Marie-Albert (Marcel) DEVYNCK
1894-1985
Religieux de la Province de France.
Un environnement assomptionniste.
Marcel Devynck naît le 3 juillet 1894 à Houplines, près d’Armentières (Nord). Il garde dans son tempérament nordique et son caractère têtu les marques du terroir. Il aimera par la suite rappeler ses liens d’origine avec l’Assomption locale. Sa grand- mère vit dans une ferme voisine de Clairmarais. Le P. Enjalbert est de sa parenté; Sœur Marie-Albertine Laurent, Oblate morte dans la catastrophe du ‘Chaouia’ en 1919, est sa tante; le P. Jean de la Croix Laurent, un temps sous-prieur à Louvain, est son oncle. Une note du P. Edouard Bachelier mentionne qu’il serait également parent des Monsterlet. Marcel est donc une de ces vocations précoces, alumniste en 1905 au Bizet, situé sur la frontière franco-belge, puis à Taintegnies (1908-1910). Il prend l’habit le 14 août 1910 à Gempe (Belgique) sous le nom de Frère Marie-Albert. Il y prononce ses premiers vœux le 15 août 1911. Le P. Antoine de Padoue Vidal, maître des novices, l’estime « novice fervent, sérieux dans le service et très laborieux ». C’est à Limpertsberg, au Luxembourg, qu’il prononce ses vœux perpétuels le 15 août 1912. Il entreprend tout le cursus de ses études ecclésiastiques à Louvain (1912-1919) où il est ordonné prêtre le 12 mai 1918. Ajourné à la mobilisation de 1914, il n’accomplit qu’un temps réduit de service actif (avril-août 1919), à Saintes en Charente-Maritime. Comme la plupart des jeunes prêtres de l’Assomption, on lui confie une charge d’enseignement pour commencer son ministère: Boxtel en Hollande, de 1919 à 1920, Scherwiller en Alsace, de 1920 à 1925, dont il est membre-fondateur, enfin Le Bizet de 1925 à 1934. Son sérieux professionnel, sa grande conscience pour la tâche à accomplir, son témoignage spirituel lui attirent la sympathie des jeunes.
On le respecte tellement que, lorsque l’ironie ingrate des élèves affuble leur professeur d’un surnom typique, on ne trouve pour lui qu’un titre prophétique, ‘Petit bon Dieu’. Il apparaît aux yeux de ses confrères comme la Règle vivante de l’Assomption. Après 1924, il fait choix de la Province de Paris.
Des charges de confiance, maître des novices et professeur de scolasticat.
En 1935, le P. Marie-Albert est nommé maître des novices aux Essarts (Seine-Maritime), charge qu’il porte également à Vérargues (Hérault), de 1940 à 1943 et qu’il reprend aux Essarts de 1944 à 1946. Ses anciens novices gardent de lui l’image d’un maître attentif et paternel, mais dont la pédagogie religieuse relève d’une maîtrise insoupçonnée et du souci d’éprouver le candidat afin d’identifier la Règle avec le religieux en formation tel que le maître l’incarne pour ses novices. Il ne bronche pas quand un novice maladroit renverse un plat de légumes dans son capuchon. On va écouter à sa porte le rythme et la musique de ses séances de discipline! on a pu le définir comme « le parfait religieux dans la rigueur ascétique d’une époque qui dispense de demander quelque permission que ce soit, parce que la Règle et le Coutumier doivent tout prévoir ». Il est parfois difficile pour cette jeunesse de saisir la valeur d’une telle rigueur, tempérée par beaucoup de bonté, mais trahie parfois par une grimace de douleur. On aurait de la peine aujourd’hui à comprendre l’inquiétude intempestive et excessive d’un religieux devant la promenade prolongée d’un novice en compagnie de sa sœur! Le P. Marie-Albert conjugue à ses fonctions de formateur spirituel celles de formateur intellectuel au scolasticat de Lormoy (Essonne): professeur de morale et de droit canon (1934-1935), de morale et sous-prieur (1943- 1944), d’apologétique et d’histoire de la philosophie (1946-1949), de patrologie (1949-1954), d’histoire de l’Eglise (1949-1950) et d’introduction biblique (1950-1954). Le P. Cayré l’embauche aux Etudes Augustiniennes, à Paris, rue François 1er (1954-1960). De 1960 à 1969, il réside à la communauté parisienne provinciale de l’avenue Denfert-Rochereau, et passe encore 10 ans de ministère à la chapelle Notre-Dame de Salut (François fer), de 1969 à 1979. Il diffuse des brochures religieuses dans le Cadre du Tiers-Ordre Augustinien, brochures que son amour de la tradition fait échapper au discernement conciliaire de Vatican Il. Un accident de la circulation met fin à ses activités. Il doit, le cœur gros, gagner la maison de repos à Lorgues (Var), de 1979 à 1985. Il fait une chute, après fracture du col du fémur. Il meurt le 7 janvier 1985, nonagénaire. Ses obsèques sont célébrées le mercredi 9. Il est inhumé à Lorgues. Homme rigoureux, mais sympathique et fraternel, une personnalité toute d’humilité: la Règle vivante.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (III) 1984-1986, p. 44-46. Assomption-France, Nécrologie n° 4, année 1985, p. 57-59. Correspondances dans les ACR (1911-1972). Pour les contributions du P. Marie-Albert à la Revue des Etucles Augustiniennes, se reporter aux Tables de la Revue, éditées en 1986 par Henri Rochais (tome I : 1955-1985) Notices Biographiques