Religieux de la Province de Lyon.
Une vocation d’aîné.
Georges-Henri est né le 15 juillet 1895 à Montbéliard dans le Doubs dont il rappelait souvent les attaches protestantes. Nous savons peu de choses sur son enfance et sur sa jeunesse. Il a noté lui-même sur sa fiche de renseignements qu’il a obtenu seulement le certificat d’études primaires, qu’il a été employé de banque de 1907 à 1910 et successivement comptable, fondé de pouvoirs, voyageur dans une épicerie en gros de 1910 à 1927. De la classe 15, il est mobilisé pendant toute la grande guerre, d’août 1914 à juillet 1919 et fait l’épreuve du feu dans les Vosges et à Verdun. Maréchal des logis, blessé à la colonne vertébrale, il obtient la Croix de guerre et la Médaille militaire pour sa conduite au front. Quand il évoquait ses souvenirs avec de plus jeunes confrères, il aimait comparer les deux conflits du XXème siècle de la sorte: « De quelle guerre parlez-vous? De celle que nous avons gagnée ou de celle que vous avez perdue? ». A l’âge de 32 ans, il entre comme vocation tardive dans la maison de Saint-Denis au nord de Paris et reprend courageusement des études (1927-1929). Le 29 octobre 1929, il reçoit l’habit des mains du P. Marcel Delattre à la maison Saint-Jean de Scy- Chazelles (Moselle), prend le nom de Fr. André et y prononce ses premiers vœux le 28 octobre 1930. Il suit les cours de philosophie à Saint-Gérard (1930-1932) et ceux de théologie d’abord à Louvain où il prononce ses vœux perpétuels le 28 octobre 1933, et à Lormoy jusqu’enl936. Il est ordonné prêtre à Lormoy le 8 mars 1936. Ses confrères le trouvent serviable, dévoué, soigné et méthodique, habile pour les questions d’intendance et de comptabilité, mais parfois rude et même cassant, peu communicatif. Peu attiré par le ministère, bon administrateur, il sait faire valoir ses dons pratiques. Sa voie semble toute tracée.
Un mémorialiste attentif.
« Je vous remercie, P. Picot, de vos recherches quant à la Lettre à la Famille n° 3, 11, 12 et 16 dont la photocopie servirait à compléter notre collection de Debrousse qui a été si négligée en son temps. Voici la notice du Frère Florent. C’est une page de Rhin-Guinée qui ne sera achevée qu’à la fin du mois. C’est volontiers que j’irais à Rome copier vos exemplaires, mais…
Je reçois aussi la relation concernant le Père Eustrate. Je vous renvoie le document, je l’ai copié, il pourra toujours rejoindre nos archives. Dès son retour, le P. Provincial [Bugnard Noël] en prendra connaissance et jugera s’il est utile de faire paraître cette notice après celle du Père Basile. Rhin-Guinée: je prends note de l’agrafer! Quant à la pagination, ce m’est plus difficile, car je polycopie souvent au jour le jour certains documents et les classe au moment où c’est complet, Vous avez pu cependant remarquer que je m’efforce de donner des nouvelles complètes sur les deux pages de chaque feuille. Enfin je mettrai ma bonne volonté pour le paginer si possible… ».
P. Blanc-Garin, oct. et nov. 1963.
Notices Biographiques A.A Le service de l’économat.
Dès 1936, le P. André est nommé économe au scolasticat de Scy-Chazelles. Ses supérieurs jugent que les métiers exercés auparavant le prédisposent à cette charge, d’autant que le Père, sur le plan financier, est très méticuleux. Son esprit de pauvreté a-t-il fait prononcer cette prière à ses confrères? ‘Faites que notre économe ne soit pas dépensier et que surtout notre dépensier ne soit pas trop économe!’. L’anecdote est invérifiable aujourd’hui, une autre en tout cas est bel et bien avérée: ‘un jeune profès se rendant de Layrac à Scy avait transité par Avignon où il avait envoyé deux cartes postales à sa famille. Il avait inscrit celle dépense sur sa feuille de compte et s’attire du P. André cette remarque. Si tous les religieux maintenant se mettent à envoyer des cartes à leur famille durant leurs voyages, où allons-nous?’. En 1939, le P. André est muté à Marseille: il y est mobilisé, mais libéré peu après en 1940. Il passe alors à l’économat de Layrac (Lot-et-Garonne), charge difficile en ces temps de pénurie qu’il assume jusqu’en 1944. Avec le P. Picot, il fait l’impossible pour essayer de satisfaire l’appétit des jeunes religieux, fait du troc avec les rations de tabac pour se servir auprès des paysans et épiciers. Avec le P. Curot en 1944, il est chargé d’aménager la maison natale du P. Pernet à Vellexon (Haute-Saône) pour préparer la voie à un futur alumnat. En 1950, après quelques mois passés à Saint-Sigismond et à Marseille, il est affecté à Douvaine (Haute-Savoie) où il surclasse en vitesse la secrétaire de service. En 1955, il renforce l’équipe pastorale de Maranville, passe à Montgray (Rhône) en 1957 et de 1959 à 1963 assure l’aumônerie des Religieuses de l’Assomption à La Mulatière près de Lyon. C’est en 1963 qu’il devient le secrétaire provincial de Lyon: ce travail méthodique et minutieux lui plaît. Il renouvelle le matériel de polycopie et transforme l’ancien Rhin-Guinée en un plus moderne Lyon-Assornplion. Il trie les timbres oblitérés pour les missions et rend de multiples services comme manutentionnaire et expéditionnaire. En 1968, il doit se soigner en sanatorium pour une tuberculose sénile et en avriII970 peut reprendre du service à Strasbourg comme secrétaire des pèlerinages pour soulager le P. Jean de la Croix Berger. Il devient le ‘grand-père’ de la communauté et se met sans traîner au travail: avec lui la comptabilité est tenue à jour le jour même, les chiffres alignés, les cartons empilés. Il se laisse taquiner sur sa manie de constituer des réserves de toutes choses. En septembre 1972, il doit être hospitalisé pour une opération de cataracte. En fait le P. Blanc-Garin est miné par un cancer des os. Il meurt à l’ hôpital le 19 mars 1973, jour de la St Joseph, patron des économes. Il est enterré le 22 mars suivant.
Bibliographies
Bibliographie et documentation : B.O.A. mars 1974, p. 230. Lyon-Assomption, juin 1973, p. 11-14. Les Archives de Rame contiennent quelques rares correspondances du P. Blanc-Garin, écrites entre 1937 et 1940.