Henri HALLUIN – 1820-1895

Le P. Halluin et le P. Picard.
«L’adoption de l’orphelinat du P. Halluin est due en partie au P. Picard.
Plein de sollicitude pour ses anciens enfants, l’abbé Halluin les suivait
dans la vie, les visitait de temps en temps. Il en avait placé à Paris, et
quelques-uns dans le quartier François ler, comme
domestiques, portiers, cochers. Quand il venait les voir, il
disait la messe à la ‘petite chapelle’. Il fit ainsi connaissance du P.
Picard et s’ouvrit à lui de son inquiétude pour l’avenir de son oeuvre. Que
deviendrait-elle, lui disparu? Il s’était affilié pendant un temps aux
frères de Saint-Vincent de Paul, espérant trouver en eux des
aides et des successeurs, Cette combinaison n’aboutit pas,
mais il ne voyait toujours de salut pour son orphelinat que dans l’adoption
par quelque Congrégation qui en assurerait l’existence, se disant prêt, à
entrer lui-même dans cette Congrégation. Le P. Picard s’intéressa vivement
à cette oeuvre, son côté original lui plaisait: un peu refuge des pécheurs,
un peu pénitencier, beaucoup école d’apprentissage, ce n’était pas un
orphelinat comme les autres, du moins à cette époque… ». Lacoste, Le P.
Picard, 1932, Bonne Presse, P.
114-115.

Religieux français.

Un prêtre éducateur social.

Né le 26 juillet 1820 à Wimille (Pas-de-Calais, Henri Halluin est scolarisé à l’institution Haffringue (Boulogne-sur-Mer) et se destine à l’état ecclésiastique. Il fait ses études de philosophie et de théologie au séminaire Saint-Sulpice à Paris où il est ordonné prêtre le 17 mai 1845. Né dans un milieu de la petite bourgeoisie, il n’en est pas moins sensible, comme vicaire à Saint-Jean-Baptiste d’Arras, à la misère de jeunes enfants orphelins ou abandonnés. Il commence en 1846 une oeuvre en faveur de ces enfants de la rue délaissés. En 1850, il peut acheter une ancienne filature et s’y installer avec une soixantaine de jeunes qu’il scolarise, catéchise et auxquels il trouve de petits métiers. Dans le milieu, l’abbé Halluin est surnommé ‘le Père Haricot’ parce que ce légume, avec les pommes de terre, constitue la base alimentaire de l’orphelinat. Son action n’est pas sans rappeler celle similaire de Don Bosco à Turin qui tint à rencontrer son confrère français en mai 1883. Soutenu par la mairie d’Arras, l’abbé Halluin obtient en faveur de son oeuvre deux prix réputés, notamment le prix Monthyon. Ses relations avec l’abbé Le Prévost, fondateur des Frères de Saint-Vincent de Paul, pour que cette Congrégation naissante prenne en charge l’orphelinat, n’ont pas de suite. Se pose en effet fortement à l’abbé Halluin, après 1860, la question de l’avenir de sa fondation. C’est alors que par un jeu de circonstances, l’abbé Halluin fait la connaissance du P. Picard lequel le met en relation avec le P. d’Alzon. L’Assomption l’accepte, lui et son oeuvre.

L’Abbé Halluin, Assomptionniste.

Le 16 septembre 1868, l’abbé Henri Halluin prend l’habit religieux, au Vigan et y commence un temps de noviciat, sous la conduite du P. Hippolyte Saugrain.

On a pourtant parfois impérieusement besoin de lui à Arras, aussi ce noviciat est-il raccourci avec dispense. Le Père Halluin prononce ses v?ux perpétuels le 8 décembre 1869 à Arras. Il ne cesse de penser et d’agir en faveur de ses protégés et obtient du P. d’Alzon la formation d’une communauté assomptionniste pour l’encadrement des jeunes: P. Pierre-Baptiste Morel, les Frères Vital Martin et Joseph Maubon (1869) sont les premiers artisans de cette collaboration qui donne à l’Assomption des origines cette coloration sociale déjà marquée par l’action apostolique du P. Etienne Pernet. Intégré dans la panoplie des oeuvres assomptionnistes après 1870, l’orphelinat rayonne dans trois directions: les cercles ouvriers, l’orphelinat chez les mineurs (Bully-les-Mines, au coron des Brebis auquel le P. d’Alzon rend visite (1), l’alumnat ouvert en 1874 d’abord au sein de l’orphelinat, puis distinct et démultiplié avec la fondation en 1875 de celui de Clairmarais dans le Pas-de-Calais, près de St Omer). L’Assomption maintient son lien de direction de l’oeuvre, aujourd’hui transférée à Rumaucourt, jusqu’en 1978. De nombreux religieux assomptionnistes trouvent dans ce milieu le cadre de leur vie apostolique, faite de dévouement, de sensibilité et d’éducation sociale. Le P. Halluin, tout entier absorbé par les problèmes et les urgences de son action, poursuit sa vie au sein de l’orphelinat jusqu’à épuisement. La collaboration avec les religieux ne lui est pas toujours aisée. Il meurt le 8 février 1895, à 75 ans et est inhumé le lundi 11 février à Arras. La presse de l’époque, toutes opinions confondues, rend hommage à la mémoire d’un prêtre dont la vie de charité est ferment de résurrection pour des centaines d’autres. La ville d’Arras, reconnaissante, lui élève une statue sur une de ses places publiques, inaugurée le 19 juillet 1896. L’orphelinat, transféré à la campagne, dans les années 1970, continue sa mission contre vents et marées, malgré les guerres perturbatrices, les dispersions et les déménagements. La direction en est assurée maintenant par la D.A.S.S. (Direction départementale).

(1) Lettres du P. d’Alzon, t. IX, p. 412-414.

Bibliographies

?Bibliographie et documentation: Souvenirs 1895, n° 203, p. 48; n° 205, p. 57-70. L’Assomption 1910, n° 159, p. 40-43; n° 160, p. 57-59; n° 161, p. 70-73; n° 162, p. 91-93; n° 163, p. 103-104, 1920, n° 228, p. 198-199; n° 231, p. 250-252. Lettres d’Alzon, 1996, t. XIII, p. 451. Georges Lacroix, Cahiers d’Alzon, 1962, Le P. Halluin, le Saint Vincent de Paul du Nord. Chrétiens dans le Nord-Pas-de-Calais, coll. les grandes heures des Eglises, p. 34-35. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Notes manuscrites parle P. Parladère. Articles et coupures de presse: Bulletin d’Arras, 1896; Annuaire du diocèse d’Arras, 1896; La Croix, 13-14 février 1895; Echo du Peuple (Cambrai), février 1895; République libérale, février 1895; Courrier du Pas-de-Calais, 10 février 1895; La Croix d’Arras, février 1895; Les Contempoains (plaquette Bonne Presse); D.H.G.E. tome XXIII, col. 184 (Yves-Marie Hilaire). Nombreux mémoires biographiques: Abbé Tanfin, Ch. Robitaille, MM. Boutry et Paris. Du P. Halluin, dans les ACR, correspondances (1841-1891).