Religieux de la Province de Lyon.
Le solitaire de Brousse.
Jean-François Menthon est né le 16 juin 1868 à Viuz-la-Chiesaz (Haute-Savoie), village du futur Mgr Louis Petit dont il est le compagnon d’enfance. Comme ce dernier, il fait ses études à l’alumnat de Notre-Dame des Châteaux en Savoie (1879-1883), puis à Clairmarais (Pas-de-Calais), de 1883 à 1885. Il est l’un des religieux enthousiastes d’Osma où il prend l’habit le 2 février 1886, puis de Livry (Seine- Saint-Denis) en voie d’aménagement où il prononce ses premiers vœux, le 16 juillet 1887, sous le nom de Frère Bernardin. Préludant aux nombreux séjours qu’il va faire en Orient, il est envoyé à Brousse (Turquie) pour y enseigner le français dans les petites classes (1888-1889). C’est là qu’il prononce ses vœux perpétuels, le 18 février 1888. Il est chargé de 1889 à 1890 d’un petit alumnat préparatoire à Koum-Kapou et enseigne à l’école (1890-1891). Il vient à Rome étudier la philosophie et la théologie, de 1891 à 1894 et décroche le doctorat en philosophie. L’ordination sacerdotale du Frère Bernardin est datée du 7 août 1892, à Livry. Tout jeune prêtre, il est envoyé dans les alumnats: Villecomtesse et Montfort dans l’Yonne (1894- 1898) comme professeur et supérieur. On reconnaît la grande valeur de sa formation. En 1899, il repart pour la Turquie pour un long séjour avant la première guerre mondiale: Koum-Kapou (1899- 1901), Kadi-Keui (1901-1903) où il enseigne les lieux théologiques et sert d’aumônier aux Oblates d’Haidar-Pacha; Césarée (1903-1908) où, logeant chez les jésuites, il est un missionnaire de rite grec, New-Chéïr (1908-1914). Il y fonde avec le P. Léandre Gayraud la mission grecque, dans un isolement pénible et la dureté de nombreuses privations. La déclaration de guerre en 1914 le trouve à Césarée de Cappadoce, aumônier du rite grec.
Revenu en France, rendu au rite latin, réfugié à Sept-Fons et à l’orphelinat d’Arras également transféré (1915-1917), il attend patiemment la fin de la tourmente, trouvant la force de rejoindre l’archevêché d’Athènes pendant six mois (1917-1918) et venant rendre le service de l’aumônerie de Jalesnes aux Oblates (1918-1919). Ses supérieurs le nomment alors à Sart-les- Moines (1919-1921), le déplacent à Saint-Guilhem-le-Désert (Hérault), de 1921 à 1922, comme directeur des vocations tardives. Il passe ensuite aux Essarts (Seine-Maritime), de 1922 à 1924, et au Bizet (Belgique), de 1924 à 1925 comme supérieur de transition. En 1925, le voilà de nouveau à Brousse. Il ne fait que passer en Roumanie, à Beïus et Lugoj, en 1926. C’est Brousse (Turquie) qui le retient de 1928 à 1940. Seul, dans un poste qu’il connaît bien et qu’il aime, il prend en charge la chapelle, encore ouverte, pour quelques familles chrétiennes restées dans la ville qui lui sont reconnaissantes de son soutien et le défrayent de tout souci ou de toute préoccupation matérielle. Homme silencieux par tempérament, par vertu et par nécessité, très intéressé par l’étude, le P. Bernardin peut se consacrer à un véritable travail intellectuel de recherche sur le passé chrétien de la région. Il publie un ouvrage très documenté sur l’Olympe de Brousse, les saints moines et monastères des montagnes environnantes dont il tente de retrouver quelques vestiges archéologiques. Après un court séjour à Ankara (1940), le P. Bernardin revient en France. On lui assigne la maison de repos de Lorgues (Var). Mais l’inactivité lui pèse et il accepte dans la montagne de la Sainte-Baume un poste d’aumônier dans une petite communauté, près de la grotte sanctuaire dite de Marie-Madeleine. Un jour d’excursion, il se perd dans la forêt et passe la nuit dans les fourrés et les rochers. On le retrouve le lendemain, sur un autre versant de la montagne, tout fier de n’avoir aucun mal. Il reprend à Lorgues la vie communautaire et continue d’arpenter les environs. Bon marcheur, il se maintient en bonne santé jusqu’à l’été 1952. Il meurt le dimanche 19 octobre suivant, dans sa 85ème année, sans secousse, comme une lampe qui s’éteint. Il est inhumé à Lorgues.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. avril 1953, p. 35-36. Lettre à la Famille, 1952, n° 146, P. 94-95. Lettre du P. Bernardin Menthon au P. Janin, non datée (fonds i.F.E.B.) . Dans les ACR, du P. Bernardin Menthon, rapport sur Montfort (1898), sur Césarée (1906), sur New-Chéïr (1910-1913), sur les vocations tardives (1920), sur les Essarts (1923), correspondances (1890-1937). Le P. Bernardin a écrit un ouvrage sur les Monastères Olympiens, 1934. il a également donné quelques articles dans la revue des Echos d’Orient.