Léon (Vasile) BOARIU – 1924-1991

Réunion clandestine des A.A. roumains les 7 et 8 septembre
1979.
« Nous voici réunis, en union avec notre Congrégation qui va fêter le
centenaire du P. d’Alzon (1980) et préparer le chapitre général de 1981 …
Comme la persécution dure
encore et Dieu seul sait jusqu’à quand? Nous vous prions de continuer à
nous soutenir par votre prière. Réduits au
silence, nous sommes
‘serviteurs inutiles’. Nous sommes conscients que le Seigneur nous a fait
la grâce non seulement de croire en lui, mais aussi de souffrir pour Lui et
son Eglise. Nous vous demandons de parler pour nous. Parlez de cette partie
de l’Eglise qui est l’Eglise gréco- catholique unie à Rome, qui souffre en
Roumanie comme en Ukraine pour sa fidélité à l’Eglise et au Pape. Rappelez
les événements tristes et glorieux à la fois qui ont supprimé en 1948 notre
Eglise. Lisez le livre de P. Gherman: ‘L’âme roumaine écartelée’. Demandez
à vos chefs politiques qui défendent les droits de l’homme de les réclamer
aussi pour nous… Il y a des prêtres et des religieux orthodoxes de bonne
foi qui souffrent de l’attitude officielle de leur Eglise… Vos frères de
Roumanie qui vous aiment
bien et se savent aimés de vous. ».

Religieux roumain de la Province de France.

Un début de vie religieuse dans une tourmente politique.

Vasile est né le 10 novembre 1924 à Isclanzel en Transylvanie. il fait ses études secondaires au gymnase de Tirgu Mures (1937-1940) et à l’école normale de Blaj où il obtient sa capacité d’instituteur en 1945. Il entre au noviciat de Blaj et y fait sa première profession le 15 octobre 1946 sous le nom de Fr. Léon. Mais la situation politique de la Roumanie n’est alors guère favorable à la vie religieuse et aux contacts avec l’Occident. Les élections du 19 novembre 1946 donnent une écrasante majorité à une gauche que le Parti communiste va dominer. Le traité de Paris du 10 février 1947 enlève au pays les provinces de la Bessarabie, de la Bukovine du nord et de la Dobroudja. Le roi Michel abdique le 30 décembre 1947. En 1948, l’église gréco- catholique est supprimée pour être rattachée à l’église orthodoxe. Cette même année, le jeune Fr. Léon étudie la théologie à Blaj. Il a prononcé ses vœux perpétuels le 1er août 1948 et est ordonné prêtre le 8 août suivant. Il doit poursuivre sa théologie seul dans son village natal, puis à lasi (1949). Il passe une année à Beius (1950), aumônier des Sœurs Oblates. En 1952, il devient vicaire à Bacau en Moldavie et s’initie, lui gréco-catholique empêché, au rite latin. De 1954 à 1956, il est vicaire à Craiova en Valachie et pendant deux ans curé de Tirgu Jiu dans la Transylvanie (1936-1958). Son zèle apostolique lui vaut 3 ans de prison (1958-1961) et un an de résidence surveillée. Une fois libre, il retourne en Moldavie pour ne plus la quitter: successivement vicaire à Gioseni (1962-1969), curé de Sascut (1969-1984) et de Slobozia jusqu’au tragique accident du jeudi 26 septembre 1991. Les événements de décembre 1989 font renaître l’espoir d’une vie religieuse communautaire pour l’Assomption roumaine dispersée depuis 1948.

Le P. Léon qui a repris son nom de baptême, Vasile, doit rejoindre la communauté de Blaj. Mais le jeudi 26 septembre 1991, devant reconduire à son domicile la personne à son service depuis plusieurs années, il est happé en voiture à Mircesti, au nord de Roman, par un train. Le curé du lieu alerté doit acheter deux cercueils, les deux passagers sont tués sur le coup. L’enterrement a lieu le lundi 30 septembre dans le cimetière de Margineni, à côté de la nouvelle implantation assomptionniste, après une messe célébrée le dimanche 29 dans la paroisse de Siobozia que le P. Léon-Vasile dessert depuis 1984.

L’adieu de tout un peuple, commenté par le P. Bernard Stef.

« Dans l’après-midi du dimanche 29 septembre, les fidèles ont emporté le cercueil de leur pasteur sur leurs épaules en grande procession, avec cavaliers, bannières et chants jusqu’à la sortie du village. On l’a mis ensuite sur un camion, mais à Boghicea, desserte de Slobozia, on a dû aller devant l’église où était rassemblé tout un peuple. Vers 17h., on est arrivé à Margineni, on a transporté le cercueil dans l’église et on a commencé une troisième messe. Le lendemain, lundi, ont eu lieu les funérailles présidées par Mgr. Petru Gherghel de Iasi. L’évêque a tenu à ce que les 4 pères A.A. soient à l’autel autour de lui. À l’évangile, le P. Bernard Stef a évoqué la personnalité du disparu. Mgr. a parlé à la fin, remarquant l’apostolat fructueux que le Père Vasile a fait partout où il est passé. Près de la tombe, plusieurs jeunes et fidèles ont exprimé leur admiration et leur regret d’avoir perdu le Père. Même au nom des fidèles de Blaj, Cerghizan a exprimé le regret que le Père n’ait pu y venir comme c’était prévu. Vous comprenez, c’est une grande perte pour nous, il devait être la cheville ouvrière de Blaj. Juste une semaine auparavant, on s’est séparé. Je lui ai donné un télégramme détaillant que nous avons trouvé une maison pour le logement de la communauté et il est parti pour le ciel. J’ai reçu le coup avec assez de calme, le P. Teofil [Pop] est un peu plus ému. Fiat voluntas tua, Domine ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologie (V), 1991-1993, p. 40-41. Assomption France, Nécrologie 1991, p.228-229. Lettre du P. Bernard Stef, 2 octobre 1991 (Blaj).