Lazare (Michel-J.-P.) LAZZARO – 1912-1991

Sous le ciel de Rome.
« Je vous remercie de votre aimable lettre adressée à Annecy, je vous
réponds à Paris. Je profite de l’occasion du passage du Fr. Gabriel
[Chaignon] pour vous donner des nouvelles et vous dire que j’ai retrouvé, à
Rome en arrivant, des chaleurs encore plus fortes qu’en partant. Nous avons
eu un gros orage qui a rafraîchi l’atmosphère, mais le temps reste lourd et
orageux. Ici la maison semble bien vide sans 1es étudiants et à présent je
me trouve seul avec le P. Antonino [Corpacci]. Le supérieur (Bernard
Gilson] est parti se reposer en Belgique, c’est le P. Carlo [Viscardi] qui
est venu de Rome le remplacer à ‘Due Pini’, auprès du P. Giuseppe
[Veerdecchia?] qui fait fructifier le jardin avec beaucoup de talent et de
courage. Pour ma part je vais bien grâce à Dieu, au physique et au moral.
Chaque fois que
je vais à Saint-Pierre, je ne vous oublie pas dans mes prières. Le Fr.
Gabriel vous apportera toutes les autres nouvelles de Rome. A titre de
renseignement, je vous fais savoir que je suis resté en France 20 ans et
que le climat de Rome ne me va pas du tout, malgré mes années d’enfance
en Tunisie ».
Frère Lazare, Rome, 16 août
[1953?].

Religieux de la Province de France.

Curriculum vitae.

Michel-Jean-Pierre Lazzaro est né le 17 février 1912 à Tunis. Il suit les cours primaires à Tunis dans des écoles tenues par les Pères Marianistes et les Frères des Ecoles chrétiennes. Il prend l’habit le 4 mai 1937 à Nozeroy (Lyon) sous le nom de Frère Lazare. Il prononce ses premiers v?ux le 5 mai 1938. Le Frère Lazare est mis à disposition des O.G.F. (oeuvres généralices françaises): de 1938 à 1953, il réside à la communauté de l’avenue Bosquet à Paris. Il prononce ses v?ux perpétuels, le 8 septembre 1942 à Tunis (1). De 1953 à 1955, le Frère Lazare est au service du collège international de Tor di Nona à Rome. De 1955 à 1980, il est à nouveau à Paris, à la communauté de Notre-Dame de Salut, rue François ler. Il retourne à Rome, de 1980 à 1985, à la maison généralice, cette fois via San Pio V. De 1985 à 1987, il est nommé à la communauté de Colombes (Hauts-de-Seine) et de 1987 à 1991 à la celle de Saint-Sigismond (Savoie).

Derniers mois.

Quand le Frère Lazare est hospitalisé à la fin du mois de janvier 1991 en vue de l’opération de la cataracte, son état de santé inspire quelques inquiétudes, mais personne n’imagine le processus de dégradation inexorable et rapide qui l’emporte en quelques semaines. Des difficultés urinaires nécessitent une nouvelle intervention chirurgicale. Il refuse de boire et de manger et s’assoupit de plus en plus longuement. Après quinze jours à l’hôpital, il est admis à la maison de santé Claude Léger à Albertville. Il y passe sa dernière semaine. Jamais un mot ne sort de ses lèvres. Il ne reconnaît plus les membres de sa famille qui viennent le visiter. Le vendredi 15 mars 1991, le P. Albert Heckel le visite une dernière fois.

Il le quitte à 18h.30 et à 19h., la communauté est prévenue que le Frère Lazare vient de déteindre très paisiblement. Les obsèques sont célébrées le lundi 18 mars. Le Frère Lazare est le dixième assomptionniste à être inhumé au nouveau cimetière d’Albertville-Chiriac.

Une vie entre porte et téléphone.

La vie du Frère s’est déroulée jour après jour dans le service communautaire qui est devenu sa spécialité: il lui est demandé partout d’assurer l’accueil à la porte et au téléphone, ainsi que les courses qui s’y rattachent. Nombreux se souviennent de sa loge à l’ancien bâtiment de la rue François Ier où il est très fidèlement présent, assurant en même temps la surveillance des accès à la chapelle Notre-Dame de Salut, arborant une chaîne de médailles sous son camail. La maison généralice aussi a recours à ses services, à son dévouement et à son savoir-faire. La fondation de Colombes lui offre un travail moins astreignant, mais qui comporte aussi le service de la porte et du téléphone, avec les distractions attenantes. A Saint-Sigismond, il ne peut en être autrement, jusqu’à la fin de l’année 1989 où l’on reconnaît ses droits à la retraite, à 78 ans! Le Frère Lazare a sans doute été le seul à réaliser vraiment ce qu’un tel service exige de lui comme disponibilité, abnégation et patience. Les remplacements occasionnels n’attirent pas précisément les volontaires. C’est un indice et les usagers constatent plus volontiers d’éventuelles défaillances. Qui veut être grand parmi vous, qu’il se fasse le serviteur de tous a dit un jour le Seigneur: directive facile à comprendre, plus difficile à mettre en pratique. Aussi le service bienveillant et désintéressé doit-il être un chemin sûr pour accéder au Royaume. Le Frère Lazare aura su y marcher et nous espérons que le Seigneur lui aura fait bon accueil (2).

(1) On trouve aussi la mention du 12 mai 1941, mais elle est fautive, car il s’agit d’une quatrième profession temporaire. (2) D’après le P. Albert Heckel et l’homélie prononcée le jour des obsèques du Frère Lazare.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (V) 1991-1993, p. 11-13. Assomption France, Nécrologie année 1991, p. 195-197. Dans les ACR, du P. Lazare Lazzaro, correspondances (1940-1955).