Religieux de la Province de Bordeaux.
Une première période, grecque.
Justin est né le 23 avril 1878 à Coupiac dans l’Aveyron. Il y fait l’école communale et entre ensuite aux alumnats de Brian (Drôme) de 1890 à 1891, du Breuil (Deux-Sèvres) de 1891 à 1893 et à nouveau de Brian (1893-1895). Il frappe à la porte du noviciat de Livry le 8 septembre 1895, y prononce ses premiers vœux le 8 septembre 1896 et se rend à Phanaraki (Turquie) où il fait profession perpétuelle le 14 septembre 1897, échappant ainsi aux obligations du service militaire. Il abrège simplement son prénom de Justin en juste. Son affectation à l’alumnat grec de Koum-Kapou (1897-1902), dès le lendemain de sa profession, décide de l’orientation de sa vie : il s’attache immédiatement à l’œuvre de l’Union des églises et demande à passer au rite grec en 1898, où il est officiellement reçu le 7 avril 1907. Il fait ses études de théologie à Kadi- Keuï (1902-1906), sous la direction de Louis Petit. Il est ordonné prêtre dans le rite grec par Mgr. Tacci le 17 juin 1905. Il porte le kalimafka et le rasso, comme ses confrères les PP. Tiburce et Léandre, autres pionniers de l’œuvre grecque en ce temps-là. Professeur et formateur à l’alumnat grec de Koum-Kapou de 1906 à 1919, il suit la migration de l’école à Athènes pendant toute la durée de la grande guerre 1914-1918. Sa parfaite connaissance des langues orientales lui vaut d’être affecté à la Marine française comme interprète, puis secrétaire à la Mission inter- Alliés pour la Grèce (1918-1919). C’est alors que pour des raisons pastorales, il revient au rite latin jusqu’au jour où il va adopter le rite gréco- catholique en Roumanie.
Une deuxième période, roumaine.
En 1919, par suite des perturbations en Turquie (guerre, exode des populations chrétiennes),
le P. Juste est nommé à Eski-Chéir où il est le témoin du désastre de l’armée grecque devant les forces de Kemal-Pacha, alias Ataturk (1921-1922). Econome à Kadi-Keuï, il lui est demandé de se joindre au groupe des fondateurs de la Mission en Roumanie en 1923. Il est à Beius, en Transylvanie, le compagnon des PP. Barrai, Merloz, Nicéphore, Nicolas, Senaux, Tiburce, Treamer, Peyron et autres qui implantent l’Assomption dans l’église gréco-catholique. Econome à l’internat ‘avelian’ de Beius, au voisinage du lycée ‘Samuil Vulcan’ où les religieux assurent les cours de français, il se donne avec un grand savoir-faire à son service. Silencieux – le P. Merloz rétablit l’équilibre! – il circule à longueur de journées à vélo chez les fournisseurs, battant la campagne pour alimenter 200 bouches, surveillant la marche de la ferme, du jardin et des constructions. Très soucieux d’améliorations, il entreprend avec des ressources modestes chaque année de nouveaux chantiers, partagé entre l’internai et le noviciat. Il doit surtout se battre contre la ronde incessante des solliciteurs professionnels et contre les parents d’élèves faisant la sourde oreille à ses appels de paiement. Soucieux du bien commun, sans aucun avantage personnel, il mène ainsi sa vie donnée, 25 ans (1923-1948). Seul intermède, un séjour en France en 1940 prolongé jusqu’en 1942 où il finit par vaincre l’inertie administrative de Vichy pour rejoindre Beius, par Milan, Trieste, Budapest, avec pour tout viatique quelques lires italiennes et quelques livres turques en or, mais avec l’audace qui arme les timides. Il est obligé de traiter avec les Allemands, les Hongrois et les Russes. Le gouvernement communiste roumain l’expulse en 1948.
La troisième période, melloise.
Le P. Juste est heureux de pouvoir, malgré ses 70 ans, rendre service en paroisse dans le Mellois, à St Genard de 1948 à 1964, sauf une interruption lyonnaise (1951-1952). Il y vit sous l’autorité de son frère, curé tyrannique, et en compagnie de deux de ses sœurs, vieilles filles genre dragons, selon le leste jugement d’un témoin oculaire! Il rejoint Blou en 1964 qu’il quitte pour Chanac (1965) où il meurt largement octogénaire le 29 avril 1966 et où il est inhumé le 1er mai suivant. Le ‘Bon Père Bonnet est vraiment un ‘juste entre les justes’, homme bon et souriant qui s’est épuisé à la tâche, même à l’âge où le commun des hommes cherche naturellement le repos.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. janvier 1967, p. 172-173. Natice biographique du P. Juste Bonnet par la Province de Bordeaux, 29 avril 1966, 10 pages données sous forme résumée dans A Travers la Province, 1966, n° 142 et 143. De la correspondance du P. Bonnet est gardée dans les archives de Rome, entre 1903 et 1928.