Candide (Jacques) DABAT – 1886-1930

Saint-Caprais
« Dieu a béni cette première année d’essai à S. Caprais: Pas de difficultés
sérieuses dans notre entrée en charge. Mgr nous a accueillis avec
bienveillance, M. le Chanoine Martinon supérieur du
Collège, a guidé et soutenu nos débuts; le préfet de discipline nous a
reçus en
‘libérateurs’. Nous ne l’avons pas trop déçu. Les autres, interloqués par
cette inquiétante invasion, ont montré d’abord une correction distante;
maintenant ils sont apprivoisés et nous traitent presque en frères. En
1925, le Collège a traversé une crise d’indiscipline et d’immoralité. Les
élèves sont malléables et dociles mais mous, ils sont des bords de la
Garonne. Nous sommes trois religieux: le P. Vincent Perrier, moi-même et le
P. Yves-Gilbert économe qui exécute ou médite des travaux herculéens, il a
commencé par faire passer le fleuve Lycée dans les écuries d’Augias. Il
songe à présent à y dériver le Pactole. La distribution des bâtiments
présente des défauts, la situation de l’immeuble est ingrate, étouffé par
la
cathédrale et trois rues. Pas de cour pour les professeurs, pas de jardin
… ».
P. Candide, 12 avril 1928.

Candide (Jacques) DABAT

1886-1930

Religieux de la Province de Bordeaux.

Un Pyrénéen.

Jacques est né le 19 mai 1886 à Bourg de Bigorre, dans le canton de Lannemezan (Hautes-Pyrénées). Sa vie en est marquée par les qualités d’endurance et de ténacité. Il fait ses études secondaires dans les alumnats du Breuil (Deux-Sèvres) de 1899 à 1903 à Mongreno en Italie (1903-1904) et à Calahorra en Espagne (1904-1905). Il est enthousiasmé par la devise ou mot d’ordre du P. d’Alzon: « Allez, N’hésitez pas » et il demande à entrer au noviciat de l’Assomption. Le 13 septembre 1903 le P. Emmanuel Bailly lui donne l’habit à Louvain sous me nom de Frère Candide. Il prononce ses premiers vœux le 18 septembre 1906. Pendant quelques années, il est envoyé dans les maisons d’œuvres pour enseigner: Le Bizet (1906-1908), Elorrio (1908-1909). Il est admis à la profession perpétuelle le 13 septembre 1907 à Louvain où il entreprend ses études de philosophie de 1909 à 1912. C’est à Jérusalem qu’il commence sa théologie de 1912 à 1914, études interrompues par la mobilisation (1914-1919). Il fait dans ses différents emplois militaires l’admiration de ses chefs et de ses compagnons, mais lui-même reste très discret sur cette période. En 1919, il reprend le chemin de Louvain (Belgique) pour terminer ses études au milieu de frères beaucoup plus jeunes que lui. Il est ordonné prêtre à Malines le 20 septembre 1919 par Mgr Legraive.

Vocation à l’enseignement.

Le cœur du P. Candide n’a pas varié. Il obtient de ses supérieurs de pouvoir se consacrer à l’apostolat par l’enseignement, sa voie préférée. Il est chargé d’enseigner la classe de rhétorique aux vocations tardives, aussi bien à Sart-les-Moines (Belgique) de 1919 à 1921,

qu’à Saint-Guilhem-du Désert (Hérault) où la protection du cardinal de Cabrières attire quelques années une communauté assomptionniste en 1921-1923 ou encore aux Essarts (Seine- Maritime), Lorgues (Var) et Saint-Denis au nord de Paris, de 1926 à 1927. Au moins d’octobre 1927, le P. Candide reçoit une lettre d’obédience du P. Gervais Quenard le nommant professeur et supérieur du collège Saint-Caprais d’Agen. Sans rechigner, le P. Candide prend une nouvelle fois ses cahiers et le train, heureux de se rapprocher des bords de la Garonne qui lui rappelle les Pyrénées. Mais au bout d’un an seulement, il sent ses forces décliner. Lui qui est si robuste et passionné pour la marche, il sent qu’il n’en peut plus. Les médecins consultés conseillent une opération à laquelle le Père se soumet mais qui révèle également une tumeur cancéreuse. On l’envoie à Lorgues (Var) en 1929, résidence devenue maison de repos, soit-disant pour qu’il se repose. En fait ses jours sont comptés.

S’en aller à grands cris dans la demeure du silence.

Optimiste de nature, le P. Candide cherche à se maintenir dans la gaieté la ligne de fond de son tempérament. Fin lettré, il continue tant qu’il peut à se cultiver et à amasser des notes. Musicien, il joue de la flûte et charme ses visiteurs. Cependant il faut se rendre à l’évidence, le mal progresse inexorablement et les derniers mois constituent un véritable calvaire. La souffrance lui arrache de véritables cris qui terrorisent son voisinage à cause de sa voix tonnante. Le P. Candide meurt le dimanche 15 juin 1930, à 44 ans, non sans avoir remercié ses confrères de leur aide fraternelle. Les funérailles sont organisées dès le lendemain lundi 16 juin. Le P. Faustin Gerbet, supérieur de la résidence de Marseille préside la cérémonie et le corps est accompagné jusqu’au cimetière de Lorgues. La population locale y participe, se souvenant de celui qui a enseigné trois ans sur place et qui a apporté son concours musical aux offices de la paroisse lors des grandes fêtes.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1930 n° 351 p. 121-122; n° 355, p. 154-155. L’Assomption 1930, n° 353 p. 312-313. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Saint-Caprais 1931, n° 1 p. 4-5. Il y a dans les ACR quelques correspondances du P. Dabat (1910-1928) Notices Biographiques