Religieux espagnol de la Province de Bordeaux, mission du Chili.
Une vie qui laisse une impression de sainteté.
Né le 4 novembre 1867 à Nodalo (Espagne) au diocèse d’Osma, Carlos Andres connaît l’Assomption par le noviciat réfugié en Espagne depuis décembre 1880. Il prend l’habit le 28 août 1889 à Osma et prononce ses premiers vœux le 11 mai 1893 à Santiago du Chili. Sa profession perpétuelle, reçue par le P. Thomas Darbois, est datée du 12 mars 1900 à Los Andes au Chili. La fiche de renseignements le concernant ne comporte que ces quelques lignes: le fr. Carlos est cuisinier-jardinier à Osma (Espagne) de 1889 à 1890, à Mendoza (Chili) de 1890 à 1892, à Santiago du Chili de 1892 à 1896 et à Los Andes de 1896 à 1931. Ce frère espagnol, venu à Osma, quitte son pays en 1890, à la fermeture de cette communauté. Il rejoint Livry et de là part pour le Chili d’où il ne reviendra jamais en Europe. Il fait partie du premier groupe des dix assomptionnistes fondateurs au Chili, parti le 20 septembre 1890: P. Stéphane Chaboud supérieur, le P. Géry Delaileau, le P. Adrien Buisson, le P. Thomas Darbois, le P. Marius Peisson, les Frères Jacques, Manuel, Carlos Andres, Gregorio et Pascal.
Du P. Antoine Berthou au P. Séraphin Protin: le récit d’une mort pour une vie.
« J’espère que vous avez reçu le câblogramme vous annonçant la triste nouvelle du décès du bon fr. Carlos Andres, survenu le 17 juillet 1931. Le frère traînait un peu depuis quelque temps, et bien des fois je lui avais conseillé de voir le docteur. Mais il s’arrangeait si bien pour mettre le mauvais état de sa jambe sur quelque rhumatisme, et, de plus, comme il s’acquittait de son office avec sa bonne humeur de toujours, je n’insistai pas trop pour ne pas le contrarier. Je devais le regretter plus tard. En effet, le lundi 7 juillet, le fr. Carlos se leva comme de coutume pour sonner langelus. Mais à la grande surprise du P. Justinien Henquinet qui fui le premier à le voir, le frère, pour la première fois de sa vie, s’était affublé de toute sa garde-robe.
Naturellement le Père le questionna et le bon Frère finit par avouer qu’il avait passé une très mauvaise nuit. Comme c’était son jour de confession, il se confessa et on lui enjoignit comme pénitence de rejoindre son lit au plus vite et de se laisser soigner dans toutes les règles. Le bon Frère, en homme obéissant, s’en fui reposer dans une bonne chambre du premier étage qu’on lui indiqua. Là il serait mieux que dans sa chambre ordinaire, bien connue sous le nom dArche de Noé. Quand, après la messe, j’allais le rejoindre pour lui prendre la température, le thermomètre marquait 38°5. Ce n’était pas énorme. Cependant, inquiet à cause du récit que fit le Frère de la très mauvaise nuit qu’il avait passée, et craignant des complications, je fis tout de suite appeler une excellente infirmière très dévouée à la maison. J’appelai aussi le médecin, lequel, après examen minutieux, déclara l’état général satisfaisant avec menace éloignée de congestion au poumon gauche. En réalité nous étions trop optimistes, croyant à une forte grippe et rien de plus. D’ailleurs le lendemain, l’état du Frère s’améliora considérablement et le troisième jour il n’avait plus de fièvre.
Malgré tout, je trouvai que le Frère ne recouvrait pas sa vitalité d’antan, et, de plus, me défiant de la manière brusque et violente avec laquelle s’était déclarée la maladie, je décidai de coucher dans la chambre du Frère. Précisément, la nuit du jeudi au vendredi, la respiration se fil très difficile. Très inquiet et craignant une complication subite dans la maladie, je fus à l’hôpital chercher une infirmière. Elle fit au Frère quelques injections et la respiration reprit plus régulière. Cependant quand le docteur vint visiter le malade, il ne cacha pas que la pneumonie s’était déclarée, que le poumon gauche était fortement attaqué et que peut-être nous aurions à passer par quelques moments d’angoisse avant la crise.
Le jour suivant, malgré tous les remèdes et soins administrés à temps, l’état du Frère empira considérablement et le poumon droit fui à son tour très attaqué … Malgré ses grandes douleurs, le Frère récitait le rosaire à haute voix. La nuit de sa mort, alors qu’il haletait à grand peine, je lui conseillai de ne pas prier si fort. Il me répondit que cela ne le gênait en rien, et comme je lui demandais combien de rosaires il avait récités ainsi, il me répondit: quatre rosaires, un pour vous et les Pères, un pour le P. Raphaël, un pour le P. Arnaud et un pour l’école apostolique et le P. Alfred Goettelmann.
Un quart d’heure avant sa mort, le Frère voulut m’expliquer comment je devais m’y prendre pour ouvrir le mausolée de Lourdes et la manière de préparer le nicho, le casier du cercueil. Il avait tellement peur de gêner, même après sa mort!. Sa mort [17.07.1931] fut un deuil pour Los Andes qui perd en lui un serviteur de trente-cinq ans, pour la mission du Chili dont il fut un des saints fondateurs et pour la ville entière de Los Andes qui l’accompagna au cimetière. Le Fr. Carlos ne se doutait pas qu’il était le personnage le plus populaire de la ville …. ».
Bibliographies
Bibliographie : Lettre à la dispersion n° 402 (1931), p. 208; n° 407, p. 241-242; n° 418, p. 362. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Caudefroy.