Léopold (Léopold-Hippolyte) DRESSAIRE – 1876-1947

Maison provinciale de
Garches.
«Nous voici à Garches la Bourgeoise depuis le 11 octobre [1932] et non
Garches la Communiste. Pour que vous ne confondiez pas le 19
janvier avec le 19 février: sachez que la garde nationale de Garches a, le
19 janvier
1871, repoussé les communards, comme en fait foi un petit monument situé
près de notre maison. Sachez aussi que la municipalité très bourgeoise de
Garches a toujours défendu aux communistes de se réunir dans le magnifique
bois de Garches
qui sépare Garches de Marnes- la-Coquette. Notre propriété se trouve au 38
de la rue du 19
Janvier dont la gloire a été racontée plus haut. Mais l’entrée est au
numéro 3 du chemin des Cliquets. Vous n’avez pas besoin du dictionnaire
pour savoir que les cliquets sont de petits leviers destinés à arrêter le
mouvement d’une roue dentée. Nous sommes les paroissiens du curé de
Buzenval. Près de nous s’étend le bois de Cucupha, mais l’accès n’en est
pas commode. Pour moi, ça va beaucoup mieux. L’air
vivifiant du plateau (120 m. d’altitude) fera le reste ». Léopold, 13
octobre 1932. Lettre à la Dispersion, 1932, n° 458, p.292.

Léopold (Léopold-Hippolyte) DRESSAIRE

1876-1947

Religieux de la Province de Paris.

Un jeune savant.

Léopold-Hippolyte Dressaire est né le 12 avril 1876 à Saint-Gervais-sur-Mare (Hérault). Après ses études chez les Frères des Ecoles chrétiennes dans son village, il se rend à Villecomtesse (Yonne) de 1889 à 1892, puis à Clairmarais (Pas-de-Calais) de 1892 à 1894. Il entre au noviciat de Livry-Gargan (Seine- Saint-Denis) et prend l’habit le 10 septembre 1894, sous le nom de Frère Léopold. Sa première profession est célébrée le 19 septembre 1895 à Phanaraki (Turquie). C’est à Notre-Dame de France à Jérusalem qu’il poursuit sans discontinuité ses études de philosophie et de théologie (1896-1901). Il y prononce ses vœux perpétuels le 27 mars 1897 et y est ordonné prêtre le 21 décembre 1901 par Mgr. Piavi. Sa vive intelligence, son esprit méthodique et clair, son amour de l’archéologie et de l’histoire au pays de la Bible le prédestinent à l’enseignement dans les maisons d’études de l’Assomption, in situ. Il passe effectivement du banc de l’élève à la chaire du professeur: professeur de morale, de droit canonique et de chant grégorien à Jérusalem (1901-1905); professeur d’Ecriture Sainte et de chant grégorien à Kadi-Keuï (Istanbul), de 1905 à 1906; professeur d’Ecriture Sainte, d’histoire de l’Eglise et de chant grégorien à Phanaraki, de 1906 à 1907; professeur à nouveau à Jérusalem, dans les mêmes matières, de 1907 à 1914. Il n’échappe pas à la mobilisation générale d’août 1914 et, une fois délivré de la main des Turcs, il est incorporé, en France d’abord, dans les services de santé de l’armée (1915-1917). Il fait partie ensuite de l’armée qui entre dans Jérusalem par le désert d’Egypte et retrouve avec joie sa maison de Notre-Dame de France où il est nommé supérieur de 1917 à 1923. C’est une période féconde de sa vie intellectuelle,

il amasse beaucoup de notes qui lui serviront à écrire de nombreux ouvrages et articles, principalement en archéologie et histoire bibliques, aussi bien de vulgarisation que d’érudition. Mais sa santé a beaucoup souffert des conditions difficiles de la Palestine, à l’époque où elle passe du joug turc à celui des Anglais. Quand il rentre en Europe en 1923, des maux de reins et un diabète persistant lui occasionnent des troubles dont la nocivité ira croissant. De 1923 à 1926, il est nommé supérieur de la grande communauté étudiante de Louvain. On peut imaginer sans peine que son zèle plein d’entrain trouve dans ce lieu un exutoire naturel, mais aussi que cette tâche d’ampleur n’accentue une fatigue déjà redoutée. Il ne reste que trois ans à Louvain et regagne bien vite Jérusalem où il est nommé supérieur de Notre-Dame de France (1926-1936). Cette période est la plus féconde de sa vie intellectuelle: il étudie la topographie palestinienne et publie nombre d’ouvrages de grande valeur documentaire sur la Ville Sainte et ses richesses archéologiques, apportant à ses travaux les qualités de son style, clair, concis.

Un changement perturbant, une épreuve sans fin.

En 1932, une obédience le fait venir à Paris en qualité de premier assistant du Provincial, le P. Clodoald Sérieix. Il le seconde dans la charge d’animation et de gouvernement d’une Province encore jeune puisque née en 1923. Tout n’y est pas encore en place, notamment des locaux adéquats pour l’administration provinciale. Le P. Aymard Feugère, premier Provincial, a transité de la rue Bonnard (Montpellier) à la Paroisse Saint-Christophe de Javel, Paris XVème. La nouvelle administration n’a trouvé jusque là qu’un pied-à-terre décentré à Garches, chemin des Cliquets, dans une solitude éprouvante. il se peut que le poids de cette responsabilité ait déterminé dans la conscience du P. Léopold une crise de scrupules. Ce qui est certain, c’est que le mai qui le mine se porte au cerveau et qu’il sombre dans une dépression aiguë. Il est alors placé en 1933 dans une maison de santé spécialisée, à Lombet près de Lille, hospice tenu par des Frères de Saint-Jean de Dieu. Il y meurt, après une longue épreuve de 14 ans, le 21 septembre 1947. Les obsèques sont célébrées en l’ église de Marquette-lès-Litte (Nord). Il est inhumé dans le cimetière communal de Marquette.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille, 1947, n° 34, p. 158. L’Assomption et ses œuvres, 1948, n° 470, p. 12-13. Correspondance importante dans les ACR (1901-1933), rapports sur Notre-Dame de France à Jérusalem (1926-1932) Le P. Léopold Dressaire a écrit plusieurs ouvrages ou plaquettes, notamment: Jérusalem à travers les siècles, Bonne Presse, 1931; Le palais de Cciïphe Bonne Presse, 1905, Vie de Saint Jér8me, 1931. On trouve de ses articles dans la revue Jérusalem, l’Eucharistie (de la Bonne Presse), Les Echos d’Orient, Les Echos de Notre- Dame, La Revue Archéologique, Dictionnaire de la Bible supplément. Le P. Léopold a collaboré à la lère édition du Guide La Palestine. On trouve dans Ontmoeting (1962) une bibliographie très complète des œuvres du P. Léopold Dressaire Notices Biographiques