Religieux de la Province de Bordeaux. D’une lettre du P. Régis Escoubas. « C’est à Rio que j’ai appris le départ de notre cher Frère Hubert Pénicaut. Depuis deux mois déjà, l’issue ne faisait aucun doute, mais la date en restait incertaine. Le Frère a eu la joie de mourir dans la maison de Pont-l’Abbé d’Arnoult qui, dès 1942, offrait à son âme un refuge presque inespéré, mais tout de suite très apprécié. Il venait frapper au noviciat, déjà avec la marque de l’épreuve. Quoique né à Saint-Junien, dans le diocèse de Limoges (Haute-Vienne), le 14 décembre 1923, il avait fait toutes ses études secondaires au petit séminaire de Saintes (Charente-Maritime), avec l’espoir d’être un jour le prêtre de Notre-Seigneur. Après un accident survenu à l’âge de 14 ans, ses supérieurs l’avertirent qu’il devait renoncer à toute perspective de sacerdoce. C’est dans ces conditions qu’accompagné de l’économe du petit séminaire et de ses parents, le jeune Hubert Pénicaut se présenta au noviciat. Il fut accueilli avec la plus grande sympathie, mais la prudence fit prolonger son temps de postulat jusqu’à douze mois. Cependant dès le début, le jeune Frère se mit au travail de sa vie religieuse avec bonne volonté et simplicité. Ame droite, cœur délicat, conscience non dépourvue de finesse, le Frère Hubert gardera jusqu’à la fin ces qualités qu’il manifeste de prime abord. Il avait une piété douce et directe, une humilité sincère, une docilité d’enfant. Il s’accusait volontiers de ses défauts, spécialement de sa lambinerie au travail. Ce défaut dont il n’était pas spécialement responsable lui a attiré bien des remontrances et quelquefois des reproches un peu vifs de ceux qui l’ont employé. Le rouge qui lui montait aux joues indiquait l’émotion de son âme, mais jamais il ne se fâchait ni ne gardait rancune pour la vivacité dont il avait pu être l’objet. A.A En rendement de compte, il reconnaissait avec simplicité que c’est bien lui qui avait tous les torts et qu’il comprenait l’impatience de ses frères. On peut dire que pendant les quatre années que le Frère a passées au noviciat, il est resté égal à lui-même: régulier, soucieux de mener une vie religieuse exacte et fervente. Il était scrupuleux en obéissance et en pauvreté, demandant toutes les permissions prévues par la règle. Quoique à proximité de sa famille, il ne demandait jamais de se rendre auprès d’elle, attendant en cela comme pour le reste les indications de ses supérieurs. Ayant pris l’habit le 7 février 1943, il fit ses professions très régulièrement, ses dispositions intérieures ne faisant aucun doute (11 février 1944, date de la première profession, 9 avril 1947 date de la profession perpétuelle). En octobre 1946, le Frère Hubert quittait Pont- l’Abbé d’Arnoult pour Layrac (Lot-et-Garonne). Il était heureux d’aller se dévouer pour ses frères en donnant son concours au P. Lesage. Ce fut un concours mesuré, mais la bonne volonté était totale. En tout cas, à Layrac comme à Pont-l’Abbé, le Frère restait l’âme simple et droite de toujours, très ouvert avec ses supérieurs, serviable et aimable avec tous ses frères. Sa vie religieuse ne souffrit en rien du départ du noviciat et c’est dans les dispositions d’une grande ferveur qu’il eut le bonheur de faire ses vœux perpétuels à Pont-l’Abbé, assisté de sa famille, le 9 avril 1947. Rien ne laissait prévoir que cette vie religieuse serait courte: sans être vigoureux, le Frère n’était pas maladif A partir de novembre cependant, le Frère fut sujet à des coliques inexpliquées et cela s’acheva dans une crise de santé qui évolua peu à peu vers la paralysie générale. Dans l’espoir d’une amélioration, quelque temps avant Noël [19471, le Frère revenait au noviciat. C’est le 28 février, en la fête de saint Gabriel de la Dolorata, mort à 24 ans, que le Frère Hubert Pénicaut, âgé aussi de 24 ans, a fait à Dieu son dernier sacrifice. Vous avez certainement prié pour le repos de son âme, mais je tiens à donner ce témoignage d’estime et de gratitude à ce jeune Frère qui n’est venu chez nous que pour s’y sanctifier et nous donner le spectacle d’une âme toute belle de droiture et de simplicité ».
Bibliographies
Bibliographie et documentation’: Lettre à la Famille 1948, n° 56, p. 70-71. Voulez-Vous? (bulletin alzonien de Layrac) 1948, n° 8, p. 2-3. Lettre du P. Régis Escoubas aux Religieux de la Province de Bordeaux, 1948. Notices Biographiques