Berthou (Antoine) BERTHOU – 1896-1972

De bonnes nouvelles.

Je suis un bien mauvais correspondant. Maintenant que me voilà en
Argentine, je vais essayer de me corriger de ma paresse chilienne pour vous
donner de temps à autre des nouvelles de Santos Lugares. Comme cadeau de
fête, je vous donnerai une excellente nouvelle: Santos Lugares a retrouvé
l’union, le calme et nos actuelles fêtes de jubilé des 25 ans d’existence
de la paroisse nous font remonter dans l’estime de l’évêque témoin de la
cohésion
de notre paroisse et de la force de nos œuvres. Il était temps d’en finir
avec les discordes et les potins… De nouveau nous avons l’appui épiscopal
qui est nécessaire à notre couvre de Lourdes.
Une autre bonne nouvelle, c’est que la dette des 65.000 est tombée à 25.000
pesos et sous peu j’espère l’éteindre complètement. Quand vous reviendrez
ici, nous n’aurons que de bonnes choses à vous dire et à vous montrer. Pour
le moment, je me contente de vous dire que je n’ai jamais oublié votre
visite à Los
Andes et vos fraternels encouragements. On en a besoin dans la vie! En N.S.
et l’Assomption, nous restons vos fils très dévoués et très affectueux ».
P. Antoine Berthou au P. Gervais Q., 9 juin, 1936.

Religieux français de la Province d’Amérique du Sud.

Un breton intrépide, d’une volonté de granit.

Antoine est né le 20 juillet 1896 à Daoulas (Finistère). En août 1906, il entre à l’alurnnat de Bure (Belgique) jusqu’en 1911, continue à Ascona en Suisse (1911-1912) et Gempe en Belgique de 1912 à 1913. C’est à Limpertsberg (Luxembourg) qu’il commence son noviciat – il prend l’habit le 14 août 1913 – pour le terminer à Louvain où il prononce ses premiers vœux le 19 mai 1918, sous son nom patronymique de Berthou. De mars à septembre 1919, il doit accomplir une période militaire. Les études de philosophie ayant occupé une partie du temps passé dans le Grand-Duché (1915-1917), le fr. Antoine Berthou peut aborder les études de théologie à Louvain de 1918 à 1922: c’est là qu’il devient profès perpétuel le 6 novembre 1921 et est ordonné prêtre le 5 août 1923 par Mgr Nicotra. Loué pour son dévouement et son savoir-faire incroyable, il est crédité des qualités naturelles et des vertus qui font les saints, estimé laborieux par tempérament, doté d’une force de volonté comparée à la résistance du granit! Ses goûts vont à l’apostolat sous n’importe quelle forme.

En mission au Chili: Los Andes.

Forts de cette disponibilité, les Supérieurs l’envoient d’abord au Chili, à la mission de Los Andes (1923-1925). Le P. Antoine s’embarque à Marseille le 20 octobre 1923 en compagnie des P.P. Zénobe Goffart et Armand Guillon. Sur place, le P. Antoine est chargé, par le P. Godefroid Pierson son supérieur, d’une communauté de Carmélites où son franc-parler est compensé ou relativisé par les filles de Sainte-Thérèse grâce à l’ardeur communicative du néophyte.

Notices Biographiques A.A Page : 265/265 En mission en Argentine: Santos Lugares.

En 1925, on lui fait savoir qu’il serait bien utile comme économe à la récente fondation de Santos Lugaros, il s’y rend de bon cœur de 1925 à 1926, le temps de s’occuper activement de la chapelle de Caseros. En 1926, il repasse les Andes, de nouveau pour Los Andes où il est nommé supérieur et où il se donne pour objectif de fonder une véritable paroisse. Il n’épargne pas sa peine, sillonnant la Cordillière en tous sens à la recherche de tous les fidèles abandonnés par manque de structures paroissiales, catéchisant les enfants et régularisant les unions. Pour cela il n’hésite pas à créer des succursales ou chapelles de desserte, abandonne le moyen de locomotion traditionnel, le cheval, pour la moto, ne craint ni les chutes ni les rencontres intempestives dont celle d’un ours. Seule a raison de son endurance une septicémie que sa robuste constitution parvient à vaincre, non sans lui laisser quelques traces. Homme d’esprit pratique et prévoyant, il fait construire à Los Andes une église suffisamment solide pour résister aux tremblements de terre et fonde un collège pour filles avec l’aide d’une Congrégation religieuse chilienne en transformant un théâtre. Le P. Michel Pruvost, Supérieur Provincial, impressionné lors d’une visite canonique, demande alors au P. Antoine le triple service de curé, économe et supérieur à Santos Lugares (1936-1945). La ‘maladie de la pierre’ le poursuit en Argentine où il achève la basilique et construit un collège grâce au dynamisme des Associations de Lourdes animées par le P. Jorge Neusch et à la force des mouvements de jeunesse alors en plein essor, avant la prise de pouvoir de Péron. A partir de 1947, le P. Antoine se consacre à la direction du collège. A partir de 1970, la santé du P. Antoine donne des inquiétudes: atteint de diabète, souffrant depuis longtemps d’urémie, il est rongé par un cancer, il meurt le 22 février 1972. Les funérailles sont célébrées le lendemain 23 février, présidées par le Père Roberto Favre. L’ceuvre accomplie par le P. Antoine, même si elle a pu susciter à cause de ses méthodes des griefs fondés, reste un monument de courage apostolique et d’esprit d’entreprise tout à fait méritant, intrépide comme l’homme.

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Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1974, p. 239. Asuncion (bulletin d’informations de la région d’Argentine), février 1972, n° 14, 12 pages. Chili-Argentina, avril 1972. Les Archives de Rome détiennent quelques rapports du P. Antoine Berthau en mission à Los Andes (1930-1936) et à Santos Lugares (1936-1954), ainsi qu’un petit nombre de correspondances.