Marie-Etienne DAVID
1891-1971
Religieux de la Province de Paris.
Un mutilé de la grande guerre.
Etienne David naît le 10 avril 1891 à Crainvilliers (Vosges). De sa famille et de sa situation, de son enfance et des études qu’il fait, du métier qu’il exerce avant la vie militaire, aucun de ses futurs confrères n’en saura jamais rien. Etienne achève ses trois années de service militaire actif quand éclate la guerre en 1914. Le 2 août il part pour la frontière comme adjudant et prend part aux combats du Grand Couronné à Nancy, d’Ypres en octobre-novembre, du Mont Saint-Eloi, près d’Arras où il est grièvement blessé le 10 novembre. Toute sa vie il va souffrir des séquelles de cette blessure à la cuisse gauche, avec fracture du fémur, raccourcissement de la jambe de 8 cm., gêne pour la marche et scoliose dorso-lombaire. Il est définitivement pensionné à 80 %. Evacué sur Paris, Etienne est soigné à l’ambulance de Grenelle, organisée par les Petites-Sœurs de l’Assomption. Il y trouve santé et vocation.
Les années de probation (1915-1923).
A la fin de l’été 1915, les PP. Deprez et Riotte fondent Saint-Maur (Maine-et-Loire) le rneublant avec les ‘reliques’ du Bizet, maison située en pleine ligne de feu, bombardée et ruinée. Le Frère David, postulant, y arrive pour fêter Noël. Il y prend l’habit le 19 mars 1916 sous le nom de Frère Marie-Etienne, en souvenir reconnaissant d’un P.S.A. qui l’a soigné à Grenelle et y prononce ses premiers vœux le 19 mai 1919. Son activité est celle du jardin potager et des vignes, en compagnie de ‘Cocotte’, le cheval de trait de la maison. Travailleur et fervent, il est nommé le ‘saint Frère’. Après sept années passées à Saint-Maur (1915- 1922), le Frère Marie-Etienne est envoyé au noviciat de Saint-Gérard pour s’y préparer à la profession perpétuelle (le 19 mars 1923).
Toujours prêt à rendre service, il aide à la cuisine, travaille à la cordonnerie, assure les courses. Affable et gai, compagnon exemplaire des frères convers, il y est le bras droit du P. Vitel, économe du noviciat.
Factotum à Paris, quai de javel (1924-1962).
Après un court intermède à Zepperen (1923-1924), le Frère Marie-Etienne, convoqué par son nouveau Provincial, le P. Faugère, arrive à javel. Avec les PP. Mathis et Pflug, il est de l’équipe pionnière, tous fondateurs de la paroisse Saint-Christophe. javel est la maison de sa vie, sauf un court séjour à Davézieux lors de la fondation de l’alumnat par le P. Benlamin Laurès qui s’assure son concours dévoué et débrouillard. A javel le Frère Marie-Etienne est chargé de l’intendance quotidienne: les courses aux Halles, les démarches auprès des fournisseurs et, au moment de la seconde guerre mondiale, les randonnées à travers la campagne pour améliorer l’ordinaire, malgré sa démarche claudicante. A la cuisine, il seconde la dévouée employée, ‘Reine Amélie’. Toujours modeste quand il doit la remplacer, il précise: « je ne fais pas la cuisine, je fais à manger ». Il assure le secrétariat du ‘Passeur’ que rédige le P. Ranson, bulletin paroissial qui est lancé pour financer la construction de l’église: correspondance, fichier, expédition des 3.000 numéros. Au magasin de vente, il fournit à l’approvisionnement des médailles, des images et des plaques d’autos. Sa mémoire prodigieuse enregistre tout, jusqu’au menu détail et l’on a souvent recours à lui pour préciser dates, faits et noms. D’un caractère joyeux et même rieur, amateur de bonnes histoires, il enrichit son répertoire grâce à l’Almanach Vermot que ses confrères lui offrent chaque année. D’une intelligence pratique, frappée au coin du bon sens et du réalisme, il diffuse cette bonhomie qui est le reflet de son âme candide et simple et qui fait dire de lui: « Il n’est personne qui ne l’aime et ne l’admire ». Religieux fidèle et régulier, sans bigoterie ou scrupule, il puise dans le cœur du Maître cette force et cet entrain qui monnaient le don de lui-même. Dernières années à Lorgues. En 1957, le Frère Marie-Etienne est opéré de sa jambe valide. La communauté le retient encore deux ans, ne souhaitant pas le laisser partir suivant son désir à Lorgues. En juin 1962, le Frère gagne Lorgues où il cherche encore à se rendre utile: épluchage des légumes, réparation des montres et des réveils. Il apprend même à tricoter pour recycler de vieilles laines, s’employant ainsi à faire du neuf avec de l’ancien. Le mercredi 28 avril 1971, on le trouve gisant à terre, atteint d’une hémiplégie qui lui enlève la parole. Il meurt quelques heures après. Les obsèques sont célébrées le vendredi 30 avril par le P. Gérard Gautier. Le Frère Marie-Etienne est inhumé dans le caveau de la propriété.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1972, p. 181. Notes biographiques du P. Vandepitte pour Paris-Assomption, 3 pages. Sept correspondances du Fr. Marie-Etienne David sont conservées (1919-1962). Notices Biographiques