Ignace (Paul-Louis) DRUART – 1852-1913

Autour de la question des
Mères Franck, 1911.

« Pardon du crayon. Ceci vous dira le pourquoi.

Voici l’essentiel: le cardinal
[Paulin-Pierre Andrieu] était tellement entouré que je l’ai vu très peu à
part. Mais lorsqu’il remontait en voiture, il m’a
dit: ‘Ah! Merci de vos notes, elles étaient plus que suffisantes.
D’ailleurs j’avais retrouvé la lettre de Mgr. Amigo [évêque anglais dont
dépend Charlton]. C’est fait’. A cause d’un prêtre étranger montant en
voiture avec lui, le
cardinal se contenta de hausser les épaules, avec un ‘Enfin, on attendra’.
Il y a autre chose à faire, bien que ce soit très pénible. Vous n’avez qu’à
parler. En attendant, je me souviens que vous m’avez
traité comme le pape avec les cardinaux en me fermant la bouche. Mais
croyez que le cardinal saura ouvrir la sienne pour soutenir et défendre
l’Assomption. Son geste hier en est certes une preuve. Religieusement,
votre humble frère en Notre-Seigneur ».

Lettre du P. Ignace Druart au P. André Jaujou, Bordeaux, décembre 1911.

Ignace (Paul-Louis) DRUART

1852-1913

Religieux français

Un prêtre séculier, venu de Reims.

Né à Reims le 28 avril 1852, Paul-Louis Druart fait ses études à la maîtrise de la cathédrale (1864-1871) et au grand séminaire de la ville (1871-1875). Il est ordonné prêtre le 24 juin 1875 par le cardinal Langénieux. Il est nommé successivement professeur au collège de Rethel (Ardennes) où l’Assomption avait fait un essai de direction en 1858, curé de Barby près de Rethel, vicaire à la paroisse Saint-Jean Baptiste à Reims et, enfin, professeur au collège de Charleville (Ardennes). Le diocèse de Reims couvre en effet une partie du département de la Marne et entièrement celui des Ardennes. Désireux d’entrer à l’Assomption, l’abbé Druart doit attendre longtemps son exeat. Le 24 octobre 1889, à 37 ans, il devient novice à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) en prenant l’habit sous le nom de Père Ignace. Deux ans plus tard, il prononce ses vœux perpétuels au Breuil (Deux-Sèvres) où il réside jusqu’en 1894, sauf un bref intérim à Jérusalem en 1892. Il se fait estimer comme un supérieur capable, doux, affable, à l’alumnat du Breuil où à son prénom est d’habitude accolée l’épithète ‘bon’. Le bulletin de Notre-Dame du Breuil, L’Echo d’Espagne, dit son regret de voir le P. Ignace s’en aller pour Bordeaux (1894).

Le véritable animateur des OEuvres de Bordeaux.

Nommé supérieur à la maison de l’Alhambra (Bordeaux) récemment fondée grâce au concours des Mères Franck alors à Latresne (Gironde), le P. Ignace va, pendant presque 20 ans, se multiplier sans compter dans ce labeur apostolique large qu’il connaît bien comme ancien responsable de paroisse, toutes les œuvres et associations qui engagent des personnes dans des mouvements et des responsabilités: Notre- Dame de Salut, association de prière pour les pèlerinages et l’œuvre des vocation;

aumônerie chez les religieuses enseignantes du Sacré-Cœur; mouvement des enfants dans l’association annexe des Apôtres du salut; œuvre du Pain de Saint-Antoine dont la paternité revient au Capucin, le P. Marie-Antoine; patronage des jeunes gens dans le groupe du Théâtre chrétien; ligue de l’Ave Maria; diffusion des publications de la Bonne Presse-, œuvre des Catacombes; pèlerinages à Lourdes avec Notre-Dame de Salut, organisation de processions- monstres. Sous son impulsion très vigoureuse, toutes ces formes d’animation apostolique trouvent un écho très vivant dont l’Alhambra forme la ruche bruyante et active. Un visiteur en 1897 donne ses impressions: « L’Alhambra, ce n’est pas le palais des Califes parce que le bâtiment n’est pas un chef-d’œuvre d’architecture arabe et parce que ses constructeurs ne pensaient pas en faire un couvent. Le skating-ring s’est transformé en chapelle où Saint Antoine attire des foules, la grande salle est devenue un lieu de réunions multiples pour conférences publiques. On y fait maintenant du ‘patinage spirituel et intellectuel’. Poésie et musique y ont leur part de lauriers: c’est le temple des Muses avec le P. Honoré Brochet comme grand-prêtre. Mais les muses sont baptisées, car on y donne les représentations des mystères chrétiens que les Bordelais, citadins artistes et comédiens, viennent applaudir. Même le fondateur de l’Assomption a une rue qui porte son nom ». Le Père Ignace est un prédicateur- né, d’une éloquence chaude et enthousiaste. C’est lui que le P. Picard choisit en septembre 1896 comme accompagneur-chef des novices de Livry au pèlerinage de Reims pour commémorer le 14ème centenaire du baptême de Clovis et de la nation franque. En 1899, au temps des perquisitions et de l’expulsion, le P. Ignace doit se séculariser et vivre en isolé, pauvrement dans un petit appartement, pour maintenir cette présence apostolique dans les œuvres bordelaises. Il assure dans la ville de Bordeaux un ministère de confession et de direction spirituelle très apprécié des membres du clergé. La privation de toute forme de vie commune est sans doute ce qui le fait le plus souffrir. Il meurt le dimanche 14 septembre 1913, pauvre comme il a vécu dans la petite maison qu’il avait réussi à louer. On ne trouve rien chez lui. Ses obsèques sont célébrées le mardi 16 dans la basilique Saint-Seurin. Il est inhumé à Bordeaux.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: L’Assomption 1913, n° 203, p. 184-187. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefray. Aquitaine (Semaine religieuse de Bordeaux), 19 septembre 1913. Correspondances dans les ACR (1888-1912) et rapports sur les œuvres à Bordeaux aux chapitres généraux de 1898, 1906 et 1912. Notices Biographiques