Guillaume (Félix-Francois) DEMAISON
1874-1898
Religieux français.
Une ‘fleur des Alpes’ en Orient. Félix-François Demaison est né le 15 juillet 1874 à Ugine, en Tarentaise (Savoie). De 1888 à 1890 il étudie à Notre-Dame des Châteaux, poursuit sa scolarité à Villecomtesse (Yonne) de 1890 à 1891 et à Clairmarais (Pas-de-Calais) de 1891 à 1892. Il prend l’habit le jour de Noël 1892 au noviciat de l’abbaye de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) sous le nom de Frère Guillaume et part pour Phanaraki (Turquie d’Asie) quelques jours après (1895-1896). Il y prononce ses vœux perpétuels la nuit de Noël 1894 et commence sur place ses études de philosophie. En août 1896, le voici à Notre-Dame de France de Jérusalem, étudiant en théologie avec le Frère Gervais Quenard et le Frère Privat Bélard. il se donne avec ardeur à ses études. D’une nature vive et nerveuse, mais aussi joviale et délicate malgré son ton de parole assez rude, il fait la joie de ses confrères pour ses saillies originales. Il s’adonne à la pratique de la langue allemande et compte accompagner les 200 pèlerins tyroliens qui se sont annoncés à l’hôtellerie de Notre-Dame de France. Le jeudi soir, 20 octobre 1898, il fait office de diacre à la chapelle – il a été ordonné diacre le 24 septembre dernier – mais, se sentant pris par la fièvre, il n’a pas le courage le lendemain matin de venir saluer les pèlerins tyroliens qui sont sur le départ et avec lesquels il a beaucoup sympathisé durant leur séjour en Terre Sainte. Mourir à Jérusalem, à la fleur de l’âge. Les remèdes ne donnent aucun résultat si bien qu’il faut se résoudre dès le samedi matin, 23 octobre, à le conduire à l’hôpital où Sœur Joséphine l’entoure de sa sollicitude. Le docteur traitant diagnostique une broncho-pneumonie, ne cachant pas que le cas risque d’être très rapidement mortel.
Devant la gravité de la situation, toute la communauté étudiante de Jérusalem se réunit à la chapelle de l’hôpital pour participer, selon l’usage, à la cérémonie du sacrement des malades. Le Frère Guillaume peut communier et renouveler ses engagements de religieux. L’émotion gagne l’assistance, mais le Frère Guillaume reste calme et confiant. Le Père Athanase Vanhove, supérieur de la grande communauté de Jérusalem, administre le sacrement des malades. Chacun des frères l’embrasse et à ceux qui pleurent d’émotion, le Frère Guillaume trouve la force de leur dire: « Allons, ne Pleurez donc pas ainsi .ou vous allez me faire pleurer aussi ». Le Père René Paris et le chanoine Galeran, ami de l’Assomption, pendant une semaine couchent dans deux chambres voisines, à l’hôpital, pour être à proximité du malade et intervenir, en cas de nécessité, à tout moment, mais aussi se relayer pour une surveillance constante. Ils sont les deux témoins de l’agonie du Frère Guillaume qui meurt dans la matinée du 28 octobre, vers les 11 heures, après avoir perdu et retrouvé la parole à plusieurs reprises. La communauté de Notre-Dame de France se trouve en ce moment même à la chapelle, en prière pour le frère malade. Dès l’annonce du décès, le Père Maron célèbre l’eucharistie à la mémoire du Frère Guillaume. Ce même jour, 28 octobre, alors que la ville de Jérusalem s’apprête à recevoir, avec grand éclat, la visite de l’empereur du Reich, Guillaume Il, la communauté de Notre-Dame de France accompagne le corps de son jeune frère au caveau des pèlerins, à Saint-Pierre en Gallicante, aux côtés d’un abbé Puiseux, pèlerin mort en 1896 (1). Il y a trois mois, jour pour jour, la communauté assomptionniste de Jérusalem accompagnait à sa dernière demeure le Père Calixte Bouillon, mort à Haïfa, au pied du mont Carmel.
(1) Comble de malchance pour un historien soucieux de sources directes d’information le registre des Ephémérides de la Communauté de Notre-Dame de France à Jérusalem s’interrompt brutalement au 15 septembre 1896 (ACR, E. 116).
Bibliographies
Bibliographie et Documentation: Souvenirs 1898, n° 370, p. 353 et n° 371, p. 361-363 (article de Henri-Dieudonné Galeran). Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du Frère Guillaume au P. Frédéric Reynaud, Phanaraki, 8 juillet 1894. Notre-Dame de France (plaquette de l’abbé Joseph Lespinasse Paris 1891, 81 pages). Pages d’Archives: L’Assomption à Jérusalem, avril 1961 n° 13 (nelle série). Notices Biographiques