Barthélemy (Jean-François) ROUSSEAU – 1903-1961

Bavai, 1927.
«Je ne voudrai pas quitter Bavai (1) sans venir vous adresser un merci
reconnaissant pour la
permission accordée. Ces fêtes furent vraiment réussies. On parla plus au
sujet du retour
des religieux en France que de la fondation du collège lui- même. Le
dimanche soir, on donna le film de la D.R.A.C. sur les religieux. Le lundi,
pendant le repas, des discours furent prononcés toujours pour réclamer nos
libertés et le retour des religieux. M.
Poupon fit un beau discours dans ce sens. Mgr Chollet (2) lui répondit très
bien et dit:
‘Monsieur Poupon, je sais que vous voyez souvent le Supérieur général des
frères des Ecoles Chrétiennes,-je vous prie de lui dire ainsi qu’aux autres
Congrégations que le les accepte dans mon diocèse en habit religieux, ils
n’ont qu’à venir et je les défendrai! M. le Supérieur fut vraiment heureux
de me
revoir. Il me présenta à l’archevêque qui daigna me bénir. Je termine en
vous présentant mes remerciements
».
Frère Barthélemy Rousseau.
(1) Bavai est une commune du
Nord proche de Bettrechies.
(2) Archevêque de Cambrai de
1913 à 1952.

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Paris. Sur les routes. Jean-François Rousseau est né le 5 mars 1903 à Bettrechies (Nord). Les circonstances de la guerre le font entrer en 1918 à l’alumnat, nouvellement fondé, de Saint-Sigismond (Savoie) qu’il quitte deux ans plus tard, en 1920, pour devenir une des premières recrues d’une autre fondation, l’alumnat de Scy- Chazelles (Moselle). Il n’y reste que quelques mois et vient terminer ses études de grammaire à Zepperen en Belgique (1921) d’où il se rend encore à Sart-les-Moines pour ses humanités (1922-1923). Après un an de service militaire comme infirmier à Thionville, il prend l’habit, sous le nom de Frère Barthélemy, au noviciat de Taintegnies, le 31 octobre 1924. Il y prononce ses premiers vœux le ler novembre 1925. Il accomplit ensuite trois années d’études philosophiques à Saint-Gérard (1925-1928) et quatre années de théologie à Louvain le conduisent au sacerdoce. Profès perpétuel le ler novembre 1928, il est ordonné prêtre le 5 juin 1932 à Louvain. Dans l’enseignement. L’obéissance l’affecte tout d’abord à l’alumnat de Davézieux en Ardèche où le P. Damascène Dhers lui confie la classe de sixième. Le Père Barthélemy cache sous sa haute taille et sa démarche assurée un tempérament sensible et timide à l’excès. Avant ses premiers contacts avec sa classe, une question roule sans cesse dans sa tête: « Comment vais-je aborder mes élèves? » Pour sa première entrée dans l’arène, il use d’un subterfuge: « Nous avons la surprise, raconte un ancien élève, de voir entrer dans la classe deux professeurs. Le P. Jean-Joseph Marcilhac vient présenter le nouveau titulaire et l’aide à affronter les regards de sa ‘ménagerie». A partir de cet instant, le Père Barthélemy prend confiance en lui-même. A.A Pour mener rondement son petit monde, il possède des qualités naturelles suffisantes, la stature, le ton de la voix, le froncement des sourcils qui imposent le respect, maintiennent l’ordre et forcent au travail. Quand vient son tour de surveillance, après un professeur trop débonnaire, les élèves savent qu’ils doivent se tenir cois. Comme professeur, le Père s’y entend pour donner aux jeunes le goût du beau et du parfait à quoi entraîne la clarté de ses explications. Pour stimuler les ardeurs, il inaugure en fin de quinzaine une loterie où gagnent les six premiers. Comme enjeux, des bibelots utiles, un canif, une revue missionnaire, un almanach… Il exerce à Davézieux pendant 14 ans, avec une interruption en 1933 où il est rappelé en Belgique, au Bizet. Economat et servie paroissial. En 1948, le P. Barthélemy quitte l’enseignement pour l’économat dont il s’acquitte à la satisfaction de tous. Il a une grande confiance en la Providence et sa confiance ne le trompe pas. Il ajoute volontiers à sa charge des remplacements dans les paroisses des environs. Ce ministère occasionnel ne suffit pas à sa peine. C’est pourquoi il accepte de prendre en charge la paroisse voisine de Bougé-Chambalud (Isère). Il habite le presbytère et se donne un ordre du jour précis pour la semaine: visite des malades, catéchisme, réunion des jeunes, culture des fleurs pour l’autel. Il n’attend pas que ses paroissiens fassent appel à lui, il leur rend visite comme un père se porte au-devant de ses enfants. Aucune porte ne lui est fermée, celle du pratiquant comme celle de l’incroyant. Tous lui vouent une grande estime, fascinés par sa franchise, sa bonté et sa simplicité. C’est dans la solitude de sa modeste chambre à Bougé- Chambalud que la mort vient le surprendre, le 16 juillet 1961. Il est inhumé dans le cimetière du village. Depuis deux ans, il était informé sur son état de santé, tout laissait deviner une issue subite. La mort ne lui faisait pas peur, il en partait encore la veille de son départ avec bonhomie. L’alumnat Saint-Régis perd son économe, le plateau de Davézieux un ami et le village de Bougé-Chambalud son curé, autant de grands vides difficiles à combler.

Bibliographies

Bibliographie et documentation : B.O.A. octobre 1962, p. 171. Paris-Assomption, décembre 1961, n° 79, p. 29-32 (d’après le bulletin L’Appel de Davézieux). Lettre à la Famille, 1962, n° 328, P. 205-206. Lettre du Frère Barthélemy Rousseau au P. Aymard Faugère, Bavai, 7 juin 1927. Dans les ACR, du P. Barthélemy Rousseau, quelques correspondances (1924-1927), un carnet de notes de retraites (1937-1931). Notices Biographiques