Jacinto VERDE – 1859-1938

Vie spirituelle.
« A quel degré de vie spirituelle est arrivé le Frère Jacinto? C’est le
secret de Dieu et le Frère a eu soin de n’en rien laisser paraître. Il
lisait sans cesse sainte
Thérèse d’Avila et saint Jean de la Croix, recommençant sa lecture chaque
fois qu’il était arrivé au bout. Ces pages obscures pour les profanes lui
découvraient toujours quelque chose de nouveau. Il aimait
aussi lire saint François de Sales et estimait beaucoup la vida
sobrenatural, une revue de spiritualité publiée par les Dominicains
espagnols. Un curé du diocèse d’Osma, grand ami du Frère, écrivit. ‘Toutes
les conversations intimes qu’il eut avec moi montraient que Notre- Seigneur
avait élevé son âme à un degré extraordinaire de sainteté’. Sa vie était
une prière continuelle. Quand la communauté descendait à la chapelle,
souvent à 4h30, le Frère Jacinto avait déjà fait sa méditation et le chemin
de
croix. L’humilité du Frère était si savante que ceux qui vivaient en sa
compagnie avaient de la peine à se rendre compte des faits extraordinaires
qui
constituaient sa vie. Il s’attardait devant sa tasse et son morceau de pain
pour faire croire qu’il prenait son repas comme nous… D’après le P. R.
Garcia.

Religieux espagnol de la Province de Bordeaux. Les chemins d’une âme sanctifiée. Jacinto Verde est né le 26 juillet 1859 à Rioseco, au diocèse d’Osma, dans la province de Soria, en Espagne. Sa mère, Gregoria Caballero, une castillane de forte trempe, est à l’origine de son choix en faveur de la vie religieuse, selon le récit transmis de sa vocation. Cette femme tient chez elle le sceptre aussi bien que la quenouille: un dimanche, Jacinto âgé d’une vingtaine d’années, regarde ses compagnons jouer à la pelote sur la place du village. Sa mère l’aperçoit au milieu des jeunes gens, le prend par l’oreille et le reconduit à la maison: la place d’un bon chrétien n’est pas ici, elle est à l’église. C’est de ce jour que le futur Frère Jacinto date le temps de sa conversion. En 1882, il entre au noviciat de l’Assomption à Osma, pensant entrer dans le couvent de Carmes qui a précédé l’installation des religieux en ce lieu! Il y prend l’habit le 25 décembre 1882 et prononce ses premiers vœux trois ans plus tard, le 25 décembre 1885, après avoir pu bénéficier d’un pèlerinage à Jérusalem. A son retour de Jérusalem, le Frère Jacinto passe quelques jours en famille, partage son zèle et sa ferveur à son entourage, demandant à son curé de Rioseco de construire un chemin de croix conduisant de l’église à une petite chapelle. Son père, Juan Bautista, est alors alcade ou maire du village. Devenu veuf, il se laisse entraîner par son fils sur le chemin de la vie religieuse. Il laisse à ses enfants ses biens et sa maison et vient avec son fils, le Frère Jacinto, à pied jusqu’à Osma, poussant devant lui un petit troupeau de moutons et d’agneaux pour la communauté: c’est ainsi que père et fils rivalisent d’ardeur dans la vie religieuse à Osma, le fils se constituant en quelque sorte maître des novices du père! Le Frère Jacinto est affecté au service de la cuisine et de la fabrication du pain. Page :277/277 Il pétrit la pâte et la fait cuire de nuit. Les religieux français ne se souviennent pas avoir mangé de meilleur pain que celui de l’exil! Père et fils vivent là quelques années, dans une intimité spirituelle forte. De, 1889 à 1900, le Frère Jacinto est affecté à la communauté parisienne de la rue François ler, rendant les mêmes services qu’à Osma, édifiant les familiers de la chapelle Notre-Dame de Salut. À l’heure des expulsions, le Frère Jacinto passe en Belgique à Louvain (1900-1906). C’est alors qu’est fondé l’alumnat espagnol de Calahorra. Il y prête ses services jusqu’en 1907, date où cet alumnat de courte durée quitte les rives de l’Ebre pour s’implanter, en terre basque, à Elorrio (19071934). On lui connaît les mêmes activités, la cuisine, le jardin et la prière à la chapelle dès que son service matériel est terminé. Il est inscrit dans l’équipe des adorateurs nocturnes à l’église paroissiale, obtenant la faveur de ne pas limiter son temps de permanence à une heure, mais de passer la nuit entière en adoration. En plus chaque semaine, il se rend à Durango pour une autre nuit d’adoration par semaine. On observe que le Frère Jacinto vit continuellement dans un esprit d’oraison, accomplissant à la lettre le précepte évangélique du ‘prier sans cesse’. Mais quelque puissant que soit son attrait pour la vie d’oraison, il ne se dérobe jamais une seconde à son emploi. Ses supérieurs doivent même limiter ou contenir son désir insatiable de pénitences. Le Frère Jacinto porte sur lui des bracelets de fer, il pratique chaque jour le jeûne et l’abstinence. Son esprit d’obéissance est légendaire, renonçant même à son désir d’une vie carmélitaine plus rigoureuse. Lorsqu’il doit être opéré en clinique d’une hernie, il demande à ne pas être anesthésié, mais à pouvoir garder en main son crucifix. En 1934, il est envoyé à la maison de repos de Lorgues (Var) où il continue dans la sérénité sa vie de prière et de pénitence. Il y meurt d’une congestion pulmonaire le 29 mai 1938. Ses obsèques sont célébrées le 31 mai suivant et ses restes sont inhumés dans le cimetière communal. Ce fils de paysans de Rioseco fut sans doute l’un de ces petits de l’Evangile auxquels le Père des cieux révéla des secrets ignorés des sages et des savants, dont la vie religieuse se passa tout entière entre les murs d’une cuisine et d’une chapelle de couvent. Il laisse à l’Assomption le souvenir d’une âme sanctifiée. D’après P. F. Vandenkoornhuyse. Page :278/278

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1938, n° 753, p. 98-99; n° 759, p. 143-145. L’Assomption et ses OEuvres, 1938, n° 446, p. 328-330. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Traits de la vie spirituelle du Frère Jacinto Verde par P. Roman Garcia, 1938. Dans les ACR, du Frère Jacinto Verde, correspondances (1902-1937). [Il existe dans la collection des Souvenirs des évocations de la famille Verde, de Rioseco, qui se mit au service de l’Assomption à Burgo de Osma. Plusieurs religieux, P. Fortuné Badaroux, P. Roman Garcia, P. Pascal Saint-Jean, entreprirent au cours du temps de reprendre des notes déja anciennes pour faire les portraits des deux religieux Verde, père et fils. De nombreuses pièces d’archives, déposées à Elorrio, ont disparu lorsque l’alumnat a été investi par des bandes armées lors de la guerre d’Espagne].