Lucien Le Grandvalet est né à Paris, le 15 août 1915, dans une famille d’origine bretonne qui comptera quatre enfants. A douze ans, le jeune Lucien est orphelin de mère, Marie-Yvonne née Le Brès, et de son père, Grégoire, à 14 ans. Il doit travailler très tôt, malgré sa santé fragile. Il est apprenti boulanger et vend des journaux à la criée. Il fait son service militaire en 1936-1938, est mobilisé en 1939 et fait prisonnier à la débâcle. Au cours de sa captivité à Berg-am-Laim en Bavière, il lui arrive d’accompagner des camarades à la messe: « j’y allais souvent pour passer le temps ». Il rencontre un religieux assomptionniste, prisonnier comme lui, et un second, prêtre clandestin à Munich. Il s’instruit de la religion et commence un nouveau cheminement. Il est libéré en avril 1945. Il fait une année d’études à la maison des vocations tardives de Montéchor (Pas-de-Calais). Il prend l’habit aux Essarts (Seine-Maritime), le 29 septembre 1946, sous le nom de Frère Jean-Marie Vianney, familièrement raccourci en Frère Vianney, et y fait profession le 30 septembre 1947. De 1947 à 1964, il est de la Mission ouvrière Saint-Etienne à Sèvres (Hauts -de-Seine), plus connue sous le nom de la Cloche. Profès perpétuel le 30 septembre 1950, il y retrouve le P. Pierre Santu: « On y vit pauvrement, joyeusement, un accueil permanent, grâce au Fr. Vianney. Je le revois dans la salle au rez-de- chaussée, qui est autant cuisine que salle à manger, salle de communauté, salle d’accueil. Sa journée se termine par la lecture-méditation de la Bible ». (1). Le Frère Vianney passe l’année 1964-1965 à Rome et assure l’accueil à la maison généralice. Il est ensuite au service de la maison provinciale de Paris, avenue Denfert-Rochereau. A la maison de retraite spirituelle de Lormoy (Essonne),
il travaille à l’entretien de 1966 à 1969. Souffrant des bronches, il fait plusieurs séjours à l’hôpital. Il passe un an à Chanac (Lozère) pour se reposer et rendre quelques services. En 1970, il est nommé au Foyer Saint-Paul de Rouen, créé par le P. de Vathaire pour les anciens détenus. Il est visiteur des prisons pendant cinq ans. De 1975 à 1979, il partage la vie de la communauté pastorale du Mesnil-Longpont (Essonne). Il rejoint ensuite la maison de repos de Saint-Sigismond (Savoie) « Il continue à rendre des services à sa mesure, notamment à la porte et au téléphone. Il y est très fidèle et remplace volontiers un confrère absent ou malade. La semaine qui précède son hospitalisation, malgré de fortes douleurs dans la poitrine et dans le dos, il assure jusqu’au bout ses heures de permanence » (2). Hospitalisé à Albertville, le Frère Vianney se sent affaibli le lundi 23 octobre 1995. Le P. Justin Senger et le P. Joseph Mermoz lui rendent visite et lui confèrent le sacrement des malades. Il manifeste qu’il a bien suivi la cérémonie, terminée par un beau et grand signe de croix. Il s’éteint très calmement ce même jour, vers 21 heures, laissant au personnel soignant le souvenir d’un homme serein et courageux dans la souffrance. Le 27 octobre, trois anciens de la communauté de la Cloche participent aux obsèques du Frère Vianney, présidées par le P. Denis Jénichon. Le P. Paul Charpentier, dans son homélie, évoque, deux grands moments de la vie du Frère, sa captivité en Allemagne et ses 17 années à la Mission ouvrière.
Témoignage.
« Le Frère Vianney accueillait à Sèvres les très nombreux laïcs avec lesquels nous partagions l’apostolat missionnaire en milieu ouvrier. Il laissait à beaucoup le souvenir d’un religieux plein de délicatesse, d’un homme de prière et de fidélité. Tout ceci n’est pas un éloge! Le Frère Vianney avait ses limites, ses faiblesses. Il les connaissait, luttait et S’acceptait humblement. Si notre activité de prêtres cachait souvent notre identité religieuse, le Frère révélait par sa vie ce qu’est la vie religieuse … » d’après l’homélie du P. Paul Charpentier.
(1) D’après le P. Jean Ségard, 23 octobre 1995. (2) D’après le P. Joseph Mermoz, le jour des obsèques du Frère Vianney.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VI) 1994-1995, p. 131-134. Assomption-France, Nécrologie année 1995, p. 335-337. Lettre du Frère Jean-Marie Vianney Legrandvalet au P. Paul Charpentier, Paris, 14 novembre 1965.