, quelques corrrespondances (1954-1974). Notice biographique et bibliographie du P. Paul Gautier dans l’ouvrage de Ludwik Biskupski, L’Institut Français d’Etudes Byzantines et son activité scientifique et littéraire 1895-1970, Istanbul, 1970, p. 362-365. Notices Biographiques