Daniel (Hubert) GILLARD – 1935-1985

Victime d’une erreur militaire.
« Dans la nuit du mardi 11 au mercredi 12 avril 1985, après une réunion
paroissiale, le P. Daniel (Hubert) Gillard, assomptionniste de 49 ans
ramenait en voiture Noémi secrétaire de Caritas Catholica, Carlos,
sacristain,
et Rigoberto, vice-président du comité pastoral. Dans les rues du Barrio
‘Union’, un barrage militaire… coups de feu sur les occupants du
véhicule… Prétexte: on n’aurait pas obtempéré à l’ordre de stopper. Le P.
Daniel est grièvement blessé: deux balles dans la tête et trois dans le
corps. La secrétaire reçoit trois
projectiles dans les hanches dont un lui perfore les intestins tandis que
Rigoberto est blessé à l’épaule. Hospitalisé à la clinique ‘El Seguro’ de
Cali, le P. Daniel, après extraction des balles, lutte contre la mort. Une
balle de mitraillette a détruit le
cervelet et transpercé le crâne de bas en haut. Une deuxième opération est
nécessaire. Si elle réussit déclarent les chirurgiens, le missionnaire
restera paralysé ‘ Six mois durant, les médecins de la clinique ‘Rafael
Uribe’ luttent pour sauver la vie du P. Daniel».
Dossier de presse.

Daniel (Hubert) GILLARD

1935-1985

Religieux de la Province de Belgique-Nord.

Une vie donnée à la Colombie.

Né le 6 juin 1936 à Gingelom, alors au diocèse de Liège (Belgique), Hubert Gillard fait ses classes primaires dans son pays natal. Il commence ses études secondaires à l’alumnat de Zepperen (1948-1952), puis à celui de Kapelle-op-den-Bos (1952-1954). Novice à Taintegnies où il prend l’habit le 28 septembre 1955, il y prononce ses prenùers vœux le 29 septembre 1956. Il entreprend alors ses études de philosophie à Saint-Gérard (1956-1958), puis celles de théologie à Louvain. Il prononce ses vœux perpétuels le 29 septembre 1959 et est ordonné prêtre le 17 mars 1962. Après quelques années d’études universitaires, le Père Daniel opte pour l’œuvre missionnaire en Colombie avec la volonté de mettre toutes ses capacités humaines et sacerdotales au service des plus pauvres. Deux années de professorat lui procurent la possibilité d’apprendre le castillan, de prendre connaissance de la culture colombienne et conscience des besoins de ce peuple. Il s’associe alors à un groupe de religieux travaillant à Medellin dans un barrio populaire, puis, au bout de trois ans descend vers les barrios pauvres de Cali.

À la demande de Mgr Uribe Urdaneta, archevêque de Cali, le Père Daniel fonde la paroisse ‘El Santo Evangelio’ en plein bidonville Antonio Mazrino. Les huit quartiers de pauvres comptent plus de 65.000 habitants vivant dans des conditions inhumaines. Se faisant le défenseur des droits de l’homme, le Père obtient des autorités civiles la construction de maisons à bon marché, des tracés de routes avec réseaux d’égouts, des conduites d’eau potable et des lignes de distribution électrique, ainsi que la construction d’écoles et de dispensaires. En 1977, il crée une association sans but lucratif, une ‘junta civica-pastoral’,

pour permettre aux gens de prendre des initiatives de grande envergure. Une grande école technique naît en plein centre pauvre, afin que ceux qui la fréquenteront deviennent capables d’exercer un métier, de gérer de petites entreprises, de se procurer du travail. Au moment où cette oeuvre va atteindre son plein développement, le Père Daniel est victime d’une fusillade de l’armée qu’un officier qualifiera d’erreur regrettable! Pendant six mois le Père Daniel lutte contre la mort. Il s’endort dans la paix de l’éternité le 26 octobre 1985. Dans la nuit du 28 au 29 octobre, des milliers de pauvres viennent saluer le corps du Père, exposé dans son église paroissiale où sont célébrées d’émouvantes obsèques. Le Père Daniel est inhumé au cimetière de Cali.

Le 2 novembre 1985, en Belgique, une Eucharistie d’action de grâce est célébrée dans le village natal de Gingelom. Y sont présents l’Ambassadeur de Belgique à Bogota, très solidaire des religieux, le Ministre des Affaires sociales et un délégué du Ministère des Affaires étrangères. Hommage public est ainsi rendu à un bienfaiteur insigne du peuple colombien, dans sa composante sociale la plus défavorisée. En lui, la Congrégation perd un religieux jeune, capable, intelligent, qui s’est donné tout entier jusqu’au sacrifice suprême.

Réflexion du P. Louis Augustijns sur l’action du P. Daniel Gillard.

Evangéliser, c’est d’abord rendre aux hommes leur dignité humaine. Voilà pourquoi le P. Daniel a commencé par se faire le défenseur des droits de l’homme. Un des chemins qui conduisent au développement d’un peuple, c’est celui qui consiste à lui donner les possibilités de s’organiser. Le Père Daniel a mis ses forces humaines, intellectuelles et spirituelles au service de la Vunta Civica Pastoral’ association populaire qui permet de réfléchir et d’agir avec et par le peuple. Les statuts de cette organisation, reconnue officiellement par l’état colombien, prévoient que tout habitant des neuf barrios concernés peut devenir membre de l’organisation, quelles que soit leur identité confessionnelle, raciale, sociale ou nationale. Développer un peuple n’est pas une affaire de bons catholiques entre eux ni de gens qui ont les mêmes convictions, références ou traditions… Le 26 octobre 1985, les pauvres de Cali ont perdu leur ami, leur prêtre.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption (Ili) 1984-1986, p. 94-96. L’Assomption et ses oeuvres 1985, n° 624, p. 18-20. Dossier de presse rassemblé à l’occasion de la mort tragique du P. Daniel Gillard. Notices Biographiques