Antonio (Antonio) ESGUEVA DELGADO – 1870-1965

Itinéraire de foi .
« Mon corps reste au Chili mais permettez à mon âme de partir en pèlerinage
jusqu’à Rome. J’ai expliqué au P. Marius [Peysson], avant sa mort, mon
itinéraire de vie, puis au P. Théophile
[Durafour] enfin au P. Joseph
[Maubon]. Pourquoi ne suis-je pas prêtre’? La faute en incombe au P. Gatien
[Fortin] qui, de Nîmes où l’on m’envoya, malade, de Mauville, n’a jamais
transmis
la lettre que j’écrivis au P. Picard. Je l’ai retrouvée après dans un livre
de lecture! Depuis que je suis au Chili, je fais une bonne partie du
travail du prêtre: tous les jours, prière à l’église avec les fidèles; aux
messes chantées, je fais sous-diacre; le
dimanche je fais le catéchisme aux enfants. J’aide les Pères pendant les
retraites fermées en aidant les hommes à examiner leur conscience, je
récite le chapelet avec eux et fais le chemin de croix, je les aide à
préparer leur confession. Le reste de l’année je suis à Rengo dans notre
collège où je fais la classe
depuis 2 ans. Cette œuvre a un avenir, nous n’avons pour élèves que les
enfants des premières familles de la ville. Peut-être qu’avec trois années
d’étude je pourrais devenir un parfait missionnaire et un apôtre ».

Antonio (Antonio) ESGUEVA DELGADO

1870-1965

Religieux espagnol de la Province de Bordeaux, affilié à la Province d’Amérique du Sud (1954).

Trois frères à l’Assomption.

Né le 17 janvier 1870 à Gumiel del Mercado en Espagne, province de Burgos, au diocèse d’Osma, Antonio fait partie d’une famille qui donne à l’Assomption 3 religieux: Frère Crispino, P. Julian et Frère Antonio, sans compter leur sœur, religieuse morte missionnaire au Venezuela. Connu par les religieux du noviciat à Osma, en 1882 Antonio vient en France suivre les cours des alumnats de Mauville (Pas-de-Calais) et de Nîmes (Gard). Son parcours est connu grâce à une note explicative du P. Emmanuel Bailly, écrite en 1891: « Le Frère Antonio, âgé de 21 ans, exempt de service militaire, est un frère que nous avons eu dans nos alumnats à titre d’élève d’abord et de postulant convers ensuite, pendant six ou sept ans. Il a paru alors trop mou et trop indocile pour être frère convers et il est reparti pour l’Espagne où il a travaillé un an dans les mines de Bilbao. Il nous a rejoints au pèlerinage de Lourdes en demandant à être admis à un nouvel essai. Ses frères, Fr. Crispino profès de chœur et Fr. Julian profès convers, ont appuyé sa demande. Ce nouvel essai n’a pas été heureux au début, mais depuis deux ou trois mois, il y a eu des efforts et des progrès. Malgré les antécédents, le Père chargé plus immédiatement des frères convers [P. Athanase Vanhove] croit qu’on peut tenter la probation du noviciat qui du reste dure trois ans. Je le pense aussi et avec ces réserves je le propose pour la prise d’habit ». Frère Antonio reçoit l’habit le 28 mai 1891 à Livry (Seine-Saint-Denis). On lui fait suivre des cours d’horticulture dans une école voisine. Le 12 août 1895, le P. Emmanuel Bailly reçoit les premiers vœux du Frère Antonio, en poste à Livry jusqu’en 1897. Sur la demande de son frère, le P. Crispino Esgueva,

le Frère Antonio obtient du P. Picard l’autorisation de s’embarquer pour la mission du Chili où son frère travaille depuis 1893. Il y débarque à 27 ans , le 7 décembre 1897, après un voyage en bateau qui a duré un mois exactement.

En mission continue au Chili.

Le Frère Antonio va vivre sans interruption 68 ans au Chili dans les postes suivants: Santiago (1897-1899), Mendoza (1899-1901), Rengo (1901-1915), Conception (1915-1916), Talcahuano (1916), Mendoza (1916-1918), Valparaiso (1918-1923), Mendoza (1927-1965). Son premier travail est de se remettre à la pratique de la langue espagnole que son séjour en France lui a fait perdre en grande partie. Le Frère Antonio est admis à la profession perpétuelle le 16 novembre 1900. Son apostolat s’exerce dans le cadre du ministère paroissial des religieux, particulièrement l’enseignement du catéchisme dans des écoles. Il aime diriger la prière des hommes que ses frères prêtres entendent en confession. Tant à Rengo qu’à Valparaiso, il est d’un grand concours pour l’ouverture des écoles paroissiales. Le P. Patrice Pradel le requiert quelque temps à Mendoza pour ressusciter l’alumnat disparu en 1897, après 4 années d’exercice. Faute de personnel et de ressources, l’alumnat connaît encore un temps d’éclipse, mais le rayonnement et le dévouement du Frère Antonio comptent dans la persévérance de 11 élèves devenus prêtres séculiers. Ce n’est qu’en 1928 qu’on peut dater la renaissance durable de l’alumnat de Mendoza, commencé à Santiago, mais vite transféré à Mendoza. L’alumnat est son œuvre de prédilection, il y consacre 35 années de vie active dans les divers travaux et services que l’on attend de lui, aussi bien l’enseignement, la surveillance, que l’entretien du verger, de la vigne et du jardin dont il est l’initiateur. C)n a pu dire que sa vie tenait dans cette trilogie ascendante: la propriété, les alumnistes et le Seigneur, une façon toute personnelle d’honorer ou d’incarner les ‘trois amours’ de l’Assomption. Le 3 septembre 1965, dans sa 96ème année, il rejoint ses deux frères qui l’ont précédé sur le chemin de la résurrection: le P. Crispino, mort le 2 décembre 1915 à Talcahuano, et le Frère Julian, décédé le 17 juillet 1925 à Santiago.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. Janvier 1966, p. 126-127. Chile-Argentina, noviembre 1965, 3 pages. Dans les ACR, trois correspondances du Frère Antonio Esgueva (1900 et 1903). Lettre du Frère Antonio Esgueva au P. Emmanuel Bailly, Rengo, 27 octobre 1903. Notices Biographiques