André (André-Gustave) DUMON – 1907-1982

Du choix d’une Province.
« Je viens d’apprendre que nous avons été intégrés à nos Provinces
d’origine, mais comme la Belgique en compte deux, l’on a commis l’erreur de
me mettre dans celle du Sud, alors que je suis flamand. Ici, on nous a dit
que rien ne se ferait pour ceux qui appartenaient à la Province de
l’Amérique du Sud, mais que nous serions avertis à temps quand la chose se
fera plus tard. Voilà que je constate le fait accompli. A mon sujet, on a
donc commis une erreur. J’ai protesté auprès du P. Raymond [Besseling],
auprès du P. Augustinus[VanEngeland] et du P. Gérardlstace, comme je le
fais respectueusement
auprès de vous [P. Wilfrid Dufault] afin d’obtenir d’être rattaché à la
Province de Belgique-Nord. Ici tout va bien. A en croire certains, la
Colombie est au bord de la révolution, mais je ne l’ai jamais connue
autrement. Nous venons de reprendre l’année scolaire avec 679 élèves,
quoique notre nouvelle
bâtisse n’ait pas encore pu être occupée. Je n’aurais jamais cru que je
pourrais prendre goût à l’enseignement et le fait est
que je me suis passionné pour les math. et que mes élèves passent avec
aisance leur examen d’admission a l’Université ». André Do-

André (André-Gustave) DUMON

1907-1982

Religieux de la Province de Belgique-Nord.

Un homme de caractère.

André-Gustave Dumon est né, le 4 août 1907, à Roulers (Roesselare) en Belgique. D’après ses notes personnelles, il fait ses études primaires en France à Angoulême (Charente), une année, à Melun (Seine-et- Marne), quatre années, et à Laeken (Brabant belge), deux ans. Il est accueilli pour sa formation secondaire dans les alumnats de Zepperen (1922-1926) et à Sart- les-Moines (1926-1928). Il prend l’habit au noviciat de Taintegnies le 30 octobre 1928, sous la direction du P. Aubain Colette et sous le nom de Frère André. Il prononce ses premiers vœux le 1er novembre 1929: « Frère très robuste, têtu, personnel, qui se montre tel qu’il est, volontaire et décidé pour la mission ». Après ses études de philosophie à Saint-Gérard (1929-1931), il entreprend les études de théologie à Louvain où il est accepté à la profession perpétuelle le 1er novembre 1932 et ordonné prêtre le 6 mars 1936. D’après sa fiche de renseignements personnels, le Frère André a accompli une année en maison d’œuvres à Kapelle-op-den-Bos (1931-1932).

En mission au Congo.

Après son ordination sacerdotale, le Père André est volontaire pour la mission du Congo où il fait 5 postes de 1936 à 1946. Estimé assez original, mais trop personnel et peu communautaire, il semble assez déçu d’une expérience missionnaire qu’il a pourtant vivement souhaitée et dès que la guerre est terminée, il rentre en Europe. Le Père André ne manque pourtant pas d’atouts: c’est un homme intelligent et cultivé par de nombreuses lectures, mais il est gêné dans son apostolat par sa difficulté à entrer en relation et dialoguer avec les autochtones, ce qui au bout de quelques années devient un obstacle rédhibitoire.

Allers-retours entre la Colombie, l’Amérique du Nord et le Congo.

Son désir de vie missionnaire ne s’est pas émoussé. Il demande à partir en Colombie, dès son retour d’Afrique. De 1946 à 1948, il est affecté à la mission de Cali où il rencontre des confrères qui, chuchote-t-on, y sont ‘exilés’, en raison de leurs sentiments collaborationistes pendant la guerre. En 1948, éclate en Colombie une révolution assez sérieuse pour que trois religieux, dont le P. André, craignent pour leur vie. Comme ils possèdent suffisamment l’espagnol, ils demandent à partir pour l’Amérique du Nord. Ils sont tout désignés pour les paroisses espagnoles à New York. En 1954, peut-être déçu ou fatigué, le P. André revient au Congo. Il s’offre à la fondation de Luofu où la condition de solitaire ne lui fait pas peur. Cette année-là en effet, l’Assomption prend en charge de petits postes assez dispersés, Luofu, Lukanga et Lubango. Le P. André passe de Luofu à Lukanga où il peint son bureau couleur’ sang de bœuf’ et finalement il vient enseigner les mathématiques à l’E.T.S.A.V. En 1960, année de l’indépendance du Congo, il repart pour la Colombie. Peu communicatif, il ne donne pas toujours les raisons à ses confrères des motifs profonds de ses ‘décisions-zigzags’. Quoi qu’il en soit, de 1960 à 1967, le P. André enseigne au collège de Bogota en Colombie. A 60 ans, il décide de rentrer définitivement en Belgique, après avoir totalisé 35 ans de mission dans les différents continents. Comme il n’a pas atteint le nombre d’années requis pour toucher une pension de l’Etat belge, il donne ses services d’aumônier au centre d’handicapés à Vlerenbeek où il reste 4 ans. En 1972, il réside à la communauté de Louvain. Il met à profit ce temps de repos pour continuer à s’enrichir intellectuellement, ayant gardé un goût assidu pour les lectures. Il meurt à Louvain, de façon inattendue et subite, d’un infarctus, le 14 mars 1982, à l’âge de 75 ans. Ses obsèques sont célébrées le 18 mars, suivies de l’inhumation au cimetière de l’abbaye de Park.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (Il) 1981-1983, p. 40. Onder-Ons, 1982 [collection incomplète dans les ACR). Correspondances du P. André Dumon dans les ACR (1936-1966). Marc Champion, Province du Zaïre, Religieux Défunts (1929-1994), Butembo, 1994, p. 46-47. Lettre du P. André Domon au P. Wilfrid Dufault, Bogota, le 12 février 1966. Notices Biographiques