Fidèle (Joseph-Marie) LE JELOUX – 1895-1964

La Rochelle, 1941.
« Nous avons eu l’honneur des communiqués relatifs aux bombardements de la
Rochelle et je crains que vous ne soyez inquiets à notre sujet. Jusqu’ici
il n’y a pas eu de mal; en réalité, les dégâts ont été minimes, mais nous
restons
très exposés. En raison des travaux entrepris, nous pourrions bien avoir
bientôt le sort de Lorient et de Brest. Dieu nous garde! J’ai mis ma
paroisse sous la protection de la Sainte Vierge et relancé l’?uvre du
chapelet des enfants. J’ai grande confiance dans la prière de ces petits.
Jusqu’à ce jour les restrictions ne nous ont pas trop affectés, et grâce à
mon jardin nous pourrons nous défendre durant les durs mois de juin et de
juillet. Notre population attend le salut d’Albion, elle ne sent pas encore
le besoin de se tourner vers Dieu, aussi elle doit s’attendre à être
durement secouée pour comprendre enfin que le salut et la victoire viennent
de Dieu. Autant que
je puis le savoir, car nous ne voyons plus beaucoup, tout va bien dans le m
onde assomptionniste de La Rochelle. A Tasdon, les Petites Soeurs de
l’Assomption, comme partout, font merveille. Le P. Ronan Guéguen vous
envoie son
salut filial».P. Fidéle.

Religieux de la Province de Bordeaux.

Années de formation.

Joseph-Marie Le Jéloux est né le 18 mars 1895 à Noyai-Pontivy (Morbihan). Il entre à l’alumnat de Zepperen en Belgique (1907-1911). En 1911, il se rend sur les bords du lac Majeur, à Ascona en Suisse pour ses classes d’humanités. Le 14 août 1913, il prend l’habit, sous le nom de Frère Fidèle au noviciat de Limpertsberg (Luxembourg). La guerre n’interrompt pas son noviciat en 1914: il commence sur place des études de philosophie. Mais en 1916, par suite de difficultés de ravitaillement, les étudiants abandonnent cahiers et livres et sont répartis entre trois fermes à exploiter par eux-mêmes. Mobilisé quelques mois à Vannes (Morbihan) en 1919, il peut enfin prononcer ses premiers v?ux à Taintegnies, le 10 novembre 1919 et gagner Louvain pour les études de théologie. (1920-1923). Profès perpétuel le 6 janvier 1923, il doit prendre quelque temps de repos à Saint-Maur. Il est ordonné prêtre à Angers (Maine-et-Loire), le 22 décembre 1923.

Professeur et supérieur, puis en ministère parois- sial.

C’est à Saint-Maur que le P. Fidèle inaugure son apostolat sacerdotal, comme professeur de 5ème. En 1928, il est envoyé au collège Saint-Caprais en Agen (Lot-et-Garonne) renforcer la petite équipe qui a pris en charge cette institution. Il revient à Saint-Maur en qualité de supérieur (1932-1935). Religieux foncièrement bon, très accueillant, prévenant et toujours prêt à rendre service, il préfère absoudre que punir. En 1933, le P. Fidèle est nommé curé de Laleu-La Pallice (Charente- Maritime). Il porte une préférence pour les petits et les humbles, ne rebutant personne même ceux qui abusent de sa bonté. Mobilisé pour quelques mois en septembre 1939, il est rendu après l’armistice à ses paroissiens.

Le voisinage du port de La Pallice avec sa base sous-marine attire les avions alliés. Beaucoup d’habitants quittent les parages, mais le P. Fidèle reste auprès de ceux qui ne peuvent fuir. Il a la chance de se trouver un jour à table avec ses confrères de Laleu quand son presbytère est bombardé. La cave seule est restée intacte, mais elle est souvent visitée par les maraudeurs, si bien qu’il finit par mettre une pancarte portant ces mots: Il n’y a plus rien à voler! L’église à son tour est détruite par un bombardement. Les offices sont transférés dans une salle de cinéma en attendant des jours meilleurs. Un jour, réfugié dans une cave-abri, souffrant de l’inaction ou de la promiscuité, il sort dans la rue, malgré les bombes: l’une d’entre elles tombe sur la cave, tuant tous les occupants. A la libération, un baraquement est établi sur un terrain qui verra s’élever la future église tandis qu’une maison de 6 pièces est acquise en guise de presbytère en attendant mieux. En 1948, le P. Fidèle, épuisé, peut prendre un peu de repos à Kerbernès (Finistère).

Econome.

Le P. Fidèle est chargé de l’économat au collège Saint-Caprais d’Agen: il y reste trois ans (1949-1952), s’acquittant de ses fonctions avec son dévouement ordinaire. Il remplit la même tâche à l’alumnat de Melle (Deux-Sèvres), pendant 10 ans (1952-1962). Il fait électrifier le bâtiment, installer un chauffage, meubler et repeindre la maison. Il rend aussi quelques services de ministère dans les environs, notamment à l’aumônerie de scouts. En septembre 1962, il est nommé aumônier au pensionnat des Oblates à Segré (Maine-et-Loire), à 67 ans. Il profite de ses temps libres pour faire des lectures et des courses avec une 2CV d’occasion. Victime de troubles cardiaques, le 10 février 1964, il subit une opération dans une clinique d’Angers. On détecte une tumeur maligne à l’aorte et à la plèvre. Le P. Fidèle est convoyé jusqu’à Lorgues (Var) le 6 juin, il y arrive dans un grand état de fatigue. Le 27 août, il est administré et il meurt le 31 août, à 70 ans. Les obsèques sont célébrées le 1er septembre, présidées par le P. Henri- Gabriel Guillemin. Il est inhumé à Lorgues.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1965, p. 75. Lettre à la Famille, 1964, no 382, p. 653-654. Echo de Saint-Maur, 1964, no 40, P. 14-16. A Travers la Province (Bordeaux), 1964, no 123, p. 4-8. Les Miettes (Melle), 1964, no 57, p. 15-17. La Rochelle par le P. Fidèle dans Lettre à la Dispersion, 1941, no 840, p. 254. Du P. Fidèle Le Jéloux, dans les ACR, rapports sur Agen (1928-1932), sur Saint-Maur (1932- 1935), rapport sur Segré (1963), correspondances (1919-1950).