Jourdian (Claudius) CHAPPAZ – 1878-1946

Missionnaire à Zongouldak.
« Les nouvelles de Zongouldak sont rares comme les beaux jours en hiver.
Onze ans déjà j’abordais pour la première fois sur cette côte encore
sauvage. Mais tout a changé, grandi, embelli. On a construit et on
construit tous les jours. On trace des routes, on fait des ponts, on creuse
des tunnels, on construit des fours à coke, des ateliers, des lavoirs, des
briqueteries. On jette des voies ferrées, les maisons sortent de terre
comme par enchantement.. Ce qui n’était qu’un misérable village turc est
aujourd’hui un gros bourg. Les quantités énormes de charbon que recèlent
les flancs des montagnes assurent à Zongouldak une longue vie,
développement et prospérité. La société est entre les mains d’un comte
Vitali. Notre petite mission a des allures de paroisse, notre chapelle est
trop petite. On a déplacé des cloisons pour l’agrandir. L’inondation, il y
a deux ans,
la mit à mal. Tout le mobilier de la sacristie a pris le chemin de la mer.
A la tête de la mission, le P. Gaétan. Le cheval joue ici un grand rôle
dans la vie missionnaire… ».
P. Jourdain, Missions des 8.8.
1909, n° 159, p. 102 …

Religieux de la Province de Lyon.

Années de formation.

Claudius Jourdain est né à Pringy, près d’Annecy (Haute-Savoie) le 2 mai 1878. A 8 ans, il entre dans un petit orphelinat d’Annecy, tenu par des religieuses. En 1891, il est admis à l’alumnat de Notre-Dame des Châteaux (1891- 1894). De là il se rend à Brian (Drôme) pour faire ses humanités (1894-1896) et le 6 septembre 1896, il prend l’habit à Livry. C’est à Phanaraki (Turquie) qu’il prononce ses vœux annuels le 10 septembre 1898 sous le nom de Frère Jourdain. Son noviciat terminé, il est envoyé dans les œuvres, à Zongouldak (Turquie) où il reste jusqu’en 1903. Cette même année, il commence ses études de philosophie et de théologie à Kadi-Keuï (1903-1905) qu’il poursuit à Phanaraki (1905-1906) et à Jérusalem (1906-1907). Il est profès perpétuel à Phanaraki le 10 septembre 1899 et ordonné prêtre le 9 mai 1907 à Jérusalem par Mgr Cammassei.

Trois postes: Philippopoli, Konia et Zongouldak (1907-1922).

Après avoir célébré ses prémices au pays natal, le P. Jourdain est envoyé comme professeur au collège de Philippopoli en Bulgarie. Il n’y reste qu’un an (1907-1908) et à sa demande, le P. E. Bailly l’envoie de nouveau à Zongouldak (1908- 1911), là où le P. Jourdain a fait ses premières armes. Il y partage son temps entre l’enseignement et le ministère. Zongouldak est un centre charbonnier. Les mineurs, recrutés surtout parmi les étrangers, sont dispersés à travers toute la région. De 1911 à 1913, le P. Jourdain est envoyé enseigner deux ans à Konia et il revient à Zongoudalk de 1913 à 1914. Survient la grande guerre pendant laquelle le P. Jourdain est mobilisé de 1914 à 1919. Après sa démoblisation, il demande à retourner à Zongoudalk jusqu’en 1922. A la suite d’une grave maladie,

il quitte la Turquie et passe trois ans dans le ministère à Menton-Cap-Martin (Alpes-Maritimes) de 1922 à 1925, mais le climat lui étant défavorable, les supérieurs l’envoient à Saint- Sigismond (Savoie).

Saint-Sigismond 1926-1946.

Pendant les deux premières années, le P. Jourdain est titulaire de la classe de 7ème (1926- 1928). On le charge ensuite de la surveillance et des classes d’italien. Bon, aimé et respecté de ses élèves, le P. Jourdain poursuit normalement ses activités jusqu’en 1936 où ses misères physiques commencent à le handicaper sérieusement. Il est autorisé à célébrer la messe dans sa chambre. Survient la déclaration de la guerre en 1939: l’alumnat de Saint-Sigismond doit émigrer à Saint-Albin de Vaulserre (Isère). Le P. Jourdain reste sur place avec le P. Michel des Saints Cauliez, supérieur, et le P. Frédéric Marcellin, économe. Le P. Michel étant envoyé à Menton, le P. Jourdain devient supérieur par intérim et il est relevé de sa charge lorsque rentre le P. Gérard Leroy en 1945. Alors le P. Jourdain se met au service du secrétariat, pour la rédaction de la revue de la maison, l’Echo de Notre-Dame, en prenant des pseudonymes, Firmin, Riquet, Marius. La santé du P. Jourdain donne de nombreuses inquiétudes: le cœur et les jambes sont fatigués de remplir leur office. Le 21 juin 1946 au soir, il est frappé par une angine de poitrine et appelle un de ses voisins, le P. Gordien Thouvenel. Le médecin, consulté, prescrit une piqûre de morphine pour calmer la douleur. Le P. Jourdain meurt le lendemain, samedi 22 juin. Les obsèques sont célébrées à l’église paroissiale de Saint-Sigismond le mardi 25 juin, en présence de nombreux amis et confrères. Mgr Jauffrès, évêque de Tarentaise, lui rend cet hommage: « C’est une perte immense pour l’alumnat. Mais les ouvriers disparaissent et l’œuvre continue. Notre cher disparu continuera du haut du ciel à veiller sur ses petits alumistes qu’il a tant aimés et sur ceux qui après lui continuent le sillon, dans le même esprit de dévouement surnaturel, de joie entraînante et de parfaite compréhension de l’âme des enfants ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille 1946, n° 19, p. 83-84, 91. Echo de Notre-Dame (bulletin de Saint-Sigismond), 1946, n° 129, p. 1-5. Le P. Jourdain a laissé dans les ACR quelques traces de sa correspondance (entre 1904 et 1945). Quelques-unes de ses chroniques de vie missionnaire ont été publiées dans Les Missions de l’Assomption.