Religieux français, assistant général (1923-1927), économe général adjoint. Le constructeur de Miribel avec le P. Paul Curiaz. Gustave Paul Armand Pétrement est né le 21 septembre 1862 à Saint-Aigner-sur-Cher (Loir-et-Cher). Il commence ses études secondaires au petit séminaire de Boulogne-sur-Mer (Pas-de- Calais), de 1873 à 1875, et les continue dans les alumnats d’Arras et de Clairmarais, également dans le Pas-de-Calais, de 1875 à 1878. Il entre le 9 décembre 1878 au noviciat de Paris, sous le nom augustinien de Frère Alype, et il est envoyé à la fin du mois d’octobre 1880 à l’alumnat de Nice (Alpes-Maritimes) comme professeur débutant. C’est là qu’il prononce ses vœux perpétuels, le 29 avril 1881, entre les mains du P. Picard. Il fait ses études de philosophie à Osma en Espagne (1881-1882) et ses études de théologie à Paris d’abord (1882-1883), puis à Rome, de 1886 à 1887. Il est ordonné prêtre le 26 septembre 1886 à Paris. Nommé à la communauté de la rue François fer à Paris comme économe (1887-1888), il vient occuper le même poste au jeune alumnat de Miribel-les-Echelles (Isère), de 1888 à 1892. A cette dernière date, il en devient le supérieur inamovible jusqu’en 1929 (1), consacrant toutes ses forces et toute son énergie au développement de cette fondation de 1887 (2), admirablement secondé parle P. Paul Curioz, économe, et le curé de la paroisse, l’abbé Meyer. Malgré une santé précaire, grâce à un don remarquable d’initiative, il réussit à fonder un bulletin, Le Petit Alumniste, qui crée un réseau important de généreux bienfaiteurs. Maître-éducateur, il sait susciter autour de lui de l’entrain et de la vie. A partir de 1899, il entreprend la construction de la chapelle de l’alumnat, dédié à Notre-Dame du Rosaire, établie ainsi que les accroissements du corps principal de bâtiments grâce à un prodigieux mur de soutènement, le long de la route qui descend du village pour rejoindre Entre-Deux- Guiers. A l’époque des perquisitions et des poursuites, judic iaires de 1900, seule parmi toutes autres communautés, celle de Miribel résiste victorieusement. le P. Alype, procédurier, a découvert un faux antidaté du Procureur de la République. L’affaire, évoquée à la Chambre des députés, est étouffée grâce à une sécularisation de surface, avalisée par le diocèse de Grenoble (3) qui permet aux religieux transformés en abbés de se maintenir sur place (4). En 1922, le P. Alype devient supérieur de la résidence rue Camou à Paris et en 1923 assistant général. Conseiller avisé, administrateur prudent et habile, il passe ses dernières années à Rome, mais une douloureuse névrite le réduit peu à peu à l’impuissance et à l’immobilité. Au début du mois de juin 1927, on doit le transporter à la clinique des Sœurs de la Sagesse où il meurt le 19 novembre sans effort et sans agonie, à l’âge de 65 ans. A.A Le corps du P Alype repose au Campo Verano dans le caveau de l’Assomption. (1) Uste chronologique des supérieurs de Miribel. Vincent Chaîne (1887-1889), Gunfrid Darbois (1889-1892), Alype Pétrement (1892-1922), Placide Machon (1922), Gausbert Broha (1922-1925), Zéphyrin Sollier (1925-1928), Aimé Badaroux (1929-1932), Bernard Finaert (1932-1941), Germain Filliol (1941-1946), Bruno Linder (1946-1952), Rémy Munsch (1952- 1955), Albert Vonrospach (1955-1961), Morand Kleiber (1961-1967), Boris Chtipcov (1967- 1969). (2) La fondation s’est établie dans une petite maison achetée à l’abbé Joseph Buissière et à sa sœur, Mme Marie Brizard, épouse du notaire de Miribel. En 1890, le P. Gunfrid Darbois, deuxième supérieur de Miribel, après le P. Vincent Chaine, fait construire une première aile au petit local d’origine. En 1893, le P. Alype donne aux bâtiments leur principale extension. A peu près à la même époque, il fait édifier, au-dessus de l’alumnat, un immeuble séparé pour abriter les locaux d’une imprimerie qui deviendront par la suite une buanderie et le logement des différentes religieuses au service de l’alumnat (Sœurs du Rosaire de Pont-de-Beauvoisin et Sœurs espagnoles pendant la guerre d’Espagne 1936-1939). En 1897, le P. Alype peut acheter un petit immeuble qui abrite le local de la poste du village et en contrebas une remise servant de menuiserie. De cette époque également datent l’acquisition d’une prairie dite de la Folliat, près du lieu-dit Saint-Roch ainsi qu’un champ et un bois au-dessus du village, provenait d’une Mlle Séverine Vivier. En 1915, pour agrandir le jardin derrière la maison, est acheté à M. Allegret Bourdon un autre terrain bordant la route qui descend aux Echelles. Fin 1925, est construit un garage, faisant face au café Sibillon, destiné à empêcher l’établissement d’un jeu de boules qui aurait surplombé la chapelle. En 1926, autre acquisition foncière, celle d’un champ bordant le chemin de la Combette, appartenant à M. Tatavin. C’est en 1927 que sont posés à la chapelle les vitraux représentant les principaux événements de la vie de saint Antoine de Padoue, autre protecteur de l’œuvre, ainsi que les mystères du Rosaire, avec des médaillons figurant les alumnats de l’époque. (3) Les évêques de Grenoble se montrent tous favorables à l’implantation de Miribel: Mgr Fava (1875-1899), Mgr Henry (1899-1911), Mgr Maurin (1911-1916), Mgr Caillot (1917-1957), Mgr Fougerat (1957-1969). (4) Le premier propriétaire des lieux a été l’abbé Buissière, abbé donateur. Prennent le relais, sur le plan juridique, 3 religieux assomptionnistes, les PP. Ambroise Jacquot, Marie-Jules Chicard et Paul-François Doumet. En 1900, pour sauver les biens meubles et immeubles de l’Assomption, tout repasse entre les mains de l’abbé Buissière qui, par testament, les transmet à son beau-frère, le notaire Hippolyte Brizard et celui-ci, également par testament, à deux prêtres diocésains originaires de Miribel, les abbés Célestin et Séraphin Charrat.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1927, n° 246, p. 281-282; n° 250, p. 313-314; 1928, no 257, p. 25- 26. Polyeucte Guissard, Portraits Assomptionistes, p. 170-182. L’Assomption, 1928, n° 321, p. 65-68. Le Petit Alumniste, janvier 1928. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettres d’Alzon, 1996, t. XIII, p. 460- 4,61. Circulaires du P. Gervais Quenard, 1927, p. 79-83, 101-105. Du P. Alype Pétrement, dans les ACR, rapports sur miribel (1898), correspondances (1887- 1925). Lettre du P. Alype Pétrement au P. Alexis Dumazer, Miribel, 9 évrier 1889. Notices Biographiques A.A Page : 232/232 Vincent-Ferrier (Francois-Louis) PETRO 1885-1968 Religieux français de la Province d’Amérique du Nord. Une vie en Amérique. François-Louis Pétro a vu le jour le 31 mars 1885 à Saint-Caradec, petit village du diocèse de Vannes (Morbihan). Ses parents, riches propriétaires terriens, lui font suivre des cours chez les Frères de Ploermel. Il en garde un goût prononcé pour la lecture, notamment des ouvrages d’histoire et de géographie. Par la suite on lui connaît une véritable prédilection pour la revue Historia et pour tous. les ouvrages ayant trait à l’espionnage. Comme sa mémoire est fidèle, il est inépuisable sur certains sujets, notamment ceux qui ont trait dans l’histoire du monde à l’espionnage et au sabotage. De 1901 à 1907, il est scolarisé au petit séminaire à Sainte- Anne d’Auray, après les cours du collège Saint-Jean Baptiste à Guéméné-sur-Scorff. Il exerce ensuite la profession de clerc de notaire chez maître Daniel à Guéméné, puis chez maître Husson à Chitenay, petit village près de Blois (Loir-et-Cher), de 1907 à 1919. Le 27 avril 1910, il prend l’habit à l’Assomption sous le nom de Frère Vincent-Ferrier, à Louvain. Après 9 mois de noviciat régulier à Louvain, il est envoyé à New York (U.S.A.) où il reste dix ans comme Frère coadjuteur sans vœux. Sa situation se régularise enfin le 27 avril 1920 par une première profession annuelle.« En dépit d’un caractère un peu vif et emporté et parfois d’une certaine crudité de langage, le Frère Vincent peut devenir un bon religieux convers. Il a bon cœur et il est dévoué. Il sera toujours très utile dans une maison pour les travaux et les charges qui ne demandent pas d’aptitudes spéciales » écrit le P. Tranquille Pesse. Le Frère Vincent peut prononcer ses vœux perpétuels à Worcester, le 12 juillet 1924. On ne lui connaît guère dorénavant qu’une seule résidence, Worcester, de 1921 à 1968. §Traits de vie. « Il était très difficile de prendre en défaut le Frère Vincent-Ferrier sur un point d’histoire ou de chronologie, tant il avait emmagasiné de dates, de noms de lieux et d’événements de l’histoire de France. Dans le commerce quotidien, il se montre gai de caractère, d’une grande égalité d’humeur et d’une simplicité désarmante, ce qui lui attire la sympathie de tous. Il aime à l’occasion d’une fête être invité à prendre la parole, mais il n’y a plus moyen de l’arrêter. Il faut alors intervenir pour lui dire que cela suffit et il s’assied de bonne grâce, heureux comme un roi. Breton bretonnant, il a une bonne connaissance de sa langue maternelle et il n’hésite jamais à en fournir les preuves vivantes et sonores. A tout propos dans la conversation, il laisse échapper des mots du terroir à côté d’un terme français qui vient d’être prononcé. A l’époque où l’on distribue les cadeaux de Noël dans une séance récréative assaisonnée de chants variés, le Frère Vincent ne manque pas d’y aller d’un vieil air bien de chez lui, mais là aussi il faut arrêter la cascade des couplets ». D’après le P. Marius Dumoulin. Notices Biographiques A.A Page : 233/233 En 1947, il est affilié à la Province d’Amérique du Nord et se fait naturaliser citoyen américain. On sait qu’il a été d’abord employé comme sacristain et fac-totum à la paroisse de Notre-Dame de Guadelupe à New York. Au collège de Worcester, il remplit les humbles tâches domestiques du ménage et de l’entretien. Il s’y emploie du matin au soir, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, sans jamais s’arrêter. Il veille particulièrement à réparer les petits méfaits et dégâts qui ont coutume de se produire à l’intérieur d’une école secondaire comme à l’Ecole préparatoire. Il le fait sans rien dire ni soulever aucun problème. Les élèves l’apprécient pour sa discrétion protectrice. Le soir, après le coucher des internes, il déambule à travers les salles et les couloirs pour fermer portes et fenêtres, éteindre les lampes qui continuent à brûler inutilement. Il ne prend son repos qu’après s’être assuré que tout est rentré dans l’ordre. Religieux d’un grand esprit de charité, il ne porte jamais une parole défavorable à l’encontre d’un de ses confrères. Ennemi de tout esprit de critique, il prend la défense sur le champ de celui qui se sent attaqué et s’arrange pour changer de conversation si les langues s’aiguisent sur le dos d’un confrère au cours d’une conversation. Très économe, il ne demande jamais rien pour son usage personnel. Il s’habille des pieds à la tête avec ce que lui donnent ses Frères. Aussi lors de sorties plus officielles, il faut presque lui imposer une tenue plus convenable. Il n’est pas étonnant qu’à sa mort il n’y eut pas grand’chose à trier dans ses maigres affaires. Le Frère Vincent est pris par la mort le 2 novembre 1968, à l’âge de 84 ans, après une longue et pénible maladie, supportée avec beaucoup de patience. Une chute survenue au mois d’août 1967 lui a brisé la hanche. Malgré une intervention chirurgicale, il devient pratiquement impotent, incapable de se suffire et de pouvoir rendre le moindre service. Il est confié aux soins des Frères Jean Saint-Pierre et François Lachance auxquels le Frère Richard Mandeville, infirmier à Worcester, vient prêter un concours précieux. Le Frère Armand Goffart joint les lumières de son expérience et les encouragements d’une amitié vieille de plus de 50 ans aux soins fraternels qui sont prodigués au Frère Vincent jusqu’à la fin. Bibliographie et documentation : B.O.A. juin 1969, p. 308-309. Assumption North America, ler mai 1980, p. 15-16. Assumptionists Deceased in North America, 1995, p. 6. Notice par le P. Marius Dumoulin, décembre 1968. Notices Biographiques