Gaudentius (Johan.-M.) VAN DEUDEKOM – 1922-1994

Maastricht, 1992.
« Merci bien pour votre gentille lettre (1). Vous m’avez agréablement
surpris. En Hollande la vie religieuse est très chaotique. Nous vivons les
7 années maigres de la Bible! Je me demande si l’idéal du Père d’Alzon est
pratiqué par mes confrères ainsi que par moi- même, ne partageant pas la
vie religieuse en communauté? Un merci spécial pour votre promesse de prier
pour moi afin que je puisse témoigner des valeurs évangéliques dans la vie
ordinaire de chaque jour. Votre lettre écrite en français n’était pas un
problème pour moi. Bien à vous, votre serviteur ». Gaudentius Von
Deudekorn, A.A.

(1) Lettre du P. Claude
Maréchal, Rome, 3 octobre
1992, à l’occasion du 50ème anniversaire de la première profession du P.
Gaudentius (22 septembre):

« Puissiez-vous avec la sagesse et l’expérience que donnent les ans,
refaire le don de vous- même que vous faisiez dans la langue de vos vingt
ans… Excusez-moi de vous écrire en français, mais le P. Louis AugustUns
est actuellement absent de Rome…».

Religieux de la Province des Pays-Bas. Passage à l’âge adulte. Johannes-Marla ou Jan Van Deudekom est né le 25 mai 1922 à Loon op Zand, aux Pays-Bas, dans le diocèse de Bois-le-Duc. Après l’école paroissiale, il fait sa scolarité secondaire à l’école apostolique Sainte-Thérèse de Boxtel (1935-1941). Le 21 septembre 1941, il prend l’habit religieux au noviciat Saint-Georges à Boxtel, sous le nom de Frère Gaudentius, le nom de religieux qu’il va garder toute sa vie sans reprendre celui de son baptême, comme l’usage s’est généralisé après le concile de Vatican Il. De même il conserve le port du vêtement religieux assomptionniste. C’est à Moergestel qu’il prononce ses premiers vœux le 22 septembre 1942. Il étudie la philosophie à De Lutte et la théologie à Bergeyk. Il est profès perpétuel le 28 juillet 1946 et il est ordonné prêtre le 3 mai 1949, à Bergeyk. Le P. Gondulphus Bovens le décrit ainsi. « Ce religieux est un homme intelligent, moins sous la forme pratique qu’abstraite. Je relève chez lui de grandes aptitudes morales comme la bonté, la simplicité, la piété. Il a souffert de crises de pessimisme déprimantes qui allaient de pair avec un sentiment d’infériorité et de dévalorisation. Très dévoué, très soigneux, il a bien profité de séances de soins et d’aide psychologique; devenant plus calme, plus équilibré. Je le crois bien préparé à la profession de ses vœux perpétuels ». Vie apostolique. Les trois premières années de son sacerdoce, le P. Gaudentius est transféré en Belgique et enseigne à l’alumnat de Sart-les-Moines. En 1951, il revient aux Pays-Bas comme professeur à l’école apostolique de Boxtel. Lorsqu’en 1960 l’alumnat se transforme en lycée classique, il en devient l’administrateur. Pendant les vacances de l’été de l’année 1961, Page :185/185 il demande à pouvoir se mettre au service de l’Ordre des Bâtisseurs, en Allemagne. En 1968, il est aumônier du collège ‘Hertog Jan’ à Valkenswaard et il exerce ensuite la mêmes fonction à Oirschot. En 1976, il revient vivre à la communauté de Boxtel pour la quitter en février. Il part pour trois ans et demi pour Jérusalem. A Saint-Pierre en Gallicante, il accueille et guide les pèlerins. En 1982, il est transféré ad tempus à la Province d’Angleterre et il ne regagne les Pays-Bas qu’en 1987. Une personnalité tranchante qui isole. Le P. Gaudentius est une personnalité très marquée. Il veut convertir les autres à ses idées. D’esprit conservateur et exigeant, il se montre sévère tant pour les autres que pour lui-même. C’est aussi un homme de foi, pieux, qui a du mal à accepter les réformes du Concile Vatican Il. Il continue à dire le bréviaire et la messe en latin, porte toujours le vêtement religieux, trouve que la morale catholique est devenue laxiste. C’est à cause de cela qu’il a mené une vie austère et qu’il a rendu la vie difficile à beaucoup de ses confrères. En 1987, revenant d’Angleterre, la seule solution pour parvenir à vivre en paix est celle qu’il a choisie: vivre seul à Maastricht. Sa sévérité, son intransigeance et sa ténacité l’ont isolé de ses frères. Ayant une dévotion spéciale à la Vierge, il fait partie du Mouvement Sacerdotal Marial et se met au service des anglophones catholiques qui fréquentent la basilique Notre-Dame Etoile de la Mer à Maastricht. Atteint d’un cancer, il souffre beaucoup en silence dans son corps et dans son âme sans pouvoir s’extérioriser. Ayant besoin de soins médicaux, il se fait soigner dans une maison de santé à ‘Koepelhof. Pendant les cinq derniers mois de sa vie, la souffrance le marque beaucoup. Devenu complètement dépendant des infirmiers, il commence à douter sur sa façon de vivre et de penser. Il reconnaît qu’il s’est isolé à cause de sa rigidité, mais son éducation l’a tellement marqué qu’il ne peut plus changer de caractère. Il ne craint pas d’affronter la mort. À l’exemple du Christ en croix, il accepte de souffrir en silence sans se plaindre. Après un coma de huit jours, suite à un arrêt du cœur, il meurt à l’hôpital de Maastricht, le 26 mai 1994, le lendemain de son 72è-me anniversaire. Ses obsèques ont lieu dans la basilique Notre-Dame Etoile de la Mer à Maastricht le 31 mai 1994. Son corps est inhumé au cimetière des Assomptionnistes à Boxtel (Stapelen). Page :186/186

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VI) 1994-1995, p. 26-27. De Schakel, juli 1994, p. 156-162. Lettre du P. Gaudentius Van Deudekom au P. Claude Maréchal, Maastricht, 12 octobre 1992.