Religieux de la Province de Paris. Une vocation méridionale. Auguste-Joseph Nègre est né le 6 mai 1854 à Saint- Gilles-du-Gard (Gard). Il garde toute sa vie l’accent plein de saveur du terroir natal et la chaleur d’âme rayonnante d’un caractère méridional. Lorsque plus tard il lui arrive de parler de sa jeunesse, il évoque toujours un passé mystérieux de luttes avec les Protestants et les Rouges, ses deux bêtes ‘noires’, mais les non-initiés ne comprennent plus grand’chose à ces anciennes réalités d’un temps révolu. Le nom de ce religieux affleure déjà dans la correspondance du P. d’Alzon (1) où il est souvent désigné comme Frère Augustin de Saint-Gilles (1). Son premier parcours à l’Assomption est assez complexe. Il entre en contact avec l’Assomption en 1872, mais au Vigan le P. Henri Brun s’aperçoit que son admission pour un noviciat canonique n’a pas revêtu les formes demandées. C’est ainsi qu’en novembre 1878 seulement, le P. Picard qui estime ce jeune homme fait entériner son parcours et ses services à l’Assomption en l’admettant au noviciat parisien de la rue François ler (3). Il prend l’habit le 8 décembre 1878, sous le nom retenu de Frère Augustin et, profès annuel en 1879 selon la coutume, il prononce ses voeux perpétuels le 10 décembre 1880 à Paris, l’année même de la mort du Fondateur. Quel est son parcours exact de formation théologique ou philosophique? Il est difficile de le reconstituer avec précision: on sait seulement qu’il accompagne les novices à Osma en Espagne. Sans doute étudie-t-il la théologie en rendant des services à la maison du noviciat. Il est certain qu’il est ordonné prêtre le 23 décembre 1882 par l’évêque de Nice, Mgr Victor Balaïn. La carrière du P. Augustin se déroule d’abord dans les alumnats ou maisons d’études du Nord de la France ou en Belgique: Arras pendant 9 ans (1886-1895), Taintegnies en Belgique (1895-1898), Arras à nouveau (1898-?), Zepperen (?), Courtrai (?), Le Bizet en Belgique (1913-1918); Clairmarais dans le Pas-de-Calais, de 1918 à 1920, à Lyon (Rhône) comme chapelain aux Etroits, Saint-Gérard (1922-1923), Clairmarais (1924-1927). En 1927, le P. Augustin retrouve ses racines méridionales, en étant affecté à l’alumnat de Poussan (Hérault), de 1927 à 1933, puis à celui de Vérargues (Hérault) à partir de 1933. Il meurt à Montpellier (Hérault), doyen d’âge de la Congrégation, le vendredi 19 janvier 1945, à 91 ans. Ses obsèques se déroulent en l’église Sainte-Thérèse de Montpellier le dimanche 21 janvier, en présence du doyen du chapitre cathédral, Mgr le chanoine Maubon, son ancien élève. Il est inhumé le lendemain, 22, au cimetière Saint-Lazare de Montpellier, dans le caveau de l’Assomption construit en 1937. Traits de personnalité. Le P. Augustin était la bonté même, avec de grands éclats de voix, des colères subites qui s’adressaient généralement à l’ensemble de la communauté, mais à personne en particulier. Ses élèves l’aimaient beaucoup. Il savait donner des classes de musique d’un entrain endiablé. Quand il faisait passer des examens, les plus malins avaient soin de l’aiguiller sur la politique et le laissaient ainsi parler sur ses thèmes favoris. En écoutant sagement ses invectives, ils étaient toujours sûrs d’avoir une bonne note. Après la guerre de 1914, il eut quelques expériences de vie pastorale à Clairmarais et à la chapelle des Etroits près de Lyon. A Saint-Gérard, auprès des novices, on goûtait sa simplicité, sa bonne humeur habituelle et sa bonté paternelle. Il aimait taquiner la muse et on lui doit ainsi des poésies sur les sujets les plus divers. Il burinait des sonnets aussi bien sur le cèdre que sur l’hysope ou sur la virgule que sur le point d’interrogation. Pour lui faire plaisir, il suffisait de lui demander d’ouvrir ses carnets de poésie. On n’irait pas jusqu’à prétendre que l’inspiration y soit toujours riche, mais l’originalité souvent, le Père s’ingéniant à farcir ses poèmes de mots rares ou savants. Les fontaines du Parnasse lui gardèrent sans doute une âme jeune et fraîche jusqu’à l’âge avancé de 91 ans. (1) Première citation sur le plan chronologique, tome X, p. 86 (lettre du P. d’Alzon au P. Vincent de Paul Bailly, 16 juillet 1873). (2) Il s’agit du Frère Eugène Nermel. (3) Cette longue attente a pu provoquer chez le Frère Augustin des moments de découragement. En 1885, le P. Augustin partira quelques jours sur un coup de tête à la Trappe de Soligny. Le P. Picard le recevra paternellement à Paris, à son retour.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille, 1945, p. 7 et 17. Lettre à la Famille, supplément 145, n 8, p. 34-35. Lettres d’Alzon, tome XIII, 1996, p. 458. Procès-verbal d’une réunion des Religieux de Paris, le 15 novembre 1878. Du Père Augustin Nègre, dans les ACR, rapports sur Clairmarais (1926-1927), cor- respondances (1901-1931). Notices Biographiques