Religieux français, novice, profès in articulo mortes. Un pèlerin de Jérusalem. Les seules informations que nous possédions sur Louis Villerelle (1), religieux de 70 ans encore novice, sont celles que donne le P. Joseph Germer- Durand, supérieur de Notre-Dame de France à Jérusalem où est mort le Frère Louis, le 22 janvier 1895 « Un nouveau deuil vient d’afl7iger la maison de Notre-Dame de France. Le Frère Louis Villerelle a été enlevé à ses Frères le 22 de ce mois, après une longue maladie supportée avec une patience admirable. Le Frère Louis était âgé de 64 ans (sic) et n’était cependant que novice. Vous avez sans doute appris le motif de cette vocation tardive. Son fils, l’abbé Villerelle, étant mort à Jérusalem en 1889 lors du pèlerinage de repentance, M. Villerelle se résolut à tout quitter pour venir garder la tombe de ce fils unique, prêtre très saint et très instruit auprès duquel il espérait passer ses vieux jours. Il ne fit pas les choses à demi. Après un an de noviciat, il obtint de revenir en France pour régler ses affaires temporelles et vint reprendre à Jérusalem son humble place de Frère convers. Sans être riche dans le monde, il avait acquis une certaine aisance et avait accompli longtemps les fonctions de maire dans sa commune. Mais ici, il remplissait simplement les offices les plus humbles, soit à la cuisine, soit à l’hôtellerie où il veillait à l’entretien des cellules et de la literie. Dans ses visites fréquentes à la tombe de son fils, il se familiarisait en quelque sorte avec la pensée de la mort et quoique rien ne fit prévoir une fin prochaine, il s’y préparait insensiblement. Sa santé était robuste, il n’avait jamais été malade et semblait devoir vivre encore longtemps. Mais l’hiver dernier, il fut atteint de l’influenza et malgré tous les soins, il ne put se débarrasser d’une toux persistante. Page :325/325 Affaibli par la maladie, miné par des regrets que le temps ne pouvait adoucir, il sentait ses forces s’en Mer graduellement et bientôt il ne put plus retenir aucun aliment. De longues insomnies compliquaient son état. Pendant le dernier pèlerinage, il voulut rester debout pour ne pas donner au Frère qui le servait un surcroît de fatigue et il se traîna une dernière à la fois à la tombe de son fils, le jour où le pèlerinage visita la grotte de Saint-Pierre [Gallicante] et la catacombe des pèlerins défunts. Après le départ des pèlerins, il se coucha pour ne plus se relever. Il ne se faisait pas illusion sur son état. Le jour de la bénédiction de la chapelle, il disait au médecin qui le soignait. ‘J’en ai encore pour deux mois’. De fait, deux mois après, jour pour jour, il allait rejoindre son fils. Que de saints dont on lit qu’ils ont annoncé à l’avance le jour de leur mort! Cinq jours avant, il avait prononcé ses vœux in extremis, en présence de toute la communauté et reçu avec toute sa connaissances les derniers sacrements. Il communia encore le dimanche, fête du Saint Nom de jésus. Enfin, le mardi, vers une heure de l’après-midi, il s’éteignit dans une syncope, sans agonie. Il repose maintenant auprès de son fils si regretté [dans le caveau des pèlerins à Saint-Pierre en Gallicante] dont il n’est séparé que par la place occupée par le Frère Emile. Nous irons demain célébrer la service du septième jour auprès de ces tombes qui se multiplient et où tous les âges se côtoient en nous disant. ‘Hodie mihi, cras tibi. Voilà le second coup que la mort frappe au milieu de nous. Nous comptons que vos prières et celles de votre communauté s’uniront aux nôtres en faveur de ce cher défunt. Veuillez agréer l’expression de mon affection et de mon dévouement fraternel en Notre-Seigneur ». D’après la correspondance du P. Joseph Germer-Durand, Notre-Dame de France à Jérusalem, 29 janvier 1895. (1) Les ACR ne disposent sur ce religieux d’aucun dossier personnel. Le registre des professions ne contient pas celle du Frère Louis Villerelle émise dans des circonstances exceptionnelles. Nous perdons ainsi toute chance de renseignements biographiques plus précis sur lui (jour et mois de naissance, commune … ). Page :326/326
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Souvenirs, 1895, n° 199, P. 15; n° 203, p. 45. Lettre du P. Joseph Germer-Durand au P. François Picard, Jérusalem, 22 janvier 1895. Circulaire du P. Joseph Germer-Durand, Jérusalem, 29 janvier 1895. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy.