José JOVANI – 1914-1937

Montpellier, 1936.

« Me voilà incorporé depuis hier, à midi [19 octobre]. Se trouvent
également à Montpellier les FFr. Marie- Edmond Barthez et Romain Massol.

A nous trois, nous formerons, je pense, un petit Comité d’étudiants-soldats
à notre maison de Sainte-Thérèse où nous irons le plus que nous pourrons.

Je vous dirai peu de chose, car dans un coin de la chambrée, au milieu du
chahut, mes facultés épistolaires sont mises à rude épreuve.

Je viens donc simplement vous prier de m’envoyer les revues, journaux et
publications que vous faites parvenir habituellement aux Frères soldats.
Vous me rendrez heureux, et je vous en serai infiniment reconnaissant».

José Jovani,

soldat Joseph Jovani, 56ème R.A.D., 4ème Batterie, Quartier Lepic,
Montpellier
(Hérault).

Religieux de la Province de Paris.

Une enfance entre les deux versants des Pyrénées.

José Jovani est né le 2 novembre 1914 à Vallibona (Castellon) en Espagne, au diocèse de Tortosa. Son père, Joaquin et sa mère Josefa née Allepus, viennent s’établir en France à Lunel (Hérault), à une date que nous ignorons, mais sans doute durant l’adolescence de José puisque ce dernier indique comme lieux de son instruction primaire: Vallibona et Lunel. Il fait ses études secondaires à l’alumnat de Roussas (Hérault) de 1926 à 1932. Le 2 octobre 1932, il est admis à la vêture au noviciat des Essarts (Seine-Maritime). Le P. Benjamin Laurès l’accompagne pour cette première démarche et le P. Léonide Guyo le prend en charge comme maître des novices. Le 3 octobre 1933, Frère José prononce ses premiers v?ux et se rend ensuite au scolasticat de Sey-Chazelles (Moselle) pour les études de philosophie (1934-1936). D’un caractère excellent, gai et ouvert, docile, le Frère José se montre volontiers taquin, mais sans malice. Il présente un fond sérieux bien que son apparence soit encore un peu enfantine.

Mort accidentellement à l’armée.

En juillet 1936, le Frère José va accomplir son service militaire à Montpellier (Hérault). Le jeudi matin, 29 juillet 1937, son régiment se rend à Lodève pour des man?uvres au camp du Larzac. Le Frère José va passer la nuit au presbytère de Lodève et rejoint la colonne de ses camarades en marche à 4 heures du matin [30 juillet] en direction du Caylar. Lui, cycliste, est en tête du peloton. Accidentellement il est accroché par un camion- citerne qui le traîne sur plusieurs mètres. Il est identifié à cause du journal La Croix qu’il porte sur lui. L’archiprêtre qui l’a hébergé la veille, M. Bétis, est averti et se rend à l’hôpital. Le Frère José est décédé, le thorax défoncé et la tête brisée à cause de la violence du choc.

Le P. Benjamin Laurès est dépêché à Lunel où vit la famille et qu’il a la rude mission d’avertir de l’accident mortel. Le Frère José est inhumé dans sa patrie d’adoption, à Lunel.

Hommage de l’Assomption.

« L’Assomption du ciel, à l’improviste parfois, ne cesse de convoquer ses membres. On dirait, à certaines époques, qu?elle se hâte de se voir plus nombreuse et qu’il faut que l’Assomption de la terre soit toujours prête à se priver pour elle de ses ouvriers les plus nécessaires de ceux de ses enfants qui fondent les plus beaux espoirs. Il a été bien pleuré, ce petit Frère soldat, Fr. José Jovani, qu’un accident aussi banal qu’affreux a ravi soudainement à l’affection de tous. Il avait quitté la maison de Scy, interrompu le cycle de ses études pour faire son service militaire qu’il allait bientôt achever. Mais sous l’uniforme bleu horizon, il restait religieux fervent et trouvait de belles occasions d’être apôtre. Il avait assisté pieusement aux fêtes de Lisieux, et le Congrès de la J.O.C. à Paris, l’avait laissé enthousiaste. Quelques jours à peine avant sa mort, il était revenu passer deux jours à Scy, pour y faire provision de forces surnaturelles et de douceur familiale. Et puis l’accident… La nouvelle de sa mort si tragique a consterné tous ceux qui le connaissaient. Ses compagnons d’études surtout ne pouvaient se résigner à son absence définitive. Il était bon, toujours souriant, soigneux jusqu’à l’excès. A la caserne, il propageait les bons journaux, était grand ami des jocistes. Que n’eût-il pas fait plus tard… revêtu des grâces du sacerdoce? Mais Dieu l’a tenu quitte des labeurs de demain. Et puisse toujours notre chère famille religieuse compter des âmes de tout âge que la mort, si imprévue soit-elle, récompense et ne surprend pas ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1937, n° 714, p. 297-298; n° 716, p. 313-314. L’Assomption et ses Oeuvres, 1937, n° 434, p. 129; n° 434 supplément, p. 35-36. Lettre du Frère José Jovani, Montpellier, 20 octobre 1936.