Junien (Jacques) BRANDY – 1880-1911

A l’approche du sacerdoce, vœux de Noël.

« Depuis des semaines, l’Eglise a inauguré le temps de préparation à la
venue de l’Emmanuel. Demain, dimanche de ‘Gaudete’, elle nous invite à nous
réjouir, car le temps est proche. Pas un religieux n’oublie votre fête,
surtout ceux de Notre-Dame de France où votre souvenir est si vivant. La
communauté de Jérusalem ayant le privilège d’être en contact, pour ainsi
dire permanent avec ce qu’il y a de plus sacré parmi les sanctuaires
chrétiens, il
semble que ses devoirs de prière s’en accroissent d’autant. Aussi soyez-sûr
qu’à la grotte de Bethléem où les solennités de Noël ne manqueront pas de
nous attirer, nos prières pour vous se feront plus instantes. Que
Notre-Seigneur vous épargne en 1908 les épreuves si fréquentes et si
cruelles de ces dernières années. Qu’il vous donne de voir une Assomption
forte et de plus en plus entreprenante pour les œuvres de Dieu. Qu’il rende
enfin tous vos religieux et nous-mêmes
destinés dans un temps plus ou moins rapproché à prendre une part plus
directe aux œuvres dirigées par vous et capables de répondre aux exigences
de leur vocation ».

Junien Brandy, Jérusalem, le
14.12.1907.

Religieux français.

Un petit poète malicieux.

Jacques est né à Champagnac (Haute-Vienne), près des rives de la Tardoire au diocèse de Limoges, le 18 novembre 1880. Son enfance se déroule dans ce site de verdure et de fraîcheur, à l’ombre des châtaigneraies qu’il aime évoquer. Il est admis à l’alumnat du Breuil (Deux-Sèvres) de 1893 à 1896: esprit éveillé et sensible, il compose avec une pointe de malice quelques notes que publie le petit bulletin hebdomadaire de l’époque, organe de l’œuvre des Vocations. En septembre 1896, Jacques se rend à Clairmarais (Pas-de-Calais) pour les humanités en passant par Paris, rue François 1er où il manque d’être asphyxié par le gaz dans un dortoir improvisé. Travailleur, sérieux, il doit se reposer à cause de sa santé que menace une tuberculose pulmonaire. En mars 1898, il retourne quelque temps en famille. Le 8 décembre 1898, il est suffisamment rétabli pour se présenter au noviciat de Livry où il prend l’habit et le nom de Junien, en souvenir d’un des saints populaires du Limousin. En août 1899, il part avec un groupe de novices à Phanaraki où il prononce ses vœux perpétuels le 25 décembre 1900. Comme il est de coutume, le Frère Junien est envoyé en maison d’œuvres, professeur à Brousse (Turquie), puis surveillant au collège Saint-Augustin de Plovdiv (1901-1903). En septembre 1903, il commence ses études philosophiques et théologiques à Phanaraki qu’il va poursuivre à Notre-Dame de France à Jérusalem (1906-1911) . Pendant toute cette période de formation, il ne retourne qu’une fois dans son cher Limousin revoir sa famille laquelle le trouve physiquement faible.

Miné par la tuberculose.

La tuberculose, après avoir rongé les poumons, atteint le cerveau même.

On s’en aperçoit publiquement quand le 2 février 1908, le Frère Junien, diacre depuis le 8 décembre précédent, doit prêcher. Arrivé prêt à l’exercice, il ne peut prononcer un mot, ayant complètement perdu la mémoire. Puis il est gagné par une paralysie du côté droit. Se faisant illusion sur sa santé, il est appelé par anticipation à la grâce du sacerdoce le 1er mars 1908. Pour éviter une fatigue supplémentaire, le malade est ordonné dans la chapelle privée du patriarche latin, Mgr. Camassei. Le soir, pour Complies, le P. Junien se trouve dans l’impossibilité de prononcer une parole. Un mieux se produit les jours suivants, le P. Junien peut même se rendre en pèlerinage à Bethléem en mars 1908, selon son désir.

Et c’est ainsi que pendant trois ans alternent des périodes de crise et d’amélioration passagère. Il écrit en septembre 1908 à ses parents qui l’attendent pour célébrer une première messe à Champagnac: « Depuis plus de six mois, en être au point où j’en suis, cela veut dire que c’est fini pour toujours. Impossibilité de m’exprimer convenablement, maux de tête presque continus, mouvement nerveux dans le corps, tuberculose au troisième degré ». Plusieurs fois la possibilité lui est donnée de retourner en France, à l’occasion du retour du pèlerinage de pénitence, mais il recule à chaque fois. Le 3 février 1911, il perd l’usage de l’ouïe.

Le mercredi 8 février, il est retrouvé au matin inanimé dans sa chambre, emporté dans la nuit par la maladie. Sans bruit comme il a vécu, le P. Junien est parti sans déranger personne, dans sa trente-et-unième année. Malgré une inactivité forcée, il a passé ses dernières années à prier et à attendre l’heure, sans découragement et sans manifester de lassitude. Il est inhumé au caveau des pèlerins et des religieux, dans la propriété de Saint-Pierre en Gallicante, en contre- bas du Mont Sion.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1911, n° 109, p. 435. L’Assomption 1911, n° 171, p. 43-45. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Les archives romaines contiennent quatre lettres de Junien Brandy au P. Ehmanuel Bailly, écrites depuis Notre-Dame de France à Jérusalem.