Assen (Basile) TCHONKOV – 1904-1976

Plovdiv, 1969.
« Je profite de cette carte pour vous annoncer la mort subite du P. Kyrille
[Balabanov] survenue le 3 janvier 1969. Nous l’avons enterré sans tarder
dès le 4 janvier, samedi, parce que le dimanche 5 et le lundi 6, tous
les prêtres sont pris par la bénédiction des maisons. Le P. Ivan [Vitchev]
a dû déjà écrire à sa nièce, mais je tiens à vous informer personnellement
pour que vous demandiez des suffrages pour notre cher et bien aimé
confrère, le P. Kyrille, qui
a laissé partout de très bons souvenirs. Voici une nouvelle plus
réjouissante. le P. Thaddée
[Marcov] a pris part pendant son congé à nos agapes fraternelles plusieurs
jours de suite à midi. Il est reparti seulement quelques heures avant la
mort du P. Kyrille.
J’espère qu’à son retour définitif, il sera dans les meilleurs dispositions
possibles et que nous pourrons le récupérer. Pour le moment le Frère Joseph
[Loukov] demeure à Koutchouk-Paris. Quand la température sera plus
clémente, nous procéderons aux changements qui s’imposent. Le P. Eftimi
[Manolov] a écrit de Svilengrad. Il doit de nouveau aller à Keurjorki [?]
pour être
libéré ou gardé encore quelques jours. Pour moi, j’aide à la paroisse, la
glace est rompue ».

Religieux bulgare de la Province de Lyon. Une vie de foi trempée dans l’épreuve. Basile Tchonkov (1) est né le 31 décembre 1904 à Plovdiv (Bulgarie). Il fait ses études au collège Saint-Augustin (1918-1925). Le Il novembre 1925, il reçoit l’habit assomptionniste, au noviciat de Taintegnies en Belgique, des mains du P. Savinien Dewaele et y prononce ses premiers vœux le 12 novembre 1926, sous le nom de Frère Assen. Il accomplit une année de philosophie complémentaire à Saint-Gérard (1927-1926) et poursuit ses études de théologie à Louvain (1927-1930), achevées à Lyon (Rhône) où il est ordonné prêtre le 21 mars 1931, sa profession perpétuelle remontant au 12 novembre 1929. Aux Facultés catholiques de Lyon, il suit une année des cours de chimie (1930-1931) avant de retourner à Plovdiv pour être enseignant dans cette matière au collège Saint-Augustin. Très consciencieux dans la préparation et la présentation de ses cours, il a le souci de se perfectionner sans cesse, même s’il ne peut exercer en laboratoire. Ses activités de professeur ne le soustraient pas à des charges plus pastorales. Le Père Assen assure de nombreuses prédications dans la ville de Plovdiv et dans les églises des villages d’alentour, notamment chez des Pères Capucins où il est très apprécié. Depuis le collège, il peut donner libre cours à son don d’animation des groupes d’étudiants pour les sports: football, cyclisme, tourisme en montagne. Courageux jusqu’à l’héroïsme, il n’hésite pas à mettre sa vie en péril pour sauver un jeune homme tombé dans un trou profond d’un torrent de montagne alors que ses compagnons, pris de terreur, l’ont abandonné à son sort. Il aime aussi les samedis soirs organiser des causeries religieuses à la chapelle pour les plus jeunes élèves, S’inspirant de l’exemple du P. d’Alzon à Nîmes, dans un langage simple, pittoresque et toujours savoureux. Page : 29/29 Après la fermeture du. collège par les communistes en 1948-1949, le P. Assen accepte très volontiers la charge de curé dans une paroisse de la Bulgarie du Nord. Alors qu’il s’est fait à ce nouveau milieu où il s’est vite acquis la confiance et la sympathie de la population, survient pour lui la longue épreuve d’une incarcération et d’une relégation dans un camp de travail. Il est arrêté, à la différence des religieux du collège, pour n’avoir pas accepté de se joindre aux appels des autorités civiles qui, s’il les avait suivis, auraient pu nuire gravement aux intérêts même matériels de sa communauté paroissiale. Ce temps de prison et de camp de travail qui dure une dizaine d’années, lui procure de grandes souffrances physiques et morales, surtout pour le mépris et l’antipathie qui lui sont témoignés. Tout en revendiquant son innocence, il accepte cette épreuve comme un temps de pénitence avec un véritable héroïsme et une foi inébranlable. Sa plus grande peine est de n’être pas reconnu à son retour, par sa propre mère, Jeanne née Petrova qui meurt peu de temps après. Sa forte constitution lui permet de reprendre le dessus. Il loge un temps pauvrement dans une baraque construite à l’époque du tremblement de terre de 1928. Il se remet au travail pastoral avec courage et dévouement. Le P. Assen aime garder des liens étroits avec les religieux dispersés et isolés, notamment avec les PP. Kyrille Balabanov et le P. Ivan Vitchev, ses anciens compagnons de route. Ses anciens élèves avec lesquels il reste en contact, lui gardent reconnaisance et amitié. Grâce aux relations qu’il a pu nouer, il apporte soutien et réconfort aux malades qu’il visite, cherchant à leur prodiguer le secours de quelques remèdes. Il meurt à Plovdiv, à l’hôpital, le 23 septembre 1976, des suites d’une thrombo- phlébite et de fortes hémorragies après une opération d’un ulcère. Il est inhumé le lendemain dans le quartier catholique du cimetière de Plovdiv. Deux heures après son enterrement, décède sa sœur, Siavska âgée de 65 ans, inhumée le 25. D’après des notes du P. Henri Giugni, ancien condisciple à Plovdiv. (1) On trouve les graphies ou transcriptions de ce nom sous des formes variées: Tchoncov, Tchoncoff. Le P. Assen Tchonkov est l’oncle d’un autre religieux assomptionniste, le P. Assen Karaguiosov. Page : 30/30

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (I), 1975-1980, p. 34-35. Lyon-Assomption, janvier 1977, no 52, p. 18-20. Lettre de faire-part du décès du P. Assen Tchonkov par le P. Vélik Vitchev, Plovdiv, 28 septembre 1976. Lettre du P. Assen Tchonkov au P. Noël Bugnard, Plovdiv, 7 janvier 1969. Du P. Assen Tchonkov, dans les ACR, quelques correspondances (1925-1974).