Marie-Charles (Joseph-Charles) BORNEL – 1857-1922

Projets d’aménagement pour
San Remo.
« Aujourd’hui, 5 sept. 1905, nous avons fait une nouvelle inspection des
lieux. Il me semble que l’on pourra tirer bon parti de ce logement, en
sachant l’aménager de façon convenable. Les murailles sont très bonnes, il
suffira d’une couche de chaux pour les nettoyer et leur enlever leur
mauvaise odeur. Les portes et fenêtres laissent à désirer. C’est le
pavimento qui est en mauvais état, il est à faire partout.

La restauration une fois faite dans de bonnes conditions, 4 religieux
pourraient se loger là sans trop de peine. Nous n’aurions plus évidemment
une vraie Casa di salute, mais on épargnerait annuellement
1.800 francs de loyer. Le chanoine prête son nom, dirige les travaux, mais
ne les paie pas: il met le local à notre disposition, à nous de nous en
servir. De même pour la chapelle, mais d’après ce qu’il nous a dit, si nous
acceptons de couvrir ses dettes, les revenus de la chapelle, produits des
quêtes, troncs et chaises, suffisent très amplement pour garantir
l’amortissement de cette dette.
Le chanoine nous donne toutes les garanties désirables, tant
au point de vue de l’évêché que du municipio ».

P. M.-C Bornel.

Religieux français.

Prêtre diocésain, incardiné à Paris.

Joseph-Charles naît à Visan le 4 juin 1857, au canton de Valréas, cette partie du Vaucluse encastrée dans la Drôme. Il fait ses études au collège catholique de Sainte-Garde près de Carpentras (1869-1875) dont il sort bachelier. Il demande ensuite à entrer au grand séminaire d’Avignon où il étudie la philosophie (1875- 1876) et la théologie (1876-1880). Il souhaite parfaire ses études de théologie à Rome (1880- 1882), logeant comme pensionnaire au séminaire français, prenant des cours à la Grégorienne où il obtient un double doctorat, en théologie et en droit canonique. Il est ordonné prêtre le 11 juin 1881 par le cardinal Monaco- La-Valetta. Il obtient, à son retour de Rome, d’être incardiné à Paris où il se livre pendant 13 ans (1882-1897) à un ministère très actif: Choisy-le-Roi, Saint- Jacques du Haut-Pas, Montrouge, aumônier à l’Abbaye-aux-Bois. C’est le 27 avril 1897 qu’il prend la décision d’entrer au noviciat assomptionniste de Livry où il reçoit l’habit, prononce ses premiers vœux (25 avril 1898) et ses vœux perpétuels (ler juin 1899). Déjà pendant son noviciat, il est sujet à des crises de goutte, maladie dont il va souffrir toute sa vie. De 1899 à 1900, il est affecté à la communauté de la rue François 1er où il exerce, à la chapelle Notre-Dame de Salut, le ministère de la confession et de la prédication.

Religieux isolé malgré lui.

Le 11 novembre 1899, ce sont à la rue François 1er les scènes bien connues des perquisitions qui préparent en 1900 le procès des Douze, l’ordre de dissolution et l’expulsion. De 1901 à 1903, le P. Marie-Charles reste à Paris, trouvant un refuge charitable à Thiais (Val-de-Marne) chez Mme Astaix et continuant à s’adonner au ministère.

En 1903, de mars à novembre, il vit à la maison de San Remo, Villa Certosa, sur la riviera italienne, où il est nommé supérieur pour organiser ce service du soin des malades dans la Congrégation, tout en gardant sa résidence et son activité sur Thiais. Grâce à l’aide d’une puissante famille italienne, le P. Marie-Charles en peu de temps assure l’avenir de cette fondation. En novembre 1910, il est chargé par le P. Edmond Bouvy d’une autre fondation, celle de Montpellier, mais cette fois sa maladie lui ôte toute efficacité: il garde la chambre et se contente, une fois à peu près rétabli, de revenir sur Thiais à ses activités habituelles. Confesseur assidu à Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, il donne la préférence comme prédicateur aux quartiers plus populaires de la capitale. Le 9 octobre 1915, il est frappé en pleine rue d’une attaque alors qu’il s’apprête à gagner la gare d’Orsay pour rentrer à Thiais, il est transféré inerte rue Camou où il reste 24 heures entre la vie et la mort. Rétabli au bout d’un mois, il reprend son service habituel, ne gardant de cet épisode qu’une faiblesse à la jambe droite, ce qui l’oblige à marcher avec le soutien d’un bâton.

Les derniers jours.

Au mois d’août 1922, il se rend en Corse pour prêcher une neuvaine et au retour s’arrête à la maison de San Remo pour laquelle il collecte toujours des fonds. C’est là qu’il est frappé à nouveau d’une attaque cérébrale et qu’il meurt le 3 novembre 1922, la veille de sa fête, ayant choisi le saint évêque patron de Milan, Charles-Borromée comme patronyme. Il est inhumé au cimetière de San Remo et cette maison pour laquelle il avait tant travaillé, allait être fermée l’année suivante en 1923, le 31 mai, après 20 ans de loyaux services. Provisoirement c’est Locarno en Suisse qui remplit cet usage d’une maison de résidence pour religieux âgés, infirmes ou de faible santé avant que ne soit découverte dans le Var un ancien couvent de religieuses disponible, Lorgues.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1922, n° 34, p. 249-252; n° 35, p. 257-259. L’Assomption 1923, n° 258, p. 6-8. Natice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. On trouve dans les Archives romaines de la correspondance du P. Bornel, écrite entre 1899 et 1922. [D’après sa fiche personnelle de religieux, remplie après 1903, le P. Bornel précise qu’il est l’auteur d’un ‘Album des familles. Journal canadien 1880- 1884’ . Nous ignorons de quoi il s’agit, il n’y a pas d’exemplaire de ce type d’ouvrage dans les archives ou la bibliothèque de Rome].