Marie-Antoine (Edmond) DUPRAS – 1896-1942

Saint-Denis 1941.

« P. Didier Nègre, supérieur, P. Adolphe Bousquet,
P. Georges de Boyer.
L’œuvre des vocations tardives est, me semble-t-il, d’un grand rendement
sacerdotal et religieux. Malheureusement le nombre des recrues est bien
faible. Cette année, il y a 5 personnes en rhétorique et 5
en 3ème section. Cela tient aux circonstances du temps. C’était par les
annonces de La Croix et du Pèlerin que se faisaient notre propagande et par
suite notre recrutement. Ces journaux ne paraissant plus en zone occupée,
nous sommes privés de ce précieux
moyen de recrutement. D’autre part, les vocations en zone
libre ne peuvent aboutir ici à cause de la ligne de démarcation. En plus, à
cause de notre quartier usinier qui peut attirer des bombardements, les
jeunes hésitent. Voici les revues que nous recevons: Paris-Soir, surtout
pour voir ce qui concerne le ravitaillement, la
Semaine religieuse de Paris et les publications de la Bonne Presse
lorsqu’elles paraissent
».
P. Didier Nègre, rapport annuel 1941.

Marie-Antoine (Edmond) DUPRAS

1896-1942

Religieux canadien de la Province de Paris.

Du Canada à la France, sur plusieurs fronts.

Edmond Dupras naît le 27 septembre 1896 à Cornwall, dans l’Ontario au Canada, diocèse d’Alexandrie. Après des études rapides, Edmond travaille dans différents emplois: il est ouvrier dans une fabrique de coton, puis dans une usine de literie et enfin dans une compagnie de téléphonie. De caractère très heureux, doux et serviable, docile, mais d’esprit peu pratique malgré une évidente bonne volonté, Edmond s’engage volontaire en mai 1917 pour le service militaire actif, sur le front français, pendant la première guerre mondiale. Le 27 mars 1919, il est démobilisé à Ottawa. Il fait alors un essai de vie cistercienne, à la Trappe de Notre-Dame du Lac et passe trois ans avec des vœux temporaires. C’est alors qu’il demande à l’Assomption de le recevoir comme novice de chœur. Le P. Léonide Guyo l’accueille le 5 janvier 1930 aux Essarts (Seine- Maritime) pour sa prise d’habit sous le nom de Frère Marie-Antoine. Au terme de son noviciat de frère de chœur, de lui-même, le Frère Marie-Antoine demande à recommencer un nouveau noviciat comme Frère convers, à compter du 30 décembre 1930. Il est admis à prononcer ses premiers vœux temporaires à l’Assomption, le 29 décembre 1931, aux Essarts. Jusqu’en 1934, le Frère Marie-Antoine rend service sur place dans les travaux de la ferme et de la propriété.

A Saint-Denis.

Le Frère Marie-Antoine passe ensuite entre les mains du P. Didier Nègre (1877-1953), supérieur de la maison des vocations tardives à Saint-Denis (Seine- Saint-Denis), au nord de Paris. Cette communauté anime également plusieurs œuvres d’inspiration sociale, dans un quartier considéré comme difficile et peu perméable à l’influence religieuse.

Le Père Didier qui en est la grande figure, propose très volontiers le Frère Marie-Antoine à la profession perpétuelle, pour le 2 janvier 1935: « C’est un excellent religieux, simple, humble, dévoué pieux, de bon esprit. Tout ce que l’on peut lui reprocher, c’est une certaine lenteur qui tient à son tempérament, mais qu’il rachète en grande partie par la constance ». Le Frère Marie-Antoine vit à Saint-Denis de 1934 à 1940, mêlé à l’œuvre des vocations et à celle de l’enfance abandonnée pour laquelle quête le P. Didier.

Les perturbations de la guerre.

Au moment de la débâche en mai-juin 1940, le P. Didier Nègre cherche à protéger le personnel de la maison, religieux et élèves, ainsi que les fillettes de l’œuvre de l’enfance abandonnée dont il a la charge, dans un lieu moins exposé que la banlieue parisienne, à Béthisy (Oise), dans la campagne du Valois, près de Senlis. Les combats font rage autour de Paris. Saint-Denis est bombardé. Quatre parachutistes sont descendus dans le parc attenant à la maison. L’un d’entre eux est tué, les trois autres capturés. Finalement on réussit à faire passer les religieux et les élèves à Chanac (Lozère), avec les Sœurs Oblates, mais la maison reste un temps abandonnée, livrée aux pillards. Le P. Adolphe Bousquet peut y remettre les pieds au mois d’août 1940 afin d’assurer le service religieux à la chapelle Saint-Gabriel et le P. Didier Nègre le 27 octobre pour y reprendre ses fonctions. Le Frère Marie-Antoine, citoyen canadien, reste à Chanac (Lozère). Il y meurt le 15 mai 1942. Le P. Gervais Quenard l’annonce à la Congrégation, de façon laconique: « Dans le courant de mai, nous avons perdu un excellent Frère convers, le Frère Marie-Antoine Dupras ». La même année, la maison de Chanac éprouve encore la perte du P. François de Sales Prudhommeaux.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Dossier personnel. Lettre à la Dispersion, 15 novembre 1940, n° 832, p. 165. Nouvelles de la Famille occupée, 8 juin 1942, p. 1. Notices Biographiques