Anastase (Eugène-Louis) BAUDART – 1882-1948

Le Père Anastase, un catéchiste éprouvé.

« Quelques années après son retour de Worcester, je rencontrai un jour le
P. Anastase dans un presbytère des environs de Montmirail.

Il était doué d’une bonne volonté et d’un dévouement à toute épreuve, mais
dont toutes les grâces étaient surtout à l’intérieur.

Là, il élevait des poules, cultivait son jardin et faisait le catéchisme à
la perfection, car il avait la passion du catéchisme et avait hérité de son
premier curé d’un certain nombre de procédés et même d’une méthode qu’il
avait codifiée en grands tableaux dignes d’être imprimés.

Quand on parcourt le Bulletin de Montmirail, on reste frappé de son
activité et de la multitude de sermons, de réunions, de messes qu’il
endossait habituellement les dimanches. A l’époque, une auto d’occasion,
assez puissante, le transportait dans ses diverses paroisses. Quand vint la
guerre de 1939, il dut enfourcher une bicyclette poussive et escalader les
côtes, parcourir par tous les temps, pluie et neige, les durs
chemins de ses paroisses. Il rentrait parfois fourbu, épuisé… »

Lettre à la Famille, 1948.

Religieux de la Province de Paris.

Un enfant du Nord.

Eugène naît le 22 mai à Guemps dans le Pas-de- Calais, au diocèse d’Arras. Son curé de paroisse, l’abbé Ledoux le remarque et lui lègue un certain nombre d’idées originales dont il ne se dé- partit jamais. Eugène connaît la vie des alumnats d’abord à Sainghin dans le Nord de 1896 à 1898 et à Clairmarais dans le Pas-de Calais, près de Saint- Omer, de 1898 à 1900. De cette première étape de vie, il reste fortement marqué par l’empreinte du P. Edouard Bachelier. Il entre au noviciat de Gempe en Hollande le 18 septembre 1900 et l’achève à Phanaraki en Turquie d’Asie par la profession des premiers vœux le 18 septembre 1901, sous le nom de Frère Anastase. Il rejoint ensuite une maison d’œuvres à Gallipoli (1902- 1903), cette fois en Turquie d’Europe: c’est là qu’il prononce ses vœux perpétuels le l er janvier 1903. Il est encore affecté à la mission de Zongouldak en Turquie, sur les bords de la Mer Noire (1903- 1904), puis à celle d’Ismidt (1904-1905). Il entreprend alors ses études de théologie à Jérusalem de 1905 à 1910 où il est ordonné le 10 juillet 1910.

Premier séjour à Worcester aux U.S.A.

De l’Orient il passe au nouveau monde, comme enseignant au collège de Worcester pour quatre années (1910-1914). De petite taille et de faible voix, il ne tarde pas à devenir un véritable orateur, même si l’on n’a pas gardé d’écho de cette période de sa vie, sinon un crédit de forte sympathie dans ce milieu francophile.

Les années de la guerre 14-18.

Par contre, les obligations militaires le réquisitionnent pour de longues années sur lesquelles il a laissé de nombreux témoignages. Il est principalement affecté au service d’infirmerie

Notices Biographiques A.A Page : 173/173 dans différentes sections de campagne qui le conduisent aussi bien en Dordogne que dans le Doubs, dans les Vosges et surtout dans le secteur de Verdun. Cette guerre est très éprouvante pour sa famille et pour lui qui perd au front deux frères, un beau-frère ainsi que quatre cousins. Il écrit le 26 août 1916:

« je vous avais parlé de la disparition de mon frère. Je viens d’apprendre qu’il est tombé devant Verdun le 11 juillet. Il était marié et père d’un enfant. Mes pauvres parents, presque octogénaires, sont dans la désolation la plus profonde… ». La censure militaire ne permet pas toujours de localiser les nouvelles qu’il donne de sa position personnelle. Il communique le 26 octobre 1916: « Me voici de nouveau sous bois, dans un poste. Je ferai la relève au village comme au mois de mai. Les blessés ne sont pas nombreux, mais pendant toute la journée il nous faut creuser des boyaux. Voici la pluie et la neige et dans notre cagna sans fenêtre, il est absolument interdit de faire du feu. J’espère être placé dans un poste où j’aurai plus de loisir pour mes exercices religieux…». Nul doute que cette période de sa vie le marque profondément. Démobilisé en janvier 1919, il est de nouveau affecté au collège de Worcester.

Un second séjour à Worcester, 1919-1929.

Il retrouve avec joie les horizons du collège qu’il a quitté cinq ans plus tôt. Sur les 24 membres religieux que compte le collège, un certain nombre dont lui sont dégagés pour un apostolat de prédication missionnaire. En 1929, il demande à revenir sur la tombe de ses parents décédés en 1920. Il est alors affecté à des tâches plutôt pastorales en France: Clairmarais paroisse (1929- 1932) et Montmirail-Gault-la-Forêt (1932-1947). Nommé à Montpellier en 1947, il est aumônier de l’orphelinat voisin de Bon-Secours. Le samedi 19 juin 1948, il se plaint de brûlures d’estomac. Il meurt subitement sur le pas de la porte, vers 19 heures, succombant à une crise d’angine de poitrine. Il est inhumé le lundi suivant 21 juin et repose aux côtés des PP. Augustin Nègre et Sernin Baron.

Page : 174/174

Bibliographies

Bibliographie et documentation : Lettre à la Famille 1948, n° 53, p. 60 et n° 54, p. 64. Les archives romaines de l’Assomption ont gardé de la correspondance du P. Baudart entre 1903 et 1940, principalement de la longue période militaire de ce religieux entre 1914 et 1919.