Religieux français.
Frère aîné d’Alexandre, premier A.A de rite slave.
Né à Nîmes le 28 juillet 1839, au foyer de Joseph et de Marguerite, née Millet, le jeune Jacques est élève au collège de l’Assomption comme le sera son frère. Il prend l’habit à 15 ans, le 26 octobre 1854, à Nîmes-Mireman (Gard), propriété agricole à quelque 3 km. du centre ville où le P. d’Alzon emploie un certain nombre de jeunes orphelins et dont il espère faire une pépinière de vocations pour des religieux frères. Jacques a d’ailleurs choisi cette voie à l’intérieur de la jeune famille assomptionniste. Sa première profession est datée du 14 septembre 1857 à Clichy, faite pour un an, renouvelée pour trois ans le 14 septembre 1858. Entre 1857 et 1863, Frère Jacques connaît la vie de plusieurs communautés: Clichy-la- Garenne dans la banlieue nord-ouest de Paris (Hauts-de-Seine) sous la direction du P. Charles Laurent, Paris rue François 1er, communauté alors en ses débuts dans ce que l’on appelle encore ‘la bicoque’, sortie de terre en 1861, Rethel dans les Ardennes où l’Assomption ne fait qu’une apparition de trois mois (1858) et dont le supérieur est le jeune mais très volontaire Père Picard et Nîmes, le berceau où vit le fondateur, le P. d’Alzon. Frère Jacques prononce ses vœux perpétuels le 15 octobre 1863, quelques jours seulement avant de partir pour la toute jeune mission de Bulgarie rejoindre le P. Galabert avec le Frère Augustin Gallois. Il va y rester 25 ans, maîtrisant parfaitement la langue bulgare dont il constitue un savant dictionnaire et une grammaire. Son premier emploi à Philippopoli est d’assurer la classe primaire à quelques enfants bulgares, dans la petite école Saint-André. Il ne passe qu’une année à Sofia (1882-1883) lorsqu’est tenté un essai de fondation d’un collège dans la capitale.
Mgr Petkov et ses confrères religieux ont convaincu le Frère Jacques d’accepter le sacerdoce pour rendre de plus grands services dans la mission. La décision, longue à prendre, est par contre suivie d’effets rapidement: il reçoit le diaconat le 22 septembre 1883 et la prêtrise le lendemain 23 septembre, sacrement conféré à Andrinople. Le Père Jacques revient alors à Philippopoli avec la particularité d’être le premier Assomptionniste prêtre de rite slave. Il exerce son ministère auprès des élèves du collège Saint-Augustin jusqu’en 1895. Les médecins, inquiets de son état de santé, le renvoient en France pour des soins appropriés. Le Père Jacques réside alors à la communauté de la rue François 1er à Paris où il succombe rapidement à une apoplexie le 3 juillet 1896. La communauté parisienne ne disposant pas à l’époque de tombe au cimetière de la ville, le P. Jacques Chilier est inhumé le 4 juillet à Livry jusqu’au jour où tous les défunts A.A., enterrés à Livry, seront transférés dans le caveau de l’Assomption à Paris Montparnasse.
La question des rites en Bulgarie.
Pour comprendre l’évolution très progressive de l’Assomption vers l’acceptation des rites orientaux , il n’est pas inutile de nous rappeler cette confidence du P. Galabert en décembre 1869: « Plus j’étudie les missions, plus je vois tomber mes objections contre les Orientaux. Etrangers, nous restons des années près d’eux sans les connaître. On prend plaisir à crier sur leurs défauts, qui sont souvent ceux des leurs qui se frottent aux étrangers, mais sans s’occu,per des autres. On ne pénètre pas chez le peuple. Nos missionnaires latins ont de graves reproches à se faire. Le concile peut amener de bons résultats même sur ce point ». Il appartiendra au pape Léon XIII et, à l’intérieur de la Congrégation, au P. Picard de mettre en œuvre des initiatives qui travaillent au rêve apostolique de l’unité par la voie de la charité: la Congrégation romaine de la Propagande autorise l’ouverture de séminaires et de chapelles des deux rites (latin et oriental). Trois religieux acceptent le rite oriental, dont le P. Jacques Chilier, le premier en 1883.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Souvenirs 1896, n° 264, P. 269; n° 265, p. 288-292. Lettres d’Alzon, t. XIII (1996), p. 441-442. Circulaire du P. F. Picard, signée V. de P. Bailly, juillet 1896, n° 100 (écrit. t. Il, B.P., p. 194-196). Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Il reste dans les ACR du P. Jacques Chilier de la correspondance échangée entre 1864 et 1892. Les ACR ne disposent ni de la grammaire ni du dictionnaires bulgares réalisés par le P. Chilier. Il n’est pas dit d’ailleurs que ces ouvrages aient été imprimé.