Religieux français.
Parcours et portrait d’un ‘Petit’ Breton en Belgique.
Jean-Marie Colin est né le 22 mars 1899 à Pont- Croix (Finistère), de parents peu fortunés. Le père cantonnier confie Jean-Marie à son parrain perruquier à Bezec où le vicaire, l’abbé Pouliquen, devine dans le jeune homme une vocation solide. Jean-Marie entre à l’alumnat de Zepperen en septembre 1911 et y reste jusqu’à la fin de ses humanités en septembre 1917. Elève appliqué mais pénalisé par une mémoire défaillante, peu expansif, il est prêt à rejoindre les rangs du noviciat de Louvain où il prend l’habit le 15 septembre 1917 sous le nom de Frère Marie-Arnold (1) et prononce ses premiers vœux le 16 septembre 1918. D’une santé précaire, d’une faiblesse physique aggravée par les conditions de pénurie qu’entretient la guerre, il est pourtant mobilisé après l’armistice de 1918. Il ne reste que quelques jours sous les drapeaux, les majors le mettent tout de suite en réforme pour bronchite suspecte. A peine démobilisé, le Frère Marie-Arnold rejoint le noviciat et renouvelle à Louvain sa profession le 15 septembre 1919. Quelques jours plus part, il part pour Taintegnies commencer ses études de philosophie. A défaut de moyens extraordinaires, il apporte à ses études beaucoup d’application, s’intéressant aux questions philosophiques et même aux problèmes ardus de la logique. S’il n’y ‘mord’ pas toujours, il adopte le parti d’en faire le thème préféré de ses conversations. Religieux droit et ouvert, d’un esprit déjà mûr et solide, il sort de la retraite annuelle en prenant comme décision de lutter contre sa tendance à la rêverie. Sans oublier sa Bretagne natale, il vit d’esprit et de cœur en Belgique, gai compagnon, cordial avec tous, agrémentant ses relations d’une pointe d’humeur primesautière, toujours prêt à rendre service, régulier dans sa vie de prière.
Mais la santé du Frère Marie-Arnold ne laisse pas de préoccuper ses supérieurs quand le surprend une mauvaise grippe en février 1920, avec fièvre persistante et indice de tuberculose. Dans la soirée du 30 mars 1920, le verdict est clair: le danger ne le lâche plus. A son infirmier, le Frère Maurin qui s’inquiète: « Vous parlez de mourir et vous n’avez même pas fait votre testament », il répond avec finesse et pressentiment: « Ce n’est pas nécessaire, le bon Dieu a mon âme; vous aurez mon corps et je n’ai plus rien à donner ».
Chronique d’une mort annoncée.
Frère Marie-Arnold n’a que vingt-et-un ans. Un peu avant le Carême de l’année 1920, il doit laisser complètement le régime des études. Sans grand changement, son état de santé se maintient jusqu’à la fête des Rameaux. Le jour du Mardi-Saint commencent des crachements de sang inquiétants qui ne s’arrêteront plus. Depuis, le mal suit son cours; la fatigue du malade augmentant, il faut interdire les visites et limiter l’accès à sa chambre pour les seuls soins indispensables et presque inopérants. Il eût fallu un miracle pour conjurer l’issue d’un mal dominant. Ce miracle, le Frère Marie-Arnold le demande à la Vierge de Lourdes, à Saint- Joseph et même à Jeanne d’Arc, béatifiée en 1909, dont la cause en vue de la canonisation vient de déboucher en 1920. C’est d’ailleurs au cours d’une neuvaine fervente à cette sainte préférée et presque au lendemain d’un pèlerinage de toute la communauté à Notre-Dame de Bon- Secours que le Frère Marie-Arnold rend l’esprit le 29 mai 1920. Le Frère Marie-Arnold est inhumé à Taintegnies, aux côtés du P. Ismael Thomarat mort en 1901.
(1) Il n’est pas toujours aisé de saisir les motivations du choix d’un prénom au moment de la profession religieuse, l’obligation restant de porter sa préférence sur un prénom encore inusité pour éviter les confusions et homonymies. Pour Arnold, prénom porté par de nombreux ecclésiastiques allemands ou suisses, il faut attendre l’année 1975, année de la béatification de Arnold Janssen, pour voir ce prénom honoré par l’Église sur les autels, puisqu’il ne figurait pas encore dans les Martyrologes.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: L’Assomption 1920, n° 228, p. 205-206. Lettre à la Dispersion (L’Assomption aux armées), 1919, n° 560, p. 98-98; n° 564, p. 168- 169;n° 567, p. 240. Nouvelles de la Famille, 1920, n° 362, p. 210; n° 363, p. 219; n° 370, p. 275- 279. Notice biographique par la P. Marie-Alexis Gaudefroy.