Henri ARCHAMBAUD – 1922-1995

Conte pour une vie.

« On raconte qu’en Italie, dans des temps reculés, un Capucin prêchait sur
demande de parole ardente et d’enthousiasme, au point
même d’être contenté humainement par les flots de sa propre éloquence. Les
Anges recueillaient en silence, mot après mot, les fruits de cette
éloquence et entassaient les syllabes dans un petit
coffre de bois blanc, comme la consigne leur en avait été donnée. Au pied
de la chaire, un frère, capucin lui-aussi, priait simplement tous les
jours pour que les sermons de son confrère qu’il tenait en grande estime,
fassent du bien auprès de ces foules avides qui se pressaient aux
exercices. Les Archanges, d’eux-mêmes, entassaient ses simples prières dans
un immense coffre d’argent, rempli à déborder, parce qu’ils aiment
librement déposer aux pieds du seigneur les offrandes simples des
cœurs qui n’agissent pas sur commande. A la fin, le petit coffre blanc,
déposé au pied de l’autel, fut comme absorbé par le grand, car chaque
prière du petit frère portait avec elle les mots des sermons dans le coeur
élargi des auditeurs… ».

Telle fut en images la vie tourmentée du Fr. Henri. Il ne put porter au
dehors la parole qu’il goûtait en lui .

Religieux de la Province de France.

Jeunesse et formation 1922-1957.

Henri naît le 21 mai 1922 à Orvault (Loire- Atlantique). Après l’école primaire, il est employé dans une quincaillerie et milite dans la J.O.C. locale où germe son désir du sacerdoce. De 1944 à 1948, il fait des études secondaires dans les petits séminaires nantais de Legé et des Couëts, interrompues par six mois de service militaire achevés en février 1946. Au grand séminaire de Nantes, il fait deux années de philosophie et commence une année de théologie. Ses maîtres signalent qu’il est d’un tempérament inquiet et tendu, mais pour le reste on ne fait de lui que des éloges. L’année 1931-1952 se passe en stage d’aumônerie d’A.C.O. à Saint-Nazaire: dévoué, soucieux d’apostolat, aimant les études et t,rop peu réaliste, note le secrétariat.

Il se tourne alors vers la vie religieuse: il prend l’habit assomptionniste aux Essarts (Seine- Maritime) le 12 novembre 1932 et termine son noviciat à Pont-l’Abbé-d’Arnoult (Charente- maritime) où il fait sa première profession le 22 novembre 1953. A Lormoy (Essonne), il termine sa théologie, il s’y montre appliqué, serviable, timide, apostolique. En 1956-1937, il est envoyé à l’alumnat tout proche de Soisy (Essonne) où il est ordonné prêtre le 17 février 1957.

Les premiers ministères 1957-1963.

Pendant une année de pastorale à Lyon, le P. Henri réside à la maison provinciale de Lyon- Debrousse, il suit des cours à l’Institut catholique et travaille sur la paroisse Saint-Pierre de Vaise. Il est noté apostolique, dynamique, pas très réaliste. L’animation des grands groupes lui fait peur. De 1958 à 1960, il fait partie de la communauté de Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris: il y assure le service d’aumônerie d’une maison de repos et une part du ministère à la chapelle Saint- Gabriel.

Il est muté dans le XIXème arrondissement parisien, à la rue Bouret, comme aumônier de la J.O.C.F. et de l’A.C.I. de 1960 à 1963. Il entre difficilement en relation avec le monde des adultes et connaît en juin 1963 une grave crise psychologique.

Vers de nouveaux horizons 1963-1995.

Il en vient à demander sa réduction à l’état laïc. Pour lui permettre de réfléchir sereinement et d’affermir sa personnalité, la Sacrée Congrégation des Religieux lui accorde une exclaustration ad biennium et le libère des actes et obligations du sacerdoce, à l’exception du célibat. Il loue une chambre en ville, fait un stage de formation accélérée et trouve du travail comme peintre en bâtiments. Le rescrit de la S.C.R. est renouvelé en 1965 et 1967. A la fin de l’année 1967, il quitte Paris et rejoint la communauté rochelaise de Laieu. Il prend du service dans une quincaillerie, reste préoccupé de sa vie spirituelle, fait une retraite à la Trappe de Timadeuc (Morbihan), une autre à Bellefontaine (Maine-et-Loire), fréquente les Petits Frères de jésus. En août 1968, il perd son père, sa mère étant décédée depuis 1947, et il décide de rester à l’Assomption comme frère coadjuteur. Il est nommé à Paris-Denfert Rochereau et travaille au secrétariat provincial. En 1971, il est officiellement et définitivement réintégré dans la Congrégation comme religieux frère. De rythme lent, tantôt euphorique et tantôt mélancolique, toujours soucieux d’étudier et de lire la plume à la main, il reste un frère serviable, compatissant aux souffrances de malades qu’il visite en hôpital. Il s’engage dans le mouvement Accueil et solidarité qui travaille à la réinsertion des réfugiés politiques. En 1990, sa santé subit une grave détérioration: il est malde du cœur et des nerfs. En octobre 1993, il rejoint la maison de repos de Lorgues. le 26 avril 1995, il tombe paralysé. Il meurt le 3 mai à l’hôpital de Draguignan, l’âme enfin pacifiée. Le 5 mai ses obsèques sont célébrées à Lorgues où il est inhumé.

Bibliographies

Bibliographie : Documents Assomption, Nécrologe (VI) 1994-1995, p. 89-91. Nécrologe France 1995, p. 315-317.