Benoit-Labre ou Benedict (G.-Ed.-J.) CARON – 1870-1950

Le Père Benoît-Labre au noviciat des Oblates de Charlton.
« Au moment de la guerre de
1940, le P. Basile étant décédé, le P. Benoît-Labre devient curé de
Charlton et rend service au noviciat anglais des Oblates voisin. I1
multiple ses instructions soigneusement préparées, enthousiastes et
convaincantes. Chaque fois il arrive en donnant l’impression de faire une
découverte incomparable, utilisant des textes de Mgr Gay, de Mgr d’Hulst,
du P. Grou, de Newman ou du P. Faber, ses
auteurs préférés. Théologien et casuiste, il sait trancher d’un mot la
difficulté ou une obscurité. I1 chérit les Fioretti du Rouergue, 1ivre qui
lui a été offert. I1 contribue à
l’achat d’un harmonium pour remplacer un petit instrument essouff1é. I1
aime rehausser les cé1ébrations liturgiques, connaître les dernières
parutions de librairie: c’est
ainsi qu’il dévore L’Histoire du sentiment religieux en France en huit
volumes ».
Décédé d’une crise cardiaque le 2 août 1950, le Père Benoît- Labre laisse à
ses Sœurs Oblates de Charlton le
souvenir ineffaçable de son constant dévouement à leur égard.

Religieux français de la Province de Paris.

Une ‘famille’ assomptionniste du Nord.

Gustave-Edouard-Joseph Caron est né le 3 mai 1870 au Maisnif, commune du Nord près d’Haubourdin dans une famille qui donne à l’Assomption trois religieux et une sœur, Oblate (Octavie). Tout le parcours de sa première formation se déroule dans le cadre des diocèses de la région: école primaire à Tilques (Pas-de- Calais), études secondaires au collège Saint- Bertin à Saint-Omer (1882-1887). Il entre au petit séminaire de Solesmes (Nord) pour le cycle de philosophie et commence sa théologie au grand Séminaire de Cambrai (1888-1889). Pour une raison que nous ignorons, il s’adonne quelques années à l’enseignement: à Dohem (Pas-de-Calais) en 1889, au collège Saint-Vaast de Béthune en 1890 et au collège Saint-Joseph d’Arras en 1891. C’est alors que le jeune Gustave demande à entrer à l’Assomption où ses frères Octave et Octavien sont déjà religieux: il commence son noviciat à Livry dans la banlieue parisienne en août 1892 sous le nom de Frère Benoît-Labre. Il y prononce ses premiers vœux le 18 septembre 1893 et part ensuite à Rome pour un complément d’études théologiques (1893-1896). Titulaire du baccalauréat, le Frère Benoît-Labre y décroche un doctorat en théologie. Il prononce ses vœux perpétuels à Rome le 18 septembre 1894 que reçoit son frère le P. Octave et est ordonné prêtre le 29 septembre 1895 à Phanaraki (Turquie).

En mission en Angleterre.

Les premières années apostoliques du P. Benoît- Labre se déroulent sur le sol national: Toulouse (1896-1898), Sainghin-en-Weppes (1898-1901), localité près de Lille et de la frontière belge où deux prêtres séculiers, amis de l’Assomption, M.M. Courtois et Quentin, curé doyen de Radinghem, favorisent l’implantation d’un alumnat en 1893.

Le P. Benoît-Labre y est nommé supérieur: sage, pondéré, calme, homme d’une régularité féconde – l’antithèse même, sur ce dernier point, de son prédécesseur, le P. Jean-François Pautrat – il peut espérer un apostolat paisible. Mais c’est sans compter, en 1899, avec les perquisitions, les procès et leur conclusion inévitable: la sécularisation, l’expulsion. Bien que sauvée par l’abbé diocésain Langrand, l’institution est transférée en Belgique (1902). Commence alors pour le P. Benoît-Labre qui connaît bien la langue anglaise une nouvelle vie sur la grande île voisine: Bethnai Green à Londres (1902-1904), Charlton (1904-1905), Bethnal Green (1906-1930), Brockley (1930-1932) et Chariton (1932-1950). En 1923, il est affecté officiellement à la Province de Paris et en 1947 il demande à être affilié à la mission d’Angleterre où il se trouve depuis presqu’un demi-siècle en service pastoral.

Si High Combe, la belle propriété – qui après 1906 devient le presbytère des religieux à Charlton où viennent s’établir au début du siècle les huit premières Oblates dont les Mères Franck – a alors fière apparence au milieu de son parc, de ses serres et de son opulent verger, le P. Benoît-Labre aumônier des religieuses loge, lui, dans l’ancien appartement du cocher, à l’emplacement de ce qui deviendra par la suite l’école paroissiale. On doit :à son sens pratique de transformer les étables vides en atelier où il se met à la menuiserie à ses temps libres. De ses mains sortent tables, bancs, agenouillons. Le jardin a aussi toute son attention: des choux, il prépare de la choucroute afin d’améliorer l’ordinaire des Sœurs. Il rend le service de l’eucharistie aux six catholiques découverts dans les environs grâce au laitier. Le dimanche soir, il catéchise les enfants des environs qu’il peut regrouper. Sa grande préoccupation est d’introduire le culte du Sacré-Cœur. Il retrouve Charlton plus de 25 ans après et y reprend ses campagnes d’évangélisation. En 1940, il accueille les Sœurs dans les sous-sols de son presbytère et détend l’atmosphère en tirant de sa poche les fables de La Fontaine qu’il sait déclamer avec art et comique. Le P. Benoît-Labre meurt à Charlton le 2 août 1950, il y est inhumé.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille 1951, n’Ill, p. 18-19 (le P. Caron et les Oblates). The Assumptionist, Christ King 1950, p. 16-19. Les archives romaines gardent une importante correspondance du P. BenoÎt-Labre, entre 1894 et 1949, ainsi que des rapports sur les œuvres et les maisons assomptionnistes en Angleterre dont Charlton et Bethnal Green.