Léonard (Laurent-Guillaume) TARDY – 1868-1944

Lorgues, 1943.
« Béni soit Dieu de nous donner cette heureuse occasion de vous témoigner
notre affection, notre dévouement et notre reconnaissance! Tous les jours
de l’année et depuis longtemps déjà, je demande pour vous à Dieu santé,
lumière et courage dans l’accomplissement de vos hautes et difficiles
fonctions. J’ai été sensible à vos aimables et paternelles salutations, je
ne m’en étonne point car nous sommes un peu cousins, vous étant de Chignin
et moi un peu de Montmélian. Dernièrement j’ai été un peu souffrant, c’est
un avertissement du ciel. Bientôt peut-être, je dirai
adieu à ce bas monde. Je m’y prépare chaque jour. Il est vrai que je suis
dans ma 76ème année. Que sa volonté s’accomplisse partout et toujours. Que
nous sommes heureux ici de notre nouveau supérieur, le bon P. Jean de
Matha, qui a apporté d’heureuses innovations. Il est très dévoué pour tous
nos besoins matériels et spirituels. D’ici à quelques semaines,
l’Assomption comptera de nombreux nouveaux prêtres. Qu’ils soient tous une
féconde bénédiction pour notre Congrégation et l’Église. Meilleurs vœux
d’heureuse et sainte fête de saint Gervais. Veuillez bénir votre fils tout
affectionné, soumis et obéissants.

Religieux de la Province de Lyon. Résumé biographique. Laurent-Guillaume Tardy est né le 11avril 1868 à Saint-Thibaud-de-Couz (Savoie) où son père, Laurent, est garde-forestier. Une note du P. Emmanuel Bailly, datée du mois d’août 1889, donne quelques indications sur son premier parcours: « Le Frère Léonard, âgé de 21 ans, a débuté comme alumniste destiné à être frère de choeur. Des difficultés de compréhension l’ayant fait considérer comme incapable de faire des études prolongées, il a fait deux ans de noviciat comme frère convers (1885-1887). Mais il semble qu’à présent il puisse essayer à nouveau le régime des études. Il a passé près de deux ans de postulat à Livry (Seine-Saint- Denis), de 1887 à 1888, et est admis au noviciat des Frères de chœur. Dévoué, obéissant et vertueux, il peut rendre de très utiles services dans les missions ». On sait seulement, sans autre précision, que Laurent-Guillaume a commencé ses études à Montmélian (Savoie) avant de les poursuivre pendant deux ans à Notre-Dame des Châteaux (Savoie), entre 1882 et 1885. Sa prise d’habit comme religieux de chœur remonte au 15 août 1888 à Livry. Il y est profès annuel le 15 août 1889, sous le nom de Frère Léonard. Il est envoyé ensuite dans les missions d’Orient en Bulgarie et Turquie, à Yamboli et à Brousse, de 1890 à 1891. Nommé surveillant au collège Saint-Augustin à Philippopoli (Bulgarie), il n’y reste que 3 mois avant de rejoindre l’alumnat de Karagatch en 1892. De 1893 à 1895, il entreprend son parcours d’études ecclésiastiques à Phanaraki (Turquie) où il a été reçu à la profession perpétuelle par le P. Picard, le 18 septembre 1891. Il est ordonné prêtre à Constantinople par Mgr Menini, le 8 juin 1895. De 1895 à 1902, il est à la fois professeur et économe dans un poste de mission en Turquie, Page : 23/23 à Eski-Chéïr avant de revenir à Karagatch (1902-1903), pour retrouver Eski-Chéïr, de 1903 à 1905. Le P. Césaire Kayser l’emmène avec lui à Dinsheim en Alsace, alors sous administration allemande, où le P. Léonard, germanophone, rend le service du secrétariat pour le bulletin des Missions (1905-1914). Durant toute la première guerre mondiale, il est réduit en captivité, en plusieurs lieux à Holzminden, à Freising, au Kloster Wies dans une communauté religieuse des Grands Augustins de Bavière. De 1919 à 1927, de nouveau adjoint au P. Césaire, il séjourne à Dinsheim puis à l’alumnat de Scherwiller (Bas-Rhin), entre 1927 et 1940. Obligé d’évacuer la région en raison de la deuxième guerre mondiale, il ne fait que passer à Saint-Albin de Vaulserre (Isère) pour rejoindre, le 4 novembre 1940, la maison de repos de Lorgues (Var). C’est là qu’il meurt le 25 décembre 1944. Il y est inhumé le 27 décembre suivant. D’une lettre du P. Jean de Matha Thomas, Lorgues, 25 décembre 1944. « Comme mon télégramme vous l’a annoncé et comme ma dernière lettre le laissait prévoir, notre bon P. Léonard est retourné à Dieu en ce matin de Noël, tout doucement, sans qu’on s’en doute. Hier au soir, il assistait au chapitre de veille de fête, nous donna à tous le baiser de paix avec un mot aimable à chacun, sans se douter que c’était un adieu qu’il nous faisait. Il me demande même, comme il le faisait habituellement, de lui passer le cahier où j’écris les instructions capitulaires ‘pour savoir ce que j’avais dit’ et il se coucha tranquillement. Il n’assista pas à la messe de minuit que nous avons célébrée entre nous seulement malgré la défense, puisqu’il est interdit de circuler après 22 heures. Ce matin il se leva comme de coutume à 5 heures pour se préparer à la messe et faire ses dévotions matinales. Comme on s’était couché à 2 heures du matin, tout le monde dormait encore. J’avais chargé le Frère André [Le Stang] qui se lève tôt le matin pour le soin des vaches, de servir la messe du Père vers 6 h. 30, afin qu’il prenne quelque chose plus tôt pour se désaltérer. Comme il ne descendait pas, on alla le chercher et on le trouva mort, son bréviaire ouvert devant lui au troisième nocturne Misericordias Domini. On lui donna l’Extrême-Onction et on n’eut qu’à l’étendre sur son lit, puisqu’il était habillé… ». Page : 24/24

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille, janvier 1945, no 1, p. 4. Lettre du P. Léonard Tardy au P. Gervais Quenard, Lorgues, mercredi de Pentecôte, 1943. Dans les ACR, du P. Léonard Tardy, correspondances (1889-1943).