Religieux de la Province des Pays-Bas.
Frères jumeaux, dans la même voie.
Corneille Lindeman naît à Zwolle, aux Pays-Bas, le 24 août 1912. Son nom évoque indissociablement celui de son frère jumeau, également assomptionniste, le P. Michaël (1912-1969). Ensemble ils grandissent dans le même idéal, au point d’échanger leurs prénoms: Corneille devient religieux sous le prénom de Bernardus (Bernard) prenant le prénom de son frère Bernard devenu le P. Michaël. C’est le désir du sacerdoce qui attire également Corneille à Boxtel en 1927 où son frère, attristé de cette séparation, vient le rejoindre. En 1931, Corneille doit abandonner les études et retourner dans sa famille. Cette fois c’est lui qui demande à retourner auprès de son frère, plus chanceux en études. Corneille est alors accepté en qualité de frère coadjuteur. Il entre au noviciat à Taintegnies où il prend l’habit le 12 février 1933. Le P. Romanus Declercq, son maître des novices, l’apprécie: « Le Frère Bernardus a fait 4 ans d’études à Boxiel, puis a dû renoncer. Généreusement, il demande à être frère coadjuteur. Son tempérament très nerveux a parfois été une gêne dans la vie communautaire; peut-être cela latin empêché de sonner toute sa mesure. Je crois cependant qu’il lutte contre les excès de son caractère emporté. il fait preuve de beaucoup de bonne volonté, y va rondement, me paraît pieux, très dévoué et de bon cœur. Peu à l’aise dans de simples travaux manuels, il accepte la responsabilité d’emplois plus imposants ». Le Frère Bernardus prononce ses premiers vœux le 13 février 1934, à Taintegnies, et ses vœux perPétuels le 13 février 1937 à Boxtel. De 1934 à 1941, il est attaché à la maison de Boxtel où il rend de nombreux services à l’école apostolique. Il est d’ailleurs un vigilant portier partout il est nommé: Boxtel, puis le centre universitaire de Nimègue (1941-1943)
qui devient la résidence du Provincial de Hollande en 1946. Son frère, le P. Michaël est ordonné prêtre en 1945 et nommé professeur à Boxtel. C’est à Boxtel que les deux frères se retrouvent et vivent côte à côte durant 14 ans (1945-1959): en 1959, le P. Michaël part en France en paroisse, à Revigny-sur-Ornain (Meuse). Pendant toute cette période de vie commune, le P. Michaël n’omet jamais de rendre une visite quotidienne au Frère Bernard, profitant de la récréation de dix minutes qui séparent les classes de la matinée. Il y trouve, prête, sa tasse de café qu’il baptise tasse de consolation. Très longtemps les deux frères inséparables sont presque interchangeables, tant leur ressemblance physique est grande, jusqu’au ton de voix, au rire, au caractère enjoué et à leur commun empressement à rendre service. Ils ont tous les deux des dispositions musicales, le Frère Bernard jouant du violon et le Père Michaël du piano. La population de Boxtel les confond habituellement, les prenant l’un pour l’autre. Chacun y va de sa réponse malicieuse: « Pardon, cher ami, je suis le Père; excusez- moi, je suis le Frère ». Avec les années, la ressemblance physique entre les deux frères s’estompe, le P. Michaël prenant une sérieuse avance quant à l’embonpoint. Facétieux tous les deux, ils aiment jouer des tours, n’hésitant pas à accompagner leurs visiteurs en barque sur le fossé d’eau qui entoure le château de Boxtel et à leur provoquer quelques émotions. le Frère Bernardus ne perd pas sa bonne humeur quand il doit être amputé d’une jambe, mais souffre de devoir réduire ses activités. En juillet 1969, il a la douleur de perdre son frère, le P. Michaël. L’évêque de Verdun, Mgr Boillon qui tient à présider les obsèques de ce religieux, écrit au Frère Bernardus une lettre touchante de condoléances: « Votre Frère était d’un dévouement sans bonnes, il en est devenu victime ». On trouve le Frère Bernard mort dans sa chambre, le 22 juin 1977. Il n’a que 65 ans. La grande église paroissiale Saint-Pierre de Boxtel est comble le jour de ses funérailles, célébrées le 23 juin. il prend place au cimetière, selon son désir, dans la fosse qui recueille les restes de son frère, marquant ainsi une communauté de vie et de destin que la mort elle-même ne semble pouvoir interrompre.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 47-48. In memoriam Broeder Bernard Lindeman 1912-1977 par le P. Domitien Meuwissen (pour De Schakel, 1977), p. 141-146. Lettre du P. bernard Lindseman au P. Domitien Meuwissen, 27.02.1959 (traduction du P. Louis Augustijns). Souvenirs du P. Domitien Meuwissen sur le Frère Bernardus Lindeman, 1977. Dans les ACR, quelques correspondances du Frère Bernardus Lindeman (1959-1964).