Blaise (Léon) CHERUY – 1884-1966

Jubilé ‘intime’ à Reims.
« Ma famille a voulu maintenir la date du 7 juillet
[1962] pour fêter le cinquantenaire de son prêtre: ce lui était
consolation. Le Père Max [Chevalier Chantepie] ouvrait les portes comme son
cœur qui ne voudrait rien refuser. Vous même m’écrivant le 6, au milieu de
vos travaux à Lormoy, me donniez encore une preuve de votre charité
augustinienne et assomptionniste. Est-ce pénible de se dévouer en une
famille où règne l’amour divin? La peine est de ne pouvoir réaliser tout ce
que l’on voudrait. Le P. Fulbert
[Cayré], co-novice d’antan, jubilaire de l’année lui-aussi, fut l’aide et
le témoin de cette fête intime. Hier en notre cathédrale et paroisse,
j’étais entouré d’âmes priantes avec tous nos morts. Emotion, trouble qui
ne dissout qu’avec
la certitude que Frères et Pères soutiennent ce fêté défaillant.
A toute la famille mon Père, ma reconnaissance et mon désir de servir
malgré son indignité.
P. Blaise Chéruy au P. Dufault, Reims, 16 juillet
1962.

Religieux de la Province de Paris.

Parcours religieux.

Léon-Joseph-Hubert Chéruy naît le 15 février 1884 à Taissy dans la Marne, d’une famille de commerçants aisés, installés par la suite à Reims. Il fait ses études secondaires dans les écoles apostoliques des jésuites (Amiens, dans la Somme et Thieu, près de Mons en Belgique) de 1896 à 1902. Il devance l’appel pour faire l’armée (1902-1903). Un pèlerinage à Jérusalem le met en contact avec l’Assomption: il vient rencontrer avec son père, Edmond Chéruy, le P. Picard à Louvain qui lui répète: « Donnez-vous au bon Dieu, Lui-même fera le reste ». Léon prend l’habit à Louvain le 13 décembre 1903 sous le nom de Frère Biaise. Après sa première profession le 21 décembre 1904, il est envoyé à l’alumnat de Bure (Belgique) pour une année d’enseignement (1). De 1905 à 1907, il accomplit à Louvain ses études de philosophie. A nouveau il va enseigner à Bure de 1907 à 1908, séjour pendant lequel il prononce le 6 août 1907 sa profession perpétuelle. En septembre 1908, nous le trouvons au Bizet; mais au début de l’année 1909, il gagne Louvain pour reprendre le cours de ses études ecclésiastiques. Il y est ordonné prêtre le 7 juillet 1912 par Mgr de Wachter. Après une année complémentaire à Rome (1912-1913) et une autre à Jérusalem (1913-1914), la guerre le ramène en France.

Sous le feu et la mitraille.

Affecté au 132ème Régiment d’infanterie, il fait campagne de 1914 à 1918, participant à toutes les actions de terrain de son unité, notamment aux Eparges, à Bouchavesnes et à Verdun. Ces quatre années le marquent profondément: constamment sa mémoire fidèle en évoque les épisodes et il a gardé précieusement dans un journal de campagne une masse de notes détaillées,

Jubilé ‘intime’ à Reims. « Ma famille a voulu maintenir la date du 7 juillet [1962] pour fêter le cinquantenaire de son prêtre: ce lui était consolation. Le Père Max [Chevalier Chantepie] ouvrait les portes comme son cœur qui ne voudrait rien refuser. Vous même m’écrivant le 6, au milieu de vos travaux à Lormoy, me donniez encore une preuve de votre charité augustinienne et assomptionniste. Est-ce pénible de se dévouer en une famille où règne l’amour divin? La peine est de ne pouvoir réaliser tout ce que l’on voudrait. Le P. Fulbert [Cayré], co-novice d’antan, jubilaire de l’année lui-aussi, fut l’aide et le témoin de cette fête intime. Hier en notre cathédrale et paroisse, j’étais entouré d’âmes priantes avec tous nos morts. Emotion, trouble qui ne dissout qu’avec la certitude que Frères et Pères soutiennent ce fêté défaillant. A toute la famille mon Père, ma reconnaissance et mon désir de servir malgré son indignité. P. Blaise Chéruy au P. Dufault, Reims, 16 juillet 1962.

Notices Biographiques A.A épinglant les noms de personnes, de lieux et d’affrontements. Il se comporte au front avec une vaillance héroïque, comme en font foi les trois citations à l’ordre de la Brigade et lors de la remise de la Médaille militaire (1933). Brancardier-prêtre, il contribue à l’évacuation des nombreux blessés et participe à l’identification des morts dont la reconnaissance permet une inscription sur leur tombe. Il conserve sur lui hosties consacrées et huiles saintes pour être prêt aux secours religieux.

Disponible sur les fronts de l’Assomption.

Démoblisé en 1919, le P. Blaise fait partie du premier contingent envoyé en renfort par le P. Maubon au Chili: il y est vicaire à Talcahuano, à Valparaison et à Conception. Une malencontreuse chute de cheval le rend infirme. Il ne peut plus marcher que déhanché, appuyé sur une canne et avec douleur. Il rentre en France. Son infirmité rend difficulté un poste approprié: Arras (1924-1923), Paris quai de javel (1925-1926), Longjumeau (1926-1928), Le Bizet (1928-1930), Lille (1930-1931) où le P. Eustache Pruvost s’efforce d’établir une ‘Maison du jeune homme’ (1931). De là il se rend dans le groupe de paroisses prises en charge dans la Marne: Montmirail, Vauchamp, Fromentière (1931 à 1940) et Verdelot (1940-1949). Il ne quitte ce ministère paroissial que forcé par la maladie. De 1949 à 1951, il revient à Paris quai de javel. En 1951, le P. Merry-Susset l’appelle à la maison provinciale de Denfert-Rochereau en qualité d’archiviste. Son âme de collectionneur s’en donne à cœur joie, il accumule selon un ordre qui lui est propre une masse de documents. Il tient à jour avec minutie les registres, collabore à ‘Paris-Assomption’, établit les résultats du concours des Alumnats, expédie faire- parts et annonces officielles. Photographe amateur, il a soin de fixer sur son objectif les têtes des visiteurs à Denfert. Confesseur assidu, il sait rendre de multiples services à tous ceux qui se contient à sa sollicitude. En janvier 1966, son état de santé inquiète son entourage. En juin il est hospitalisé à l’hôpital Saint-Joseph où il meurt le 4 août 1966. Il est inhumé à Montparnasse le 6 août. (1) Et pourtant il se semble pas avoir fait partie du corps enseignant à Bure de 1904 à 1905, d’après le Registre du corps enseignant…

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. janvier 1967, p. 177-178. Paris-Assomption, août 1966, n° 101, p. 23-29. Lettres du P. Chéruy (1904-1952).