Flavien (Noel-Louis-François) SENAUX – 1882-1967

Sofia, 1934.
« J’ai reçu votre bonne lettre d’adieu. Une note de tristesse accompagne
l’échange de nos sentiments, parce que nous pouvons bien dire que en 10 ans
semper ambulavimus cumconsensu. Mais précisément cette unanimité de notre
pensée et de notre action dénote une certaine conformité d’esprit entre
vous et moi, cher P. Flavien. Je
crois que nous avons eu raison de rester fidèles au principe de la douceur
et de la
longanimité. Cette situation
est plus conforme à l’Evangile et comporte une plus grande assurance de
victoire. Désormais vous changez quelque peu de service, votre champ de
travail change aussi. Mais le Maître est toujours le même; l’idéal qui
resplendit devant nous est toujours le Royaume du Seigneur, sa sainte
Eglise, et surtout les âmes, les âmes! Cher Père, je vous remercie de toute
la docilité et de toute la bonté que vous avez toujours manifestées envers
l’autorité ecclésiastique, dans votre long et difficile service au collège
Saint-Augustin. Je ne sais si nous nous rencontrerons encore: je l’espère
et le désire. Mais certainement nous nous rencontrerons souvent autour de
l’autel, à l’heure du grand recueillement de notre esprit
… ».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Lyon. Curdculum vitae. Noël-Louis-François Senaux est né à Béziers (Hérault), le 24 décembre 1882, d’une famille originaire de Castres. Alunmiste à Miribel- lesEchelles (Isère), de 1895 à 1898, il accomplit ses études d’humanités à Brian (Drôme), de 1898 à 1900. Admis au noviciat de Gemert aux Pays-Bas où il prend l’habit le 17 septembre 1900, sous le nom de Frère Flavien, il prononce ses premiers vœux au noviciat d’Asie, à Phanaraki (Turquie), le 17 septembre 1901. Profès perpétuel le 17 septembre 1902, il étudie la philosophie à Kadi- Keuï (1902-1904), temps d’étude suivi d’un temps d’enseignement à l’alumnat de Koum-Kapou à Istanbul (1904-1908). Ce sont ensuite les années d’étude de la théologie à Notre-Dame de France à Jérusalem (1908-1911) où il est ordonné prêtre le 9 juillet 1911, et à Rome (1911-1912). Jeune prêtre, il retourne enseigner à Koum-Kapou (1912-1914) d’où la guerre le chasse pour le conduire en Bulgarie, à Plovdiv (1914-1915) et de Bulgarie en Europe occidentale. Mobilisé de septembre 1915 à 1919, il sert comme infirmier militaire. En 1919, il peut reprendre son poste à Koum-Kapou, comme directeur du collège et vicaire de la paroisse jusqu’en 1924, date à laquelle il est nommé au collège de Plovdiv. Le collège compte à l’époque près de 600 élèves. Il en devient le supérieur l’année suivante, poste qu’ü va occuper pendant neuf ans. C’est alors qu’il se lie d’amitié avec Mgr Angelo Roncalli, alors délégué apostolique en Bulgarie, lequel aime partager la compagnie des religieux. En 1934, le P. Flavien gagne la Roumanie, à Beius. Il est bientôt supérieur régional. En 1937, nouvelle obédience, cette fois pour la lointaine Mandchourie où comme supérieur l’attend une tâche redoutable, celle de veiller à la construction du grand séminaire régional de Hsin-King (Chang Chung). A.A Il y enseigne aussi la théologie pastorale et la spiritualité. Ce sont les années de guerre et les religieux en Mandchourie vivent dans un isolement forcé complet. Ces derniers manquent de tout et se trouvent bien vite à la merci des occupants, les Japonais, des bandes de pillards avant de connaître en 1948 les premières victoires de l’armée populaire communiste de Mao-Tsé- Toung. Il faut partir, se désengager de l’œuvre commencée et abandonner à leur sort les premiers prêtres chinois sortis du grand séminaire régional. Le Père Flavien porte la souffrance de voir toutes ses activités missionnaires déchirées et plongées sous le joug communiste, aussi bien en Bulgarie qu’en Roumanie ou en Chine. Pour autant il ne perd pas sa sérénité, sa foi inaltérable, son amour pour l’Orient et l’Extrême-Orient. Il est envoyé à Lorgues (Var) où il exerce un ministère à la paroisse. À 66 ans, il trouve encore la force et l’énergie de conduire sa vie dans la voie de l’espérance qu’il puise dans une prière fervente et fidèle. Ses dernières années sont marquées par le poids des infirmités. Il meurt à Lorgues, le 23 octobre 1967, où il est inhumé. Homme très modeste et toujours disponible pour tous les champs de la mission lointaine, il sut écrire à l’occasion d’une de ses multiples obédiences ce propre témoignage d’abandon à la volonté de Dieu.« La charge est terrible pour mes pauvres épaules. Je me demande quelles qualités on a pu voir en moi pour une telle responsabilité. Mais j’ai pris la résolution de ne pas essayer de comprendre et d’eer tout simplement de l’avant comme l’obéissance me le demande. je sais qu’en cette circonstance je fais exclusivement la volonté de Dieu, et non pas la mienne, et c’est ce qui me donne du courage ». Partout où le P. Flavien est passé, les témoignages sur lui sont unanimes: il sait faire preuve de beaucoup de patience, de calme et de bonté à l’égard de ses confrères. Les difficultés qu’il a rencontrées un peu partout portent les mêmes noms et proviennent des mêmes causes: manque de personnel, embarras d’argent, situation politique contraire qui comme le déferlement d’une tempête saccage et emporte tout sur son passage. Mais le P. Flavien dans toutes ces circonstances garde la foi et la force des semeurs.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. janvier 1968, p. 224-226. L’Assomption, Jeunesses (Bure), 1968, n° 13, p. 22-23. L’Assomption et ses OeEuvres, 1968, n° 553, p. 22-23. Lyon-Assomption, 1967, n° 9, p. 9- 12. Etendard de Sainte-Jeanne d’Arc (Scy-Chazelles), été 1968, n° 170, p. 9-11. Lettre de Mgr Angelo Roncalli au P. Flavien Senaux, Sofia, 17 septembre 1934. Du P. Plavien Senaux, dans les ACR, rapports sur la Mandchourie (1937, 1946), sur l’expulsion des A.A. de Koum-Kapou (1915), correspondances (1909-1954), nombreux articles dans la revue L’Assomption et ses oeuvres sur la présence des Assomptionnistes en Mandchourie, dans la Lettre à la Dispersion sur les Assomptionnistes au collège de Plovdiv. Notices Biographiques