Eugène (Eugène-Joseph) WATRIN – 1912-1978

Freylange, 1966.
« Il y a 20 ans que j’ai dû m’adapter à la vie du ministère paroissial en
sortant d’une vie de noviciat. Cela a été assez laborieux. Aujourd’hui le
même problème se pose, mais pour le retour. Depuis tout un temps,
j’ai réfléchi à ce problème et demandé conseil. Le fait, me dit-on, que la
Providence m’ait éloigné de la vie religieuse pendant 2O ans est assez
clair. J’ai peur d’une chose: c’est qu’après tout ce temps passé hors de la
vie religieuse, je n’arrive plus à m’adapter et si c’est pour faire les
choses à
moitié, je préfère continuer dans la voie où je suis engagé. Aussi, puisque
ma situation
d’exclaustré ne peut plus continuer ainsi, je demanderai donc de bien
vouloir m’autoriser à demander mon rattachement à un diocèse pour me mettre
en règle du point de vue canonique. Ce qui ne veut pas dire que mes
dispositions envers
l’Assomption soient changées, loin de là. Votre lettre a été pour moi une
délivrance, parce que
ce problème se posait à moi depuis tout un temps, et malgré les conseils
que j’avais pris, je n’arrivais pas à me décider. Maintenant c’est fait;
canoniquement pas encore, mais j’espère que ce sera pour bientôt puisque la
situation est plus claire». P. Eugène Watrin.

Religieux de la Province de Belgique-Sud. Une vie ministérielle au service des paroisses. Eugène-Joseph Watrin est né le ler novembre 1912 à Aix-sur-Cloie-Halanzy (Belgique). Après ses études primaires à l’école primaire de son village (1919-1926), il entre à l’alumnat de Bure où il est scolarisé de 1927 à 1930, puis à celui de Sart-les- Moines, de 1930 à 1932. Le 2 octobre 1932, le P. Romanus Declercq l’accueille au noviciat de Taintegnies pour la prise d’habit et le présente l’année suivante pour la première profession: « Le Frère Eugène est un excellent novice et sera un excellent profès. Homme de conscience et de devoir, il devra se défaire d’une certaine timidité. Il n’est pas brillant pour les études, mais il est capable de faire beaucoup de bien ». Le Frère Eugène est reçu à la première profession le 3 octobre 1933. Il quitte Taintegnies pour le scolasticat de Saint- Gérard où il suit les cours de philosophie de 1934 à 1936. Le 3 octobre 1936, il y prononce ses vœux perpétuels. Ce sont ensuite les années d’étude de la théologie à Louvain (1936-1940). Le Frère Eugène est ordonné prêtre le 2 mars 1941 à Saint-Gérard. De faible santé, il doit s’assujettir à des temps de repos, notamment à Lorgues (Var). Après son ordination, il passe quelque temps au noviciat de Taintegnies puis est nommé successivement desservant des paroisses de Les Fossés (Léglise) et de Waltzing (Arlon), dans le diocèse de Namur. En 1953; il est rappelé à Taintegnies pour y exercer la charge de curé. En 1958, pour raison de famille, il revient dans la pays d’Arlon, à Freylange, et obtient une exclaustration temporaire qui sera renouvelée en 1961. Jamais cependant il ne sera sécularisé. Pendant plus de vingt ans, le P. Eugène développe une grande dévotion à Marie. A Freylange, il érige un domaine marial consacré à Notre-Dame des Foyers. En 1974, le mal de Parkinson ne lui permettant plus d’assumer sa charge pastorale, il est nommé à Bure où, pendant les quatre années qui lui restent à vivre, sa piété, surtout mariale, et son courage feront l’admiration de ses frères. Il meurt le 8 août 1978, à la clinique de Libramont, à l’âge de 66 ans. Il est inhumé à Bure le 11 août 1978. Page :361/361 Evocation de la personnalité spirituelle du P. Eugène par le P. Frans Desmet. « Très sensible au rôle de Marie dans l’œuvre de la Rédemption, le Père Eugène Watrin avait pour elle une dévotion filiale. On me rappelait hier soir encore sa fidélité méticuleuse à fleurir la Vierge du hall de la chapelle au collège. Ces quelques fleurs exprimaient à la fois la reconnaissance, la prière et l’attente du soutien pour tout ce qui faisait l’essentiel de sa vie. Je prends ici ses propres mots dans le ‘Psautier de la Vierge’, livret qu’il a composé à l’occasion du 25ème anniversaire de la Légion de Marie dans le Sud-Luxembourg et qui introduit à la méditation des mystères du Rosaire: je te salue Marie, toi qui ne reviens pas sur ta parole, aide- moi à tenir moi-aussi mon engagement. Son engagement, il l’a tenu fermement et avec ferveur, tant dans le diocèse de Tournai que dans celui de Namur, en se dévouant de multiples manières aux pèlerinages, à la Légion de Marie, au chapelet des enfants. Confiant en Marie, tel un enfant auprès de sa mère, il lui avait confié le gouvernail de sa vie: ‘je te salue pleine de grâces, ne permets pas que j’aille à la dérive, maintenant et à ma mort. La mort est arrivée, précédée de souffrances nombreuses et inattendues, appelant courage, ténacité et foi. Comment ne pas rejoindre la pensée de notre cher défunt lorsqu’il médite sur la flagellation: Ve te salue, Marie qui dans ton cœur ressens le fouet qui flagelle. Je te salue, Marie, toi qui me fais comprendre que toute souffrance est germe de rédemption; et quand sur ma route, blessé par la souffrance, je rencontre une âme en détresse qui défaille, donne-moi ô Marie une main maternelle pour relever, panser et guérir’. Relever, panser et guérir, c’est tout un programme pour un disciple du Christ. Une foi profonde, solidement ancrée, peut seule aider à porter avec courage et discrétion les souffrances des autres, alors qu’il faut déjà bien tout pour porter les siennes. Les témoins ont parlé pour lui; son courage et sa discrétion, son esprit surnaturel lui ont déjà fait désirer de n’être à charge de personne, même pas aux moments les plus pénibles de la maladie… Ici encore je prendrai les mots du P. Eugène pour signifier la priorité de Dieu dans sa vie: Je te salue, pleine de grâces, apprends à mon âme à être docile aux inspirations de Dieu, afin qu’à ton exemple et uni à toi, de grandes choses se réalisent en moi et par moi, car ce Dieu veut avoir besoin des hommes pour porter la grâce dans les cœurs humains. Ainsi le monde apprendra que l’amour d’un Dieu lui apporte le salut. Suscite en cette terre, des apôtres pleins de feu et d’amour, pour que sous ta garde et l’inspiration de l’Esprit, tous les hommes chantent enfin la gloire de Dieu. Frères, laissons-nous saisir par ce testament spirituel: la vérité de la vie de celui qui nous quitte nous révèle sa véritable grandeur, toute en profondeur et en vérité. En ce moment même encore, il nous invite à être des apôtres pleins de feu et d’amour pour le Christ. Nous te rendons, Seigneur, celui que nous aimons, Eugène notre frère, parce qu’il t’appartient. Ouvre nos yeux de foi là où nos propres yeux demeurent en faillite ». Page :362/362

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (1) 1975-1980, p. 66. Belgique-Sud Assomption, juillet-août 1978, n° 91, p. 1528-1533. Lettre du P. Eugène Watrin au P. Gérard Istace, Freylange, ler décembre 1966.